Les communistes et la théorie de la décroissance

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Crockette » 29 Jan 2005, 13:10

La théorie de la décroissance...déjà quel texte indigeste, je crois que les trois quarts du forum ne liront pas ton texte Davidoulia, écrit plutôt un livre.

Au départ j'étais contre la croissance mais en discuttant avec Logan (par exemple) la croissance n'est pas mauvaise en soi, il faut juste voir si cette croissance se fait bien à l'avantage de ceux qui n'ont déjà rien (comme c'est le cas en Inde pour la culture du coton) et aussi si la croissance ne se fait pas au détriment de l'écologie.

La croissance il en faut, en tout cas jusqu'à la régulation planétaire de la population, car dix milliards d'habitants ça me semble être un seuil maximum correct pour la planète, après faut penser sérieusement à coloniser un autre système solaire, pour ne pas se manger entre nous (50 espèces par jour disparaissent).

oui à la croissance mais à la croissance maîtrisée par le peuple et pas par une centaine de milliardaires !
Crockette
 

Message par Gaston » 29 Jan 2005, 19:19

Tout d'abord bonjour, c'est mon premier message, j'espère que l'informatique va marcher.

Je pense aussi que les rapprts entre le marxisme et la nature est fondamental. Cependant, il faut bien dissocier la critique du courant écologiste "décroissance" des rapports entre marxisme et nature.
Les pistes d'actions de ce courant permettent-elles de parvenir à une société écologique? Pour répondre, il faut en revenir à leur théorie. Et celle-ci est souvent trés proche de la théorie libérale.
Par exemple:
- ils ne font pas la différence entre la valeur d'usage (qui regroupe toutes les caractéristiques physiques) des marchandises et leur valeur d'échange. D'où le lien direct +3% de croissance=+3% prélevé sur les ressources naturelles.
- autre conséquence de cette non-distinction, l'incapacité à penser l'acte de production en dehors du capitalisme. Ainsi, Cheynet (il me semble...) propose comme alternative "une économie de marché sans accumulation"!!
- ils reprennent à leur compte la vision des libéraux croissance=développement. Donc si ils refusent la croissance, pas de développement. Alors qu'il commence à y avoir un corpus théorique montrant que les deux peuvent être dissociés.
- ils tombent d'accord avec les théoriciens du marché que les mécanismes de l'économie sont le fruit des volontés individuelles. La croissance n'existe pas pour eux en dehors de l'imaginaire, du "conditionnement" de chacun... D'où l'insistance de personnes comme Latouche qui entendent "décoloniser l'imaginaire". On est à l'opposé du capitalisme comme un rapport social, de la reconnaissance des classes sociales...

Ces considérations fausses entraînent une mauvaise pratique: la valorisation des initiatives individuelles...
En plus, ils montrent bien qu'ils n'ont rien retenu du mouvement ouvrier: certains pro-décroissance se présentent aux élections (de façon réformiste, puisque la généralisation des initiatives individuelles ne rend plus nécessaire une révolution) et quasiment tous croient dur comme fer aux coopératives.

Dans ce que je viens de dire, est-ce que j'ai parlé de décroissance, de limites naturelles... ? Non et pourtant, à mon avis ça suffit à démontrer l'impasse du courant "décroissance".
Surtout que comme ils méconnaissent (voir plus haut) la notion de classes, ils proposent ouvertement l'alliance entre "tous les milieux sociaux", se privant de la seule possibilité de résolution réelle de la question écologique: la gestion démocratique des choix de production et de consommation.

Maintenant, la question des limites naturelles est effectivement importante, mais c'est un autre débat que celui de la lutte contre le courant "décroissance" (duquel je me sentais proche, soit dit en passant...)
Gaston
 
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Message par Gaston » 30 Jan 2005, 12:11

Zdanko

Qu'est-ce que ça veut dire que je me sentais proche du courant "décroissance"? Ben, tout simplement que je pensais que face à la crise écologique, la décroissance était une réponse adéquate. En même temps, je n'ai jamais adhéré complètement. Pourquoi et pourquoi j'ai changé d'avis?
Tout d'abord pour le côté "babas" de ces écolos. Et puis quand on creuse un peu, on trouve des phrases hallucinantes qui en disent long. Par exemple, dans le dossier "décroissance" de la revue "silence", il y a un auteur qui essaie de montrer que la diminution des biens matériels ne sera pas une perte de pouvoir d'achat. Et comment? Tout simplement en achetant des biens immatériels tels que...la culture, l'éducation, les relations humaines!!!
Ou encore, sur le plan social, Latouche qui dit que la société future devra "permettre au menuisier de se reproduire en tant que menuisier et à l'architecte en tant qu'architecte"!!

Rojo

Pour la méconnaissance des classes sociales, à mon avis, ça dépend... Des gars comme Latouche, ancien marxiste, ne méconnaissent évidemment pas cette notion. Mais pas mal de "babas" sont très loin de tout ça. Et ça me semble beaucoup plus révélateur de la composition de classe de ce courant (personnes cultivées... comme tu le dis) que d'une "négation" ou d'une mise sous silence.
Gaston
 
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Message par Davidoulia » 30 Jan 2005, 12:31

a écrit :Des hommes peuvent avoir "des rapports" avec la nature, mais un guide pour l'action a plutot des rapports avec les hommes, la classe ouvrière dans le cas d'espèce.


C' est tout à fait ce que revendique le texte!
Davidoulia
 
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Message par michelangela » 30 Jan 2005, 18:18

C'et assez incroyable chez certains marxistes purs/durs ? cette impossibilité de se détacher du productivisme/consumérisme/aliénation ,productivisme combattu par Marx et assez bien démontré aujourd'hui par de nombreux auteurs qui l'ont re-lu avec d'autres yeux que les exègèses de l'économisme à outrance ne l'avaient fait pour mieux en trahir la pensée.


Non,vraiment, dire que le salut du prolétariat passe par la consommation et son maintien comme classe productive c'est quand même regresser comme au bon vieux temps du PCF des années 60 comlètement sourds aux nouvelles critiques de l'écologie politique.


tristement,

mla
michelangela
 
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Message par Gaby » 30 Jan 2005, 18:19

(michelangela @ dimanche 30 janvier 2005 à 18:18 a écrit : C'et assez incroyable chez certains marxistes purs/durs ? cette impossibilité de se détacher du productivisme/consumérisme/aliénation ,productivisme combattu par Marx et assez bien démontré aujourd'hui par de nombreux auteurs qui l'ont re-lu avec d'autres yeux que les exègèses de l'économisme à outrance ne l'avaient fait pour mieux en trahir la pensée.


Non,vraiment, dire que le salut du prolétariat passe par la consommation et son maintien comme classe productive c'est quand même regresser comme au bon vieux temps du PCF des années 60 comlètement sourds aux nouvelles critiques de l'écologie politique.


tristement,

mla
N'importe quoi.

Cordialement,
un communiste.
Gaby
 
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Message par Gaby » 30 Jan 2005, 18:21

Et le communiste - modération - ajoute que la préoccupation quant à la production s'inscrit dans une société où l'immense majorité manque de tout. C'est donc nécessairement un point de vue bourgeois que d'avoir, comme les décroissanteurs, un cheval de bataille dans la lutte contre la production.

Qu'après ce simple bon sens soit qualifié de consumérisme, alors qu'il s'agit des bases même du socialisme et de l'émulation, baste. Je ne m'en formalise pas.
Gaby
 
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