par Gaston » 29 Jan 2005, 19:19
Tout d'abord bonjour, c'est mon premier message, j'espère que l'informatique va marcher.
Je pense aussi que les rapprts entre le marxisme et la nature est fondamental. Cependant, il faut bien dissocier la critique du courant écologiste "décroissance" des rapports entre marxisme et nature.
Les pistes d'actions de ce courant permettent-elles de parvenir à une société écologique? Pour répondre, il faut en revenir à leur théorie. Et celle-ci est souvent trés proche de la théorie libérale.
Par exemple:
- ils ne font pas la différence entre la valeur d'usage (qui regroupe toutes les caractéristiques physiques) des marchandises et leur valeur d'échange. D'où le lien direct +3% de croissance=+3% prélevé sur les ressources naturelles.
- autre conséquence de cette non-distinction, l'incapacité à penser l'acte de production en dehors du capitalisme. Ainsi, Cheynet (il me semble...) propose comme alternative "une économie de marché sans accumulation"!!
- ils reprennent à leur compte la vision des libéraux croissance=développement. Donc si ils refusent la croissance, pas de développement. Alors qu'il commence à y avoir un corpus théorique montrant que les deux peuvent être dissociés.
- ils tombent d'accord avec les théoriciens du marché que les mécanismes de l'économie sont le fruit des volontés individuelles. La croissance n'existe pas pour eux en dehors de l'imaginaire, du "conditionnement" de chacun... D'où l'insistance de personnes comme Latouche qui entendent "décoloniser l'imaginaire". On est à l'opposé du capitalisme comme un rapport social, de la reconnaissance des classes sociales...
Ces considérations fausses entraînent une mauvaise pratique: la valorisation des initiatives individuelles...
En plus, ils montrent bien qu'ils n'ont rien retenu du mouvement ouvrier: certains pro-décroissance se présentent aux élections (de façon réformiste, puisque la généralisation des initiatives individuelles ne rend plus nécessaire une révolution) et quasiment tous croient dur comme fer aux coopératives.
Dans ce que je viens de dire, est-ce que j'ai parlé de décroissance, de limites naturelles... ? Non et pourtant, à mon avis ça suffit à démontrer l'impasse du courant "décroissance".
Surtout que comme ils méconnaissent (voir plus haut) la notion de classes, ils proposent ouvertement l'alliance entre "tous les milieux sociaux", se privant de la seule possibilité de résolution réelle de la question écologique: la gestion démocratique des choix de production et de consommation.
Maintenant, la question des limites naturelles est effectivement importante, mais c'est un autre débat que celui de la lutte contre le courant "décroissance" (duquel je me sentais proche, soit dit en passant...)