a écrit :Congrès académique SNES PARIS 23 et 24 mars 2005
Motion “ Traité constitutionnel ”
Ecole Emancipée - Emancipation
En tant que syndicalistes, nous sommes partisans d’une Europe de paix, de démocratie, sans aucune frontière entre les populations et entre les salariés. Les frontières sont un héritage du passé, qui ne servent qu’à diviser les peuples et les luttes, elles sont un obstacle à l’organisation des travailleurs.
C’est pourquoi, sans ambiguïté, nous nous prononçons pour l’intégration à l’Europe, malgré ce que les libéraux en font aujourd’hui, de tous les peuples qui le souhaitent. A commencer par les peuples turcs et kurdes. C’est le soutien le plus fort que nous pouvons apporter à tous nos camarades turcs et kurdes qui luttent, dans leur pays, et ici même en France, pour leurs droits syndicaux et politiques et pour la démocratie.
Mais nous ne nous reconnaissons nullement dans ce projet de Constitution libérale que l’on voudrait nous faire accepter. La mise en oeuvre de ce Traité constitutionnel aura des conséquences concrètes dans la vie quotidienne de toutes et de tous, le syndicalisme se doit d’avoir une position.
Ce traité de plusieurs centaines de pages, dont la plupart des articles sont incompréhensibles pour les non initiés reprend l’ensemble des traités précédents (Maastricht, Amsterdam, Nice…) et se pare du titre de Constitution alors qu’aucune assemblée n’a été élue ni désignée pour cette tache.
Derrière les bons sentiments affichés, le Traité Constitutionnel Européen fixe un modèle unique de système économique : le capitalisme libéral, autour des principes du marché, de la libre concurrence et la compétitivité, comme l’affirme l’Article. I.3.2. “ L’Union offre à ces citoyens… un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée ”
La notion de Service Public devient un “ Service d’Intérêt Economique Général ”, ne devant en rien contrarier les intérêts privés des actionnaires.
Ce traité voudrait donc ériger en principe toutes les politiques qui conduisent à plus de précarité et de flexibilité, mettant en cause ouvertement les droits sociaux conquis par le monde du travail.
Plus précisément dans le domaine de l’éducation :
- La charte des droits proclame de manière générale le droit à l’Education (II-74). Mais dès qu’il s’agit de préciser, elle ne reconnaît la “ faculté de suivre gratuitement l’enseignement ” que pour la “ scolarité obligatoire ”. Une affirmation tout à fait en cohérence avec le mouvement de marchandisation de l’éducation qui cherche à cantonner ce qui restera du service public gratuit à l’acquisition d’un minimum ou… d’un socle commun.
- La charte affirme également la “ liberté de créer des établissements d’enseignement ” et le “ droit des parents d’assurer l’éducation de leurs enfants selon leurs convictions religieuses, philosophiques et pédagogiques ”. C’est tourner le dos à notre combat en faveur d’un service public unifié, laïc et gratuit. Il n’est d’ailleurs fait mention nulle part dans ce traité à la laïcité !
- Les articles III-282 et III-283 expliquent comment l’Union peut accompagner l’action des Etats en matière d’éducation. En particulier les relations entre l’éducation et le travail ne sont conçues que de manière locale avec l’objectif de “ stimuler la coopération en matière de formation entre établissements et entreprises ”. Cela afin de mieux accompagner les évolutions du capitalisme vers plus de flexibilité et de précarité.
Ce traité va à l’encontre de nos préoccupations, de nos valeurs et particulièrement des luttes que nous menons dans cette période contre la dégradation des droits sociaux et des services publics, notamment celui de l’éducation.
Seules nos luttes, les plus larges possibles, y compris au niveau européen, pourraient réellement changer le rapport de force face à l’offensive du patronat et des gouvernement, au niveau de chaque Etat comme au niveau de toute l’Union européenne.
Mais puisqu’on nous demande notre avis au travers d’un référendum, nous considérons comme de notre responsabilité syndicale d’informer et d’alerter les personnels sur les enjeux du texte constitutionnel européen.
Nous appelons sans hésitation à rejeter ce Traité.
Le passage a été mis en gras par moi.