conscient et inconscient

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Cyrano » 03 Fév 2005, 22:18

Bon, alors, Shadoko, que me dites-vous mon brave ?
Mon dieu, je trouve qu'on n'est pas entièrement d'accord, mais que à chaque jour suffit sa peine.
a écrit :Ecrit par : shadoko  le jeudi 3 février 2005 à 00:24
j'aurais plutôt dit "Presque tout a été dit" (il y a une petite nuance...). Ce que j'en retire, personnellement, est qu'il y a probablement (j'ai dit seulement probablement) une voie pour l'étude des phénomènes psychiques sans passer par leurs manifestations physiques dans le cerveau [...]. Mais je n'en retire pas que la psychanalyse a exploré cette voie de manière satisfaisante (ni insatisfaisante, d'ailleurs). Parce qu'en fait, personne ici n'a expliqué la psychanalyse.

Un demi-millier de pages et on ne sait toujours pas…

Ça oui, personne n'a expliqué… 423 pages, et une personne qui lit tout ça (!!!!) ne saura pas ce que c'est que la psychanalyse (ni les psychothérapies).
J'avais envie de m'y coller, vivant dans une province ayant la réputation d'être encore un nid de sorciers, rebouteux, guérisseurs. Mais je lis que Wapi en a manifesté l'idée. Alors, c'est peut être plus logique que ce soit un tenant (farouche ?) de cette discipline qui l'explique.
a écrit :Ecrit par : Wapi  le mardi 1 février 2005 à 17:59
Donc, je veux bien, pour ta bonne fois, essayer de répondre une nouvelle fois à la question "qu'est-ce que la psychanalyse ?"Je me suis redemandé comment m'y prendre pour ne pas vous braquer.
Peut-être que le mieux est de raconter son histoire, depuis le début. Ca va me prendre un temps fou, et ça, ça m'embête un peu, d'autant que, comme toi sûrement, je suis surbooké.

Mélanger histoire (un tout petit peu), et surtout expliquer les concepts de base, ça doit pas prendre des milliers de pages, ni trop de temps ? Bref, même, allez, une page sous Word, en arial 8, c'est tout.
Alors puisque Wapi se propose, oui, qu'on sache enfin (en termes clairs, sans formule bizarres) :
Freud a-t-il donné une définition de la psychanalyse (par exemple pour un article dans une encyclopédie) ?
Qu'est ce c'étaient que les pulsions sexuelles (liées à l'espèce) et les pulsions du moi (liées à l'individu) ?
Comment ça s'explique ce refoulement des pulsions qui reviendraient revendiquer dans les actes manqués, les rêves, les névroses ?
Qu'est ce que Freud mettait dans l'inconscient, le subconscient, l'inconscient ?
Qu'est-ce qu'un traitement psychanalytique avec ses résistances, avec le transfert ?
Qu'est ce qu'une analyse didactique ?
Et Eros, rassemblant les pulsions de vie s'opposant à Thanatos regroupant les pulsions de mort et d'agressivité ?
C'est quoi, ces mots de l'organisation de l'appareil psychique organisé avec la triade : le Ça, le Moi, le Surmoi ?
Et qu'en est-il du complexe d'Œdipe ? Malinowski ne l'aurait pas repéré. Œdipe, et le complexe de castration (dans un centre naturiste, par exemple) ?
Quelles sont les notions abandonnées par les psychanalystes ? Les nouvelles notions intégrées (par exemple à partir de découvertes biologiques ou autres) ?

J'espère que je ne dis pas trop d'insanités en résumant tel que ça me vient, les explications qu'on pourrait trouver. J'ai bien dû en oublier (Y'a un bouquin de Lacan sur les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse; y'a l'inconscient, le transfert, mais quoi d'autres ? je ne sais plus).
Mais wapi, par contre, attends toi à une volée de bois vert... C'est de bonne guerre...

Se toucher

Quand je parle de nouvelles notions, j'ai, par exemple, en tête une chose bien précise :
«De nombreuses enquêtes ont démontré que le rythme et l'harmonie de croissance des bébés sont directement fonction de la quantité de chaleur des rapports sociaux qu'ils engagent, avant tout avec des adultes (la mère!), mais aussi avec des enfants du même âge. Si cette constatation est évidente pour l'apprentissage du langage, le véhicule principal de la croissance mentale, elle est plus surprenante mais non moins exacte du point de vue physiologique général. Le contact physique répété est un des facteurs clés de la croissance normale des bébés; l'absence d'un tel contact peut donner naissance à des maladies multiples.» Ernest Mandel, “Traité d'économie marxiste” (10/18, 1969).
Lev Davidovitch le disait déjà :
«La vie ne consiste-t-elle pas à toucher et à être touché?» (Léon Trotsky, “Lénine”, 1924).

J'me comprends…

Tiens, puisque je cite le Vieux, ça nous changera de ces choses problématiques dans un inconscient louche qui détermineraient en partie nos comportements :
«La loi de la valeur ne détermine pas les prix "immédiatement" et pourtant elle les détermine. Des phénomènes "concrets" comme la banqueroute du New Deal s'expliquent en dernière analyse par la loi "abstraite" de la valeur. Roosevelt ne le sait pas, mais un marxiste ne peut se risquer à l'ignorer. Les formes de la propriété déterminent, non point immédiatement, mais à travers une série de facteurs intermédiaires et à travers leur interaction non seulement la politique mais aussi la morale.» Léon Trotsky, “D'une égratignure au danger de gangrène”, in “Défense du marxisme”, 1940.
J'me comprends… j'me comprends… C'est déjà ça…

Ah, faut que je réponse à Canardos, au fait... un truc genre : j'me te comprends pas.
Cyrano
 
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Message par Wapi » 04 Fév 2005, 11:59

Salut Cyrano,

Ne te gâches surtout pas ton plaisir d'écrire ! Tu le fais mieux que moi, et en plus, je pense qu'une approche littéraire comme tu le fais est bien meilleure, ça "passe" mieux et c'est moins polémique. Un bon roman pour faire comprendre…

Les volées de bois vert... c'est un peu éprouvant, alors je prends le temps de réfléchir un peu à « ce que je fais là ». Surtout que j'ai fini par m’avancer bien plus plus loin que je n’aurais voulu au départ, que j’ai quand même salement dérapé en tentant maladroitement d’expliquer les pulsions et que j’ai pas fini de m’en mordre les doigts.

