a écrit : (rojo @ mercredi 23 février 2005 à 14:22)
a écrit : (justedepassage @ mercredi 23 février 2005 à 14:07)
La Sécu est bel et bien le RESULTAT ( par nécessité négociée pour accéder au pouvoir ) de luttes et de combats de la classe ouvrière qui se sont antérieurement déroulés, d'abord, pour assurer une forme d'assurance et de caisses, de formes mutualistes, afin de couvrir les risques de défauts de salaires. Il serait vain de le nier.
Je vais le nier, moins par vanité que parce que c'est la vérité et que je préfère toujours la vérité aux bobards.
Pourrais-je avoir la (les) date(s) auxquelles c'est déroulée la(les) lutte(s) de la classe ouvrière française en vue d'obtenir la sécu ? Et tant qu'on y est dans quel cadre de négociation la bourgeoisie c'est vu "imposer" la création de cette même sécu.
Merci de m'éclairer
Je pense avoir répondu à vos premières négations et interrogations. Les dernières questions que vous posez me semblent confirmer, comme vous l'exprimez vous-même, une perception non claire de l'implication des travailleurs dans la génèse puis l'avènement de la sécurité sociale comme aboutissement de luttes de classes.
Je vous propose donc la lecture du document suivant qui m'apparaît retracer avec précision et clarté les faits historiques qui ont conduit à notre protection actuelle. Vous y trouverez réponse, en particulier, à vos dernières questions, bien que celles-ci tendent à s'affranchir des réalités concrètes des luttes qui ont conduit au programme du Conseil National de la Résistance publié le 15 mars 1944 puis à entériner sous De Gaulle par l'ordonnance de 1945 comme un acte nécessaire à l'exercice du pouvoir :
http://membres.lycos.fr/communistes/protsoc.htm a écrit :LA PROTECTION SOCIALE
HISTOIRE ET CONCEPTS
La Sécurité Sociale, créée le 4 octobre 1945, a représenté une conception tout à fait nouvelle de la Protection Sociale. Elle est un produit de l'histoire liée au développement de la société, à l'affrontement de classes.
QUELQUES REPERES HISTORIQUES
· On peut définir la période antérieure à la Révolution française comme celle de la charité.
· Du point de vue de l'évolution sociale, la Révolution Française va marquer une étape importante, le concept nouveau qui va triompher est celui de l'assistance sociale mais, dans le même temps, se développe l'assurance privée.
Entre 1791 et 1794, la loi «le Chapelier » interdit aux travailleurs de s'organiser, de se coaliser, cependant apparaît l'idée que la société doit donner à chacun du travail (déclaration des droits de l'homme du 14 juin 1793)
Progressivement, l'assistance sociale s'étendra et au 18ème siècle, les capitalistes vont proposer « l'assurance privée » caractérisée par l'épargne individuelle et qui aboutit à l'insécurité absolue ; celui qui n'épargne pas, n'est pas garanti.
En 1831, les Canuts de Lyon mettent sur pied des sociétés mutualistes qui constituent les premières réalisations de solidarité de classe et seront à la fois instrument de couverture sociale et organisme de lutte.
Puis apparaissent les caisses de résistances et les chambres syndicales, et successivement, en 1864, la reconnaissance du droit de grève et en 1884, la loi Waldeck ROUSSEAU, légalisant les syndicats.
Le capitalisme de l'époque est caractérisé par l'existence de petites et moyennes entreprises mais, en quelques années, on se dirige vers des grandes entreprises et des productions de masse notamment dans la sidérurgie et l'automobile. La nécessité d'avoir une main d’œuvre fixe et stable va être à l'origine de l'assurance sociale.
C'est le 9 avril 1898 qu'une loi est votée concernant les accidents du travail, elle est le résultat de l'action syndicale, mais les employeurs en assureront seuls la gestion !
La loi du 5 avril 1910 établit pour tous (ouvriers et paysans) l'assurance obligatoire contre la vieillesse, mais en fait elle ne s'est appliquée qu'à 10 % des salariés.
La 1ère guerre mondiale terminée, la classe ouvrière reprend la lutte mais l'opposition du capital est farouche et la loi sur l'assurance sociale mettra 10 ans pour entrer en application, le 1er juillet 1930.
En 1932, la loi rend obligatoire aux travailleurs le paiement des prestations familiales.
En 1939, le code de la famille généralise le système à toute la population.
Au 30 juin 1946, on dénombre 315 caisses de compensation (toutes patronales ! ).
Les prestations familiales ont une autre histoire.
Les premières remontent à 1884 (Ets Klein à Vizille).
LA PROTECTION SOCIALE EST UN ENJEU PERMANENT D’AFFRONTEMENT DE CLASSES
Le patronat s'est employé à retourner ces concessions à son avantage. Il parviendra à faire payer des cotisations aux ouvriers, prélèvement direct sur le salaire, il dirigera les organismes qui distribuent les prestations.
Enfin, la stratégie du patronat consistera à opposer les prestations sociales aux salaires, à chercher à récupérer partiellement celles là au détriment de celui-ci.
Nous sommes donc bien en présence d'un système d'assurance qui ne garantit pas le droit.
En définitif, la sécurité ne saurait être une concession mais constituer un droit général qui réalise le droit à la santé, le droit à la famille, le droit au travail, le droit au repos, couvrant tous les risques, tous les bénéficiaires d'où la conception d'une sécurité sociale unique répondant à des besoins sociaux profonds.
C'est ainsi que le programme du Conseil National de la Résistance publié le 15 mars 1944, en fait état dans les mesures à appliquer dès la libération.
Le 4 octobre 1945, l'ordonnance fondamentale sera promulguée.
L'article 1er de cette ordonnance stipule :
« II est institué une organisation de la sécurité sociale destinée à garantir les travailleurs et leur famille contre les risques de toute nature susceptibles de réduire ou de supprimer leur capacité de gains à couvrir les charges de famille qu'ils supportent ». Ce concept nouveau est un droit social fondamental garanti par la loi à tout être humain qui vit de son travail ou qui se trouve dans l'impossibilité ou l'incapacité temporaire ou permanente de travailler.
La sécurité sociale se fonde sur 5 grands principes :
1. L'universalité : Protéger tous les citoyens
2. L'unité : Tous les risques couverts et gérés par un seul organisme
3. L'uniformité : Prestations uniformes
4. Solidarité : Pierre angulaire du système solidarité inter générations/actifs retraités/malades- bien-portants, le tout financé par les richesses créées dans l'entreprise
5. La démocratie : Une gestion assurée par les intéressés.
Les noms de grands militants CGT sont attachés à la sécurité sociale et notamment Georges Brisson, secrétaire de la CGT et Ambroise Croizat, secrétaire de la fédération des métaux qui deviendra Ministre du Travail et à qui revient la mise en pratique de la sécurité sociale, le 1er juillet 1946 et qui dut convaincre bien des résistances qui visaient à ajourner l'ordonnance du 4 octobre 1945.
Ainsi, en instituant la caisse unique par branche spécialisée, la gestion des risques sociaux se trouve retiré au patronat et aux compagnies d'assurances.
De par ses structures et sa gestion, la sécurité sociale a représenté, au plan international, une innovation. Elle va être l'objet d’attaques incessantes de la part du patronat et du pouvoir.
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