CDFN des 28-29 septembre 2004
Motion EMANCIPATION
Redonner espoir aux luttes !
Le mouvement social vient de subir une série de défaites sur les retraites, la protection sociale, la décentralisation, les privatisations…. Parallèlement, les licenciements - dans le privé comme dans le public - et les délocalisations se multiplient au même rythme que les cadeaux accordés au patronat. Ce pouvoir entend de plus traiter la misère qu'il engendre par la répression ou la charité.
Sans une bataille frontale encore plus forte qu'au printemps 2003, cette offensive libérale va s'amplifier : sont déjà annoncés le service minimum, des CDD ou CDI remplaçant des fonctionnaires, le recours massif à l'apprentissage…
Dans l'éducation, cette rentrée est marquée par un chômage massif des personnels précaires : au licenciement programmé des Emplois-Jeunes, s'ajoute celui de milliers de contractuelLEs, vacataires, CES, CEC… Pour les personnels TOS, la situation est catastrophique : depuis des années, leurs fonctions ont été assurées par des précaires licenciéEs à la fin de leur contrat ; leur disparition met en lumière l’impossibilité pour les établissements scolaires de fonctionner avec si peu de moyens ! Dans ces conditions, on imagine l'aggravation que constituerait pour ces personnels la mise en place de la décentralisation. Flexibilité, annualisation, compléments de service sur plusieurs établissements deviennent la norme de gestion des personnels, même titulaires.
Avec les suppressions de postes, le non remplacement des départs en retraite, les diminutions de postes à tous les concours… des options, des groupes et des séries ont été supprimés, les classes sont de plus en plus chargées et certains élèves n'ont pas trouvé d'affectation.
Réforme de la troisième, rapport Thélot : une régression sans précédent
Cette politique d'attaques et de régressions menée contre le service public d'éducation prend une autre dimension avec le pré-rapport Thélot qui initie la future loi d'orientation sur l'école. La redéfinition de la classe de 3ème – à laquelle la FSU, très divisée sur la question, ne s'est malheureusement pas opposée - préfigurait déjà la teneur de ce rapport qui confirme de nombreux renoncements, de nombreuses dégradations et l'aggravation du tri social à l'école.
La redéfinition des cycles scolaires préconisés par Thélot annonce la fin de l'enseignement en maternelle (le cycle 1 commencerait à l'actuelle grande section), sonne le glas du "collège unique" avec une diversification accrue dès la 5ème par l'entrée en force de l'apprentissage, prévoit de faire du brevet des collèges un examen dont l'obtention deviendrait une obligation pour poursuivre des études. Le lycée verrait la disparition pure et simple de la seconde de détermination. Quant à la voie professionnelle, point de salut sans alternance ("Le principe de l'alternance, c'est-à-dire une présence régulière en entreprise, doit être partout la règle.") et sans pilotage par le patronat à tous les niveaux. Le "socle commun" défini par le rapport Thélot se réduit à des contenus extrêmement pauvres et limités, qui privilégient le maintien de l'ordre social à l'acquisition de savoirs émancipateurs.
Dans le même temps, Thélot préconise une "redéfinition" du travail des enseignantEs du second degré visant à la casse des statuts nationaux :
- en préparant la régionalisation des recrutements et des affectations,
- en imposant la bivalence au cours de la formation,
- en mettant en place une définition locale du service, lui-même alourdi.
Il vise aussi à diviser les personnels par le biais de statuts différents pour les ancienNEs et les futurEs enseignantEs.
Il s'agit en outre d'encadrer et de mettre au pas les personnels par le renforcement des hiérarchies :
- création d'instances visant à une gestion managériale des établissements du second degré ("conseil pédagogique", "direction de la vie éducative"),
- transformation des écoles primaires en EPLE dirigé par un véritable chef d'établissement.
Le rapport Thélot se place explicitement, dans le cadre d'une nouvelle étape de décentralisation et de dislocation des équipes éducatives : aucune référence n'est faite aux TOS, aux CO-psy, les médecins et les assistantEs sociaux/sociales disparaîtraient des établissements...
Rappelons que ce rapport fait suite au "Grand Débat" auquel la FSU a hélas participé… Pourtant, comme on pouvait le prévoir, il s'inscrit dans la continuité de la politique éducative libérale de démantèlement de l’école publique et d'attaques contre les statuts des personnels. Il est en cohérence avec un projet de société répressif et profondément inégalitaire.
Ce rapport n'est pas amendable, il ne saurait servir de base à une négociation pour la future loi d'orientation : il faut s'y opposer fermement et sans délai ! Pour cela, la FSU décide de prendre contact avec les autres fédérations ou confédérations pour informer les personnels, les inviter à débattre de ce rapport en Assemblée Générale et organiser au plus vite la riposte.
Lutter contre la précarité : une urgence !
Auxiliaires, contractuelLEs, vacataires, Emplois Jeunes, assistantEs d’éducation, CES, CEC… temps partiels imposés, CDD… : l’Etat et le patronat font de la précarité la forme d’emploi majoritaire dans de nombreux secteurs. Cette systématisation de l’emploi précaire est orchestrée par le capitalisme financier, relayé par la Commission Européenne, et, en France, par le MEDEF et par les gouvernements libéraux qui sont à son service.
Dans l'Education, dans la Fonction Publique, des milliers de précaires ont été licenciéEs et sont au chômage… parallèlement, la baisse des postes aux concours, la non compensation des départs à la retraite ouvrent la porte au recrutement structurel massif de précaires de plus en plus précaires... En effet, le gouvernement a préparé, sous couvert d’harmonisation européenne, un projet de CDI hors statut pour la Fonction Publique et lancé les PACTE pour y rentrer par l'apprentissage…
Les précaires sont réduitEs à chercher des solutions individuelles, subissent des pressions pour accepter n'importe quelle forme d'exploitation. Jusqu'à présent, la FSU ne s'est pas vraiment adressé à eux/elles puisqu'elle ne leur propose aucune voie collective pour sortir de la précarité.
La FSU et tout le mouvement syndical doivent prendre la mesure de l’urgence et engager de façon prioritaire la lutte pour la disparition de la précarité.
Nous ne devons accepter aucun licenciement de précaire : il faut exiger le réemploi immédiat et le maintien des salaires de ces personnels, ainsi que leur titularisation. La FSU doit être partie prenante