Alors,

J'ai demandé de l’aide pour les définitions.... mais maintenant, je pense que c’est bien possible que ça ne passera plus vu ces maladresses. Et puis comme Canardos nous a laissé avec cet article et cette idée que la théorie analytique était par nature réactionnaire, homophobe et misogyne, c’est compliqué de rebondir là-dessus.

Et en plus, je suis convaincu que pour bien se faire comprendre, on ne peut pas partir d'une définition, mais seulement des effets du transfert, du "ce qui se passe" dans la relation du milieu thérapeutique avec un malade singulier qui est toujours quelle que soit sa pathologie, l’auteur de sa propre vie. Et que cela, il faut chercher à l’observer de près si on veut savoir de quoi l'on cause, surtout avec les schizophrènes.

Je suis rentré sur ce fil pour soutenir les soignants engagés d’une façon ou d’une autre dans un travail analytique avec leurs patients et auxquels certains intiment de réformer radicalement leurs méthodes, sous prétexte d'efficacité et des supposées avancées de la science dont on ne peut tirer aucune conclusion thérapeutique sensée, même si on ne les refuse pas et qu’on les encourage.

Cette "réforme", de toutes façons, elle a lieu, et les « nouvelles psychothérapies scientifiques », eh bien le capitalisme est exactement en train de les imposer, car c’est sa façon intrinsèque d’appréhender le problème de la « santé mentale » aujourd’hui. En même temps, bien sûr, qu’il détruit toutes ses structures de soin psychiatriques dans ce pays et dans le monde entier. Et voilà Canardos qui est désormais à la pointe du combat ! Tant mieux, il a tant de fougue, on l’entendra !

Je pourrais capituler dès maintenant, parce que, de toutes façons, les contradicteurs ont déjà gagné ! Les intuitions de Freud et le meilleur de ce qui en est sorti, c’est terminé à l’échelle mondiale, ça se débat à peine encore dans un petit coin, plus pour bien longtemps, c’est très certain. Il n’y a que le pire qui en restera : le libéral hors de portée financière pour les démunis avec ses 10 ans de divan pour petits bourgeois narcissiques qui théoriseront leur envie de se changer eux-mêmes plutôt que la société.
Car à moins d’un changement social radical, les schizophrènes et les autres malades mentaux, surtout les plus démunis, ne bénéficieront bientôt plus nulle part des avancées et des expériences thérapeutiques issues de 100 ou 50 ans de tradition de prise en charge globale des malades mentaux. Le fil historique risque fort d’être définitivement rompu, assez vite d'ailleurs, même si ça braille n’importe comment chez ces insupportables analystes parisiens.

Donc comprenez, chers contradicteurs, que ces coups qui partent dans tous les sens, il y en a qui ne les supportent plus. Mettez-vous une seule seconde à leur place : des dizaines milliers de personnes, médecins, psychologues, infirmiers dans ce pays seraient donc des charlatans parce qu’ils s’inspirent des théorie d’une bande d’imposteurs ? Non, vous n'avez pas dit celà...
Comme c'est exactement ce que font les bureaucrates pourris du ministère de la santé et ce qu’ils leur disent... je pestais de voir des copains relayer ces attaques « théoriques », même s'ils se démarquent « évidemment » des attaques contre les budgets alloués aux hôpitaux, et qu’il prétendent vouloir parler de tout autre chose que de cela. Encore une fois, je ne pense absolument pas qu’on puisse le dissocier, et c’est peut-être cela mon erreur de fond pour vous ?

Et maintenant que je sais précisément qui sont Benesteau et Carroze « mensonges freudiens, histoire d’une désinformation » dans lesquels Rojo a pioché ses informations au début du fil, c’est pire !
Voir par exemple :

http://www.douance.org/psycho/psycha-realites.pdf

et un compte-rendu de son meilleur pote président du club de l'horloge :

http://vdrp.chez.tiscali.fr/psychanalyse.html

Je rappelle que ce sont des intellectuels officiels et revendiqués de l’extrême-droite tendance « club de l’horloge », anticommunistes viscéraux, que je n’invente rien et que tout est vérifiable. J’ai déjà donné des précisions. En cherchant sur Internet, on trouve facilement plus à leur sujet, et il y a l’article de Roudinesco déjà cité, et les discussions sur les « bidonnages » historiques…

Pourquoi s'abaisserait-on à repondre à des crevards pareils ? Reliés à tous les réseaux de l'extrême droite et qui défendent aussi la courbe en cloche de l'intelligence ? Trop c'est trop !

Je ne suis pas plus qu’aucun ici un défenseur acharné de la psychanalyse « en-soi ». J'essaie moi aussi de comprendre et moi non plus pas plus que vous je ne supporte les petits-bourgeois qui se piquent de « psychanalyse » et «d’inconscient ». Ses concepts sont parfaitement vides et abstraits en dehors de toute pratique thérapeutique, au sens très large du terme.

