En ces temps de règne sans partage des trusts, de fascisation croissante, de censure des médias par l’argent, la petite bourgeoisie tente de défendre corps et âmes les derniers vestiges de sa "démocratie". Pour cela, les vielles méthodes du parlementarisme ne suffisent plus, il faut dire que les " socialistes " et les " communistes " à la sauce Jospin-Hue-Buffet se sont complètement déconsidérés aux yeux des travailleurs, et que maintenant même le fait évoqué par Lénine de « se draper de l’habit du marxisme » ne suffit plus à la bourgeoisie, il lui faut désormais paraître avoir eu connaissance du marxisme et de l’avoir " dépassé ", pour mieux pouvoir tromper le peuple et être en mesure de proposer une énième réforme du capitalisme monopoliste qu’il s’agit désormais de « démocratiser ».
Que se cache-t-il d’autre sinon derrière des expressions comme « développer la société civile au niveau international », « revitaliser nos démocraties », « exiger l’instauration de mécanismes de solidarité et de normes opposables au niveau international » et enfin « démocratiser la mondialisation ».
Toute cette rhétorique flamboyante n’a pour seul but que de définir « l’amélioration du fonctionnement » de la « démocratie représentative », qu’il faut parvenir à préserver de pressions des « groupes de pression économiques », en des termes plus crus, il ne s’agit ni plus ni moins que de démocratiser l’impérialisme ! Tel est le fin mot de l’altermondialisme dans sa mouture à la sauce ATTAC-Bové, sauce qui risque de se révéler bien indigeste pour les travailleurs qui y après y avoir goûté,… y seront également mangés par le capital qui fera d’eux son plat de résistance.
En fin de compte, l’altermondialisme constitue la dernière carte de la bourgeoisie, son ultime paravent pour détourner les luttes de classes ; et si les promoteurs de l’altermondialisme se félicitent de « l’essor de l’altermondialisme », c’est oublier un peu vite que cet essor n’est pas fortuit, et reste au final très modeste au regard du matraquage médiatique et des sollicitations de toute la presse bourgeoisie dont il fait l’objet. Les travailleurs commenceraient-ils à se méfier d’une " contestation " qui bénéficie de l’aval et du soutien actif, ou tout au moins tacite de toute la bourgeoisie ?
Depuis quand les médias vendus à la bourgeoisie marchent-ils contre les intérêts de celle-ci ?
N’est-il pas étrange de voir Chirac, valet de l’impérialisme français, parler " commerce équitable " et se féliciter du développement « d’initiatives citoyennes » telles Porto Allègre ?
Comment expliquer cet engouement des classes dirigeantes de la ploutocratie capitaliste pour l’altermondialisme mieux que par ce mot d’ordre des leaders altermondialistes pour qui « cette société civile se développe désormais au niveau international » et « témoigne de la capacité croissante d’une partie de la population, avec l’élévation du niveau culturel, à intervenir politiquement, sans pour autant " faire de la politique " au sens de l’appartenance à un parti luttant pour accéder au pouvoir » ; mot d’ordre absolument dans la continuité du credo altermondialiste très attaché au mythe des " Etats impuissants " face à la mondialisation.
En effet, puisque cette dernière déborde du cadre de la politique nationale, à quoi sert-il encore de faire de la politique au sein de partis nationaux ?
Cette logique flamboyante, que la bourgeoisie a toutes les chances d’applaudir, ne peut aboutir qu’à une dépolitisation de la contestation, ce qui fait mieux ressortir les convergences d’intérêts entre la bourgeoisie et l’altermondialisme, nous rendant du même coup plus compréhensive la tendresse que cette dernière lui témoigne…
L’altermondialisme n’est qu’une habile manière d'injecter un peu de "démocratie" et de favoriser les "espaces de dialogue" de proximité, dans la continuité de la politique libérale de décentralisation et de dépolitisation des masses :
Citoyens, vous pensez n'avoir plus aucune prise sur les multinationales qui régissent votre vie ?
Eh bien, consommateurs, occupez vous de la politique de proximité : là au moins, vous pouvez agir !
Citoyens, laissez les préoccupations étatiques de côté, l'Etat est désormais impuissant à administrer la vie économique, devenez seulement des consommateurs responsables, et tout ira pour le mieux !
Vous y croyez, vous ?
Faut pas nous prendre pour des cons tout de même !
L'Etat, impuissant ?
Alors, pourquoi toutes les mesures de déréglementation ont-elles toutes été mises en oeuvre par les Etats ?
L'Etat capitaliste à la mode réformiste, impuissant face au lobbying des trusts, OUI.
Mais l'Etat prolétarien révolutionnaire, impuissant, NON !