J’ai juste un a-priori favorable (n’y a-t-il pas de bons préjugés ?), car j'ai vu et suivi un petit peu, fût un temps, et que je me suis informé, sur les expériences de certains se revendiquant de la psychothérapie institutionnelle, la seule pratique psychiatrique directement issue d’une révolution prolétarienne.

Et si Canardos, qui lit tout et très vite voulait bien nous faire fera un petit cours d’histoire sur ce sujet ici ou sur un autre fil ? Ca commencerait en Espagne en 1936…

PS : Avez-vous vu « la moindre des choses » ?

Je suppose que ça pourrait plaire à beaucoup, « contre » ou « pour »... Il est en vente sur les sites de DVD, un peu cher hélas (30 euros)…

PPS : Je suis de plus en plus convaincu, Cyrano, que tu es bien plus qualifié que moi pour nous écrire une jolie page sur la psychanalyse qui ait du sens dans ce forum.

Amitiés paisibles à tous,
Wapi
Wapi
 
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Message par Wapi » 04 Fév 2005, 19:45

Ok Caupo,

J'ai bien reçu ton message. Alors, avant que le fil historique ne soit rompu, un bout d'article de François Tosquelles, psychiatre espagnol et militant du POUM.
Article écrit en 1964 mais qui ne change pas grand chose au fond du problème, il y avait déjà les mêmes neuroleptiques (ou presque) qu'aujourd'hui.

a écrit :
Je ne me propose pas de faire ni un exposé érudit ni une analyse documentée de l'évolution historique de la psychothérapie. Je vais survoler l'ensemble pour m'attarder seulement sur quelques point qui pointent vers les problèmes soulevés dans notre réunion. Ainsi d'emblée, je vais méconnaître la période manifestement magique de la psychothérapie et du chamanisme - malgré que l’étude de ces comportements thérapeutiques " primitifs " serait très justifiée et féconde dans d'autres perspectives qui, aujourd'hui, ne nous retiendront point.


Je vous propose donc d'évoquer, d'une part, l'hypnotisme avec ses variantes et d'autre part, la suggestion -quelle soit armée ou appuyée d’appareillages plus ou moins spectaculaires pivotant toujours autour de l’autorité morale, la notoriété ou prestige " scientifique " du thérapeute. Vous conviendrez avec moi, que tout se résume dans ces cas à une sorte de mettez-vous cela dans la tête bien intentionné. Même si pour soumettre le patient, à l'emprise de nos propres idées, il faut diminuer sa vigilance par des moyens divers, - "chimiques " , " morales " ou ambiantales ".

Par la psychagogie, les conseils plus ou moins raisonnables, les efforts d'explication visent -- au-delà de l'appareil intellectuel, sollicité avec plus de noblesse - à obtenir la même passivité du patient. D'une façon quelque peu caricaturale on pourrait dire qu'on a passé de l'imposition des mains (qui sont un symbole de la personnalité du thérapeute) ; de l'effet du regard - par lequel "l'âme" du thérapeute pénètre et possède le malade -- à l'imposition des idées du thérapeute. On a passé à l'imposition de nos systèmes de valeurs, à l’imposition de nos conceptions morales et philosophiques, ou bien à l'imposition de nos conceptions plus ou moins opportunistes sur l'adaptation. Faciliter le processus d'identification, au " bon modèle " du thérapeute, n'enlève rien d'essentiel à l'imposition dont je viens de parler. Je veux, en soulignant ce point essentiel, simplement faire remarquer que dans toutes ces psychothérapies, c'est, nous-mêmes qui nous substituons au patient en tant que source de ses propres idées et affects. Ceci est encore vrai lorsque nous essayons de comprendre le malade à l'aide de diverses conceptions scientifiques sur la personnalité ou sur ses éléments ; lorsque nous nous efforçons ensuite de communiquer au malade ce que nous avons compris ainsi.




Je vais ici ouvrir une parenthèse pour établir un parallèle, qui me semble licite et fort a propos, au sujet de l’évolution de l'attitude générale du psychiatre. Je pense aux interrogatoires cliniques qui visent à la récolte habile ou forcée de symptômes cadrant plus ou moins avec telle ou telle construction ou modèle nosographique. Là aussi, devant le malade concret, nous partons de notre idée à nous et bien souvent nous n'écoutons le malade que dans la mesure et dans les limites - dans le meilleur cas, par référence - de ce que " nous " pensons. Il me semble que quand nous nous conduisons de la sorte, nous le justifions fort à propos par des motifs pratiques. Cependant plus inconsciemment, un peu mécaniquement nous formulons nos pensées et nos actions rassurantes d'après la tradition, et d'après la structure cartésienne de nos habitudes intellectuelles. Plus inconsciemment encore, nous réassurons notre personnage, nous réaffirmant " supérieur " au client. Nous sommes celui qui sait, et il nous apparaît de ce fait que nous devons diriger, pour le moins, l'entretien...



Ce type de clinique a soulevé souvent quelques espoirs -- toujours renouvelés et toujours déçus. En réalité on n'a pas abouti ainsi, à grand chose, en dehors de faire des certificats qui donnent bonne conscience aux représentants de la Société ou de la famille, lorsque ceux-ci ont décidé de " ségréger " le malade, ou le " déviant " de la collectivité sociale dont il formait partie. Soit dit en passant, vous savez que le psychiatre s'est souvent aperçu, au creux de la vague d'espoir ou de désespoir, qu’il était ainsi devenu complice de cette politique de ségrégation. Et nous connaissons tous les efforts que nous avons tous fait pour " dépasser " notre rôle de complice. Mais il faut le dire - seulement quelques-uns parmi nous - se sont posé le problème de savoir jusqu'à quel point, nos habitudes et nos conceptions cliniques offrent une base " idéologique " au système contre lequel nous voulions lutter. Ceci est excessif, laerreuve en est que peu à peu et aussi par des poussées - le psychiatre clinicien a appris a avoir une attitude plus passive devant le malade, il a appris à écouter le "flux du vécu " et à respecter l'originalité. A vrai dire cette attitude phénoménologique n’était pas sans rapport - un rapport de dépassement - avec la fascination esthétique que bon nombre de parmi nous ont éprouvé par le vécu baroque, voir mystérieux et " insaisissable " de " nos " malades. D'ailleurs une grande partie de ces " études phénoménologiques " n 'ont, comme la fascination esthétique, la moindre conséquence pratique pour le malade, à un détail près. Mais ce détail est très important . Par lui mon exposé actuel va rejoindre le fil coupé de mon discours sur la psychothérapie.



En effet, le psychiatre (plus ou moins phénoménologue) et le psychothérapeute , du moment qu’il a été moins pressé, dans la mesure qu’il se place dans l’entretien d'une façon plus passive, à l’instant qu’il devenait d’avantage attentif aux dires du malade qu’a sa propre quête ou -- a sa propre volonté s'est. trouvé confronté au cours des entretiens -- où le malade a pu s’exprimer quelque peu librement -- avec des phénomènes qu'on a appelé cathartiques. Lesquels phénomènes, on le sait maintenant, offrent au patient I 'occasion de s'hystérifier. Soit dit en passant, dans certaines limites, cette hystérification peut être parfois souhaitable.



Ceci pour le malade.



Pour le médecin. aussi quelque chose de nouveau vient à jour. A savoir la problématique de l’identification au malade.: "Je me mets à votre place ; j'éprouve les choses, vos sentiments, comme si j'étais vous-même " - ou bien tout naturellemenuoil apparaît la lutte contre nos propres tendances ou nos possibilités d’identification avec le malade. C'est cette lutte qui provoque souvent des comportements phobiques chez certains psychiatres devant la simple possibilité d'engagement d'une psychothérapie. Ils ne veulent pas en entendre parler. Rationalisation aliénation aidant, ils peuvent s'en porter bien..



Quoiqu'il en soit, avec les faits cathartiques, c'est comme si le médecin disait au malade " soulagez-vous, je comprends tout, je pardonne tout ". Malgré les apparences, ici, parmi les deux personnages mis en relation par les actes psychothérapeutiques, il y en a un, le médecin, qui joue le rôle de tout puissant : celui d'être la source de ce type de " mana " qui est ]a compréhension et le pardon. L'assujettissement magique du malade à son thérapeute n'en est pas moins amoindri. Et cependant, avec la catharsis un pas fécond a été fait.

Je vous tais grâce de ce que vous savez : l'aventure Freudienne qui, par de telles constatations, aboutit à la notion de transfert.

La où je voudrais porter l'accent c'est sur ce point, que le survol présent permet de mettre en relief : Peu à peu - en psychothérapie -- et parallèlement en clinique psychiatrique, le médecin, va progressivement vers des attitudes psychothérapeutiques qui comportent un certain abandon de nos habitudes de toute puissance. L'abandon de ce que Meignez appelle notre "moi impérialiste". L'interrogatoire clinique lui-même -- et avec beaucoup d’efficacité - perd son caractère d'exploration pour devenir acte intégrateur et par là essentiellement thérapeutique. On peut dire même, que l'exploration apparaît comme un sous-produit. au fur et à mesure du déroulement de la thérapeutique instaurée.



Nos devrions définir de plus près ce que nous abandonnons : à mon avis c'est l'habitude d'établir avec les malades un rapport où nous sommes sujet et lui il est l’objet ; si vous voulez, objet précieux de nos recherches. Progressivement, avec l'histoire de la psychanalyse et d'une façon caricaturale avec les thérapeutiques non directives, dans le style de Rogers, on tend à permettre ou plutôt on tend à faciliter au malade qu’il joue, lui, le rôle actif de sujet, et que la relation s’établisse ainsi de sujet à sujet. L'entretien, comme le dît Rogers, est " centré " sur le patient (1). L'accent n'est plus mis sur l'objet " malade " mais sur l'évolution de l’interrelation thérapeutique dans laquelle le médecin joue sa présence et son engagement chaque fois avec plus de connaissance et de maîtrise technique, afin de permettre à son partenaire de se constituer, lui-même, sujet. Le danger et le piège tendu ainsi au thérapeute, est dès lors tout autre : celui de ne pas savoir éviter de " jouer le jeu du malade ".





Il est dans une certaine mesure malheureusement trop facile et trop efficace pour n'importe quel médecin d'objectiver la maladie : " Ce que vous avez, c’est un ulcère d’estomac ". Il est tout naturel et tentant pour le psychiatre et pour le psychothérapeute, qui sont des médecins, comme vous n'en doutez point d’objectiver pareillement la maladie : "Ce que vous avez est une diencéphalose, une encéphalite, voire une schizophrénie, ou un complexe de castration ". Il lui est encore trop facile d’objectiver le malade d un bloc : " Votre personnalité schizoïde, vôtre " existence " devenue plus ou moins gluante, intemporelle ou spatiale, vous pouvez avoir ainsi un moi faible ou tordu, un Surmoi lourd ".

Toutefois, le psychiatre, lorsqu'il objective de la sorte la maladies ou le malade - s'il s'engage lui même dans la relation psychothérapeutique -- il s'engage dans une telle comédie de malentendus qu'il lui est difficile ou impossible, s'il n'est pas naïf ou bête, de ne pas s’apercevoir, lui-même en tant que " mauvais comédien ". Ceci peut ouvrir par ailleurs des perspectives fécondes et pratiques, parce qu'alors le psychiatre peut choisir d'être " bon comédien " , et même de faire de cette comédie le levier de la thérapeutique. Certains types de psychodrame ont leurs justifications pratiques. Certaines attitudes de ROSEN aussi.



En réalité toute pratique psychothérapeutique prolongée empêche peu à peu de considérer notrm soi-disant objet professionnel en tant que "objet ". Et le malade aussi bien que nous-mêmes (et au-delà de ces deux partenaires, tout homme) finit par se révéler essentiellement " sujet ": un être qui se constitue lui-même sujet dans le tissu inter-relationnel, inter-humain. Ce qui dés lors nous apparaît comme définissant cet homme que nous avons devant nous, psychopathe ou aliéné (quel que soit le conditionnement ou les anneaux de causalité physio ou sociopathogéniques) est précisément son échec dans cette tache de se constituer, lui-même, sujet dans le tissu inter-relationnel.

Ce qu'au cours des rencontres psychothérapeutiques, le malade réexpérimente, dans la nouvelle relation, ce sont les propres structures de leur échec à s’y constituer sujet. Ce qu 'il vit, ici est maintenant ce sont ses propres efforts, ses propres difficultés, ses propres compromissions et ses " arrangements ", ses peurs et ses craintes, ses angoisses et finalement ses démissions, d'ailleurs souvent préventives. Dès lors la visée et le but même de la psychothérapie se dévoile :

1 - Pour le malade celle de sa possibilité la plus authentique , celle de s'y reconnaître sujet .

2- Pour le médecin l'exigence technique de possibiliser cette reconnaissance.

Il ne semble pas exagéré de considérer l'histoire de la psychothérapie comme un lent cheminement de la problématique des relations structurantes médecin-malade, gravitant péniblement la démystification de la chosification de l’homme et même la démystification de la chosification des relations sociales. Ni le malade, ni la maladie, ni les relations sociales ne sont pas des " choses ". Si le thérapeute s’enferme lui-même dans une telle impasse relationnelle, si le malade est pour lui " objet " ou " chose ", si le malade n’est pas pour lui d’emblée " sujet provisoirement voilé derrière la chosification mystifiante " l’avenir de la relation psychothérapeutique qu’il établira manquera son but, malgré quelques sucés de surface et tout aussi provisoire. Cette ligne générale que nous venons de souligner en retraçant l’histoire de la psychothérapie se trouve recréé dans la petite histoire concrète, toujours neuve du devenir de chaque relation psychothérapeutique que le médecin aborde.


Nous venons de voir que le processus de déchosification qui permettra que le malade s’instaure sujet dans le tissus relationnel - dans la relation thérapeutique - se heurte, bien sûr, aux échecs et aux ajustements " mi-figue, mi-raisin " du patient. Mais il va s’en dire que ce processus est aussi entravé non seulement par nos maladresses techniques, mais surtout par des difficultés attenantes à notre propre système personnel de mystification plus ou moins chosifiante. Système que nous avons élaboré telle, en réponse à nos propres besoins plus ou moins conscients, système qui s’est trouvé finalement réaffirmé par notre statut social, lequel comme chez un chacun stabilise nos propres mystifications fonctionnelles.


Inutile de vous rappeler que l’expérience de ce type d’entraves, qui surgissent du thérapeute lui-même, a amené à la pratique des psychanalyses didactiques. Et on dit avec juste raison, que si le thérapeute reste mystifié par des besoins inconscients qui structurent en dernier ressort son " moi idéal " - plus ou moins sacralisé par le statut social - le rapport qu’il établira avec le malade sera déformé par ses propres projections, ou bien que sa perception du malade sera parsemée de points aveugles " répressifs " correspondants à ses propres refoulements. Mais ce qui est essentiellement grave, bien au-delà de ces erreurs techniques anecdotiques (lesquelles en fin de compte intéressent peu la structure de la relation elle-même) c'est que si le thérapeute n'abandonne pas sa propre carapace mystifiante, il va engager le dialogue avec le client comme un rapport de sujet (lui-même) à l’objet (le client), interdisant ainsi au malade toute possibilité d'assomption de son rôle de sujet.


Vous savez que les actes ou les attitudes qui sont ainsi signifiés par le médecin dans la relation constituent ce qu'on appelle contre-transfert. Et vous savez que par l'évolution de la pratique psychanalytique chaque fois on s'aperçoit davantage, que l'avenir de chaque relation thérapeutique dépend autant, sinon plus de la maîtrise, de la connaissance et de l’analyse du contre-transfert du thérapeute que de l'attitude ou des difficultés du malade.


On pense trop souvent que la conception du transfert elle-même représente peu d'ambiguïtés et qu'elle n'a pas subi des inflexions au cours de l’histoire de la pratique psychanalytique. A plus forte raison on tend à oublier que la notion de contre-transfert a subi - à retardement et encore dans une ambiguïté plus grande, l'évolution de la notion de transfert. Ici, le nom ne trompe pas, et de fait, la notion de contre-transfert n'est apparue d'abord que comme la réaction inconsciente du thérapeute au transfert du malade. On peut dire en tout cas (aussi bien en ce qui concerne chaque réaction de contre-transfert qu'au sujet de la notion de contre-transfert elle-même et finalement au sujet des connaissances techniques de son utilisation en thérapeutique) que l'ensemble de la problématique du contre-transfert ne s'est dévoilée qu’après celle du transfert. Ceci va de soi.


Mais ce qu'on oublie, trop souvent, surtout chez les psychiatres non analystes c'est que le transfert fut " découvert " par Freud - en tant qu'obstacle à la guérison, et que l'acte génial de Freud fut de se servir de cet obstacle pour le convertir en levier de la thérapeutique. Nous dirions aujourd'hui que Freud avait saisi la nature dialectique du transfert, et que la négativité dans lequel le transfert se manifestait, (vis-à-vis de sa portée dans le traitement) ne pouvait pas constituer pour lui ni un absolu. ni pourrait justifier l’abandon de la thérapeutique. De fait on entend trop souvent des psychiatres et des psychanalystes se gargariser au sujet de tel ou tel autre malade qui fait un "bon transfert " ou bien un " transfert positif "' comme si l'aventure était ainsi pratiquement jouée, confondant d’ailleurs le transfert avec ce qui constitue parfois sa manifestation plus ou moins trompeuse - le comportement affectif ou plutôt la dépendance et l’assujettissement du malade au médecin.


Si le transfert , pour positif qu'il soit - en tant que résistance à l’évolution de la cure - et bien souvent dans pratique méconnu, il es t par contre plus facile d’entendre honnêtement dire au thérapeute que l’on a raté tel ou tel autre malade, parce que eux-mêmes avaient un contre-transfert quelconque vis à vis de leur malade. Ici encore cette expression se réfère à une vague psychologie des sentiments.


Ces dernières notes viennent à propos parce qu’il convient de rappeler ici que la notion de contre-transfert est bien complexe et encore insuffisamment élaborée. Je veux dire qu'on est certain aujourd’hui qu’il s’agit d’un fait et d’une notion fondamentale pour la pratique de la psychothérapie mais aussi que son élaboration théorique, et ces techniques de manipulation sont malgré les progrès - encore insuffisantes. D’une part, on se trouve ici avec une sorte de contradiction et une difficulté malaisée à enlever : l’accumulation de nombreuses analyses didactiques ne permet pas d’avoir une connaissance expérimentale du contre-transfert. Cette affirmation a quelque chose de choquant et cependant... n’est-il pas vrai que ce que l’élève analyste vie ou expérimente dans son analyse didactique sera le transfert vers l’analyste-maître plutôt que le contre-transfert ? La connaissance du contre-transfert ne commence à pouvoir se poser d’une façon disons expérimentale qu’au cours de la pratique de la psychanalyse en tant que thérapeute - dans ce qu’on appelle maintenant des analyse de contrôle, ou bien de par l’auto-analyse que le thérapeute est amené à pratiquer tout au long de sa pratique médicale s’il veut approcher son propre contre-transfert.

Autre part, on sait que l’élaboration conceptuelle du contre-transfert peut bien constituer une démarche de défense par rationalisation, qui au fond répondrait souvent à ce qu'on a fini pour dévoiler et concevoir comme des résistance au contre-transfert.

Nous en sommes arrivés ainsi à un point de notre exposé où il sera question d'une des conceptions du contre-transfert d'ailleurs assez récente - à mon avis très féconde - et du plus grand intérêt en ce qui nous concerne, en tant que psychothérapeutes exerçant dans des hôpitaux.

Disons pour simplifier qu'on est venu à inclure parmi les comportements et les signes transmis au malade ayant une valeur ou des effets contre-transférentiels, non seulement la réaction inconsciente du thérapeute à l'affect manifesté par le malade, mais le quantum de la structure de la réalité plus ou moins extra--analytique, que le médecin thérapeute manifeste : ce qu'il fait apparaître du fait du milieu où la séance se déroule, les objets du bureau par exemple - la place du malade dans le bureau - la salle d'attente etc. Pour le moment on en est réduit à envisager d'une part le contre-transfert strict (classique) et le " contre--transfert " dans le sens large - le mot n'est pas de moi (1). Cette conception dépasse de loin celle qui pivotait sur l'attitude affective et la résonance du psychiatre à la problématique inconsciente du malade. A mon avis, ce dépasse-ment est tout relatif et la prise en considération du contre-transfert dans le sens large, montre que celui-ci ne fait que manifester un système de défense, inconscient aussi, tendant à limiter d'une façon préventive le champ d'action contre--transférentiel où le psychanalyste pourrait jouer avec liberté, aisance et maîtrise. Au point de vue pratique où aboutit, avec ce système contre-tranférentiel, à faire un choix préventif des malades ou du type de problèmes qu'ils posent. Mais ceci ne doit pas nous attarder ici. Votre perspicacité a pu probablement vous faire entrevoir ce à quoi nous voulons en venir. Peut-on considérer, ou plutôt doit-on manipuler l'ensemble de l'institution hospitalière en tant qu'ensemble signifiant ayant des effets du type contre-transférentiel ? Voilà le problème.



On en reparle si vous voulez, mais svp, moins vite !
Wapi
 
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Message par Cyrano » 04 Fév 2005, 23:33

Bon, euh, alors, oui ? 22H10 ? Faut que je réponde…
Avant, un détour pour quelques réponses à l'ami Canardos.
Par contre, j'me te comprends pas…
a écrit :Ecrit par : canardos  le mercredi 2 février 2005 à 10:15
d'une façon générale, cyrano, dans les critiques que tu portes je ne reconnais pas mes interrogations,
Oui, vilain canard, tu ne reconnais pas tes interrogations, parce que nous n'avons pas tout à fait les mêmes. C'est aussi pour ça que j'écris que je suis en général, comme je l'écris, presque d'accord avec toi, presque…
a écrit :les articles que j'ai mis en ligne montrent que les phénomenes de conscience sont tres mal connus et posent encore des problemes redoutables.
les experimentation et les reflexions des chercheurs [visent] à comprendre comment notre cerveau arrive à "recoller" les bouts des differents processus mentaux pour arriver à cette chose extraordinaire et pourtant tres imparfaite qu'est notre conscience unifiée et pour eclairer sur la façon comment fonctionnent et se coordonnent les differents mecanismes que nous appelons inconscients...

C'est que justement, ces articles en ligne, je l'ai déjà écrit, ne traitent pas du sujet dont nous discutons, en tout cas, ne le recouvrent que très partiellement. La conscience unifié, en schématisant, c'est « Cogito, ergo sum ». Conscience, inconscience, ce n'est pas notre sujet. Comment le petit être humain se construit-il, avec le langage, avec sa relation à autrui, avec un miroir, ça ne nous renseigne pas beaucoup sur notre sujet oui et non, on va dire). Ça nous renseigne, oui, pour comprendre que mon chat n'a pas la même conscience de son existence que moi.
D'ailleurs, Canardos, avant hier mercredi, tu remets un message avec les mêmes notions :
- Les processus inconscients ont précédé la conscience.
- Il n'y a pas d'inconscient unique.
a écrit :Ecrit par : canardos  le mercredi 2 février 2005 à 23:26
en fait personne ne nie qu'il y ait des processus inconscients simultanement à notre pensée consciente et que cela provoque des lapsus par exemple.
ce qui est beaucoup plus contestable c'est qu'il y ait un inconscient unique et que celui ci soit lseulement e produit du refoulement de la conscience....et que le langage soit la clef de ces processus inconscients alors que c'est peut-etre seulement un moyen imparfait de les décrire
les processus inconscients ont precede la conscience qui elle meme n'est devenue une conscience unifié capable de penser en termes d'abstraction, c'est à dire en utilisant les mots et la grammaire du langage, que tres progressivement....
d'ou l'interet d'etudier la mise en place de la conscience de soi, y compris la conscience non verbale chez les grands singes et l'enfant....
Et on revient à cette histoire de conscience de soi…
Tant que tu resteras prisonnier de ces études, tu ne pourras qu'être décalé dans le débat sur la psychanalyse (ou même sur les psychothérapies), sur la manifestation des processus inconscients – et poursuivre avec Iko un dialogue de sourds.
Ces études sont passionnantes, mais elles ne concernent que de loin ce qui nous occupe.

Là, dans le message que je cite, je lis :
«ce qui est beaucoup plus contestable c'est qu'il y ait un inconscient unique et que celui ci soit lseulement e produit du refoulement de la conscience».
Mais les enregistrements qui sont devenus inconscients ne sont pas de la "conscience" refoulée. Tu tournes en rond, ficelé à ce satané piquet de la conscience. Les comportements conscients biaisés par l'intervention de processus inconscients ne sont pas l'inverse de "l'inconscient" dont nous parlons.
Tu termines ton message en écrivant :
«la psychanalyse [...] ne s'interesse aux enfants que sous l'angle de leurs refoulements inconscients au lieu de s'interesser aussi à la mise en place de la conscience proprement dite, bien avant le langage, au dessus des processus inconscients initiaux»
D'abord, c'est une formulation qui n'est pas appropriée sur l'intérêt manifesté par la psychanalyse, mais comme je te dis : y'a encore la ficelle de «la conscience proprement dite».

«les processus inconscients ont precede la conscience»
«au dessus des processus inconscients initiaux »
Ça n'a rien à voir avec le sujet. Ces processus inconscients que tu fais encore tourner autour du piquet de la conscience sont autre chose. Il faut que tu fourres ça dans la tête.

Ce que je te propose, pour que nous-même et les lecteurs de ce sujet (s'ils ne sont pas en overdose) puissent y voir clair : alors, oui, je vais me lancer, je vais résumer un peut tout ça, et on verra mieux pourquoi tu ne retrouves pas tes interrogations – mais bon, pas ce soir (faut que je réponde à Wapi), pas demain matin (y'a la manif), plutôt dimanche.

On n'est pas obligé de retrouver dans les réponses de l'autre, ses réponses à ses propres interrogations. Lorsque tu mets les articles en ligne (comme ceux qu'on trouve dans ce fil), je ne trouve pas de réponses au sujet qui nous intéresse, mais je sais que ça n'en donnera pas : ça n'étudie pas les mêmes choses.

Cyrano
 
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Message par Cyrano » 05 Fév 2005, 00:19

Bon, entre la télé, les causeries avec le fils... Me revoili, là.

Ah, [censuré] de [censuré] de Wapi… Tu me refiles la patate chaude… C'est que j'avais cru comprendre que étais plus "psychanalyse" que moi. Tu as bien lu, vraisemblablement, certaines de mes remarques à Iko, qui lui, est encore plus "psychanalyse" pur sucre.
Mais bon, je vas le faire, je vas m'y coller, une page sous Word.
Hélas, les quelques livres que j'ai de Sigmund ne me seront pas d'un grand secours. J'ai aussi un Que-Sais-Je sur la psychanalyse, et quelques autres, et mes souvenirs lorsque je m'étais intéressé à ça.
L'important : montrer les grandes lignes, les grandes idées.

En fait, mon interrogation vient que je ne crois plus à la validité de certains concepts de la psychanalyse – ou du moins, tels qu'ils sont répétés encore. Exercice de style : exposer sans trop y ajouter mon propre jugement.
A quoi ça va ressembler ? hasta la vista, baby. Il sera toujours temps qu'Iko ou toi-même viennent me chamailler pour dire que vous aimeriez quand même rectifier sur un point, mais je revendique, of, course, mon droit à l'inventaire. Je ne joue pas mes casiers de bières aux dés, alors…

Tu écris, wapi :
a écrit :Et en plus, je suis convaincu que pour bien se faire comprendre, on ne peut pas partir d'une définition, mais seulement des effets du transfert, du "ce qui se passe" dans la relation du milieu thérapeutique avec un malade singulier qui est toujours quelle que soit sa pathologie, l’auteur de sa propre vie. Et que cela, il faut chercher à l’observer de près si on veut savoir de quoi l'on cause, surtout avec les schizophrènes.

Je suis un peu d'accord avec toi. Car, c'est bien là que la validité des idées peut être mesurée. L'outil est-il opératoire avec un patient ? C'est la seule validité qui vaille.
C'est aussi, en somme, notre limite ici, je l'écrivais à Shadoko : pour mieux comprendre ce dont il s'agit, faut un réel dialogue (avec les mimiques, le ton de voix, l'échange avec l'autre). Lorsque des ami-e-s veulent m'emprunter un livre de psychologie quelconque, je leur dis toujours : «Tu peux, oui, mais ça ne te servira à rien.». Le dialogue qui s'ensuit m'amuse toujours.

Je persiste aussi, comme une mule : y'a les clients usuels, ceux que décrit Freud dans l'extrait de "L"analyse profane" que j'ai cité, et d'autres clients, avec des perturbations qui les rendent inaptes à une relation sociale banalisée. Ce monde là, je ne connais pas.

Ah… Si je peux me permettre…
a écrit :J’ai juste un a-priori favorable (n’y a-t-il pas de bons préjugés ?), car j'ai vu et suivi un petit peu, fût un temps, et que je me suis informé, sur les expériences de certains se revendiquant de la psychothérapie institutionnelle

Je me doute que tu taquines, là, nan, y'a pas de bons préjugés, puisque c'est pré-jugé, justement… ou plutôt, en fait, ce n'est pas jugé : c'est une opinion qu'on estime être validée, intégrée dans notre conscience, dans la réalité. On pourrait presque dire que ce n'est jamais qu'un contamination du Moi par le Surmoi (tu vois, Wapi, les conneries commencent !)
Bon, j'arrête mes minauderies, je vais aller lire un peu, pour moi, pour mon plaisir, égoïstement.
Cyrano
 
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Message par Wapi » 05 Fév 2005, 01:08

Canardos,

Te voici à présent revenu à la névrose ! En pleine histoire de psychiatrie de la psychose, mais soit, puisque ta question porte là-dessus.

a écrit :mais quand je pose cette question c'est en essayant de comprendre qu'est ce qui peut faire que la nevrose disparait ou au moins s'atténue dans le cerveau du malade du fait de la psychanalyse....comment les psychanalystes voient-ils se probleme


Si tu remplaces dans ta question "son cerveau" par "sa vie", je peux essayer de répondre.

Pour dire vite, c'est un petit gain de "conscience" ou de "lucidité" par le sujet de ce qui lui était d'abord masqué, et qu'il ne pouvait nécessairement pas voir tout seul. Une question de "point aveugle" sur soi-même malgrè tous les "j'me connais bien"...
Le sujet n'est pas d'abord transparent à lui-même, il peut le devenir un peu plus, comprendre mieux ce qui est en jeu dans sa relation aux autres (ses parents, ses hommes, ses femmes, ses enfants, son entourage et tout ce qui compte et a du sens pour lui....) et s'y retrouver mieux comme on dit.

Une analyse n'est pas en soi indispensable pour "guérir" une névrose. (en passant j'ai vu que des fois tu n'employais pas systématiquement ce terme pour les névroses). Mais aujourd'hui les relations sociales aliénées ne le peuvent pas toujours forcément non plus à elles toutes seules.

Et la névrose de celui qui n'a pas d'amis et qui s'est engueulé avec toute sa famille, et qui est trop mal à l'aise pour s'inscrire dans la moindre activité collective ? Que peut-il bien en faire à lui tout seul ? S'il trouve une écoute longue, car il a mis du temps a devenir ainsi, ce sera peut-être un début, et des fois que surgissent deux ou trois interpretations signifiantes pour lui, il y aura encore un autre début, etc. Un peu de mieux ?

Et même aussi, bien plus tard, une fin d'analyse.
Car l'analyse a, pour la névrose, un début, un développement et une fin... courte ou longue, c'est selon. Il y en a même qu'ont choisi de la faire coïncider avec la mort de leur analyste, ou la leur, quand on y pense...

Dans une autre période historique, révolutionnaire par exemple, on pourrait supposer que le même bonhomme se libère très vite de ses angoisses sociales, et qu'il investisse toute son énergie autrement qu'à se saborder consciencieusement. Et on l'a vu ! Témoignages historiques non-pipotés à l'appui !
Et dans une autre période plus sombre il deviendrait éxécutant servile et lâche des plus basses besognes du patronat, alcoolisé et violent. On l'a vu aussi !

C'était pour un type de névrose, mais rassurez-vous, il y en a d'autres !

Et aujourd'hui... ce névrosé moyen là, il fait ce qu'il peut. S'il a envie de se soigner, quelques portes restent ouvertes même si c'est très difficile de trouver quelqu'un de confiance surtout si on est pauvre. Et en plus je pense que pour ces dernières raisons, s'il n'est au minimum pas un antimarxiste "théorique" acharné comme Benesteau et Carroze et sûrement un peu la neuropsy responsable en chef du sabordage de son secteur dans un de tes articles, et bien c'est encore mieux pour le patient !!!

C'est pas sûr que ça marche, et c'est sans garantie. C'est une affaire de soi à soi... pas si simple de le quantifier par des items.

Et ne me sors pas le coup des thérapies "comcog" comme alternative à l'analyse, il y a la réponse chez Tosquelles, ça existait déjà en 1964.

Est-ce un début de réponse ou t'accroches-tu toujours à ton cerveau comme le canard à sa mare ?
Wapi
 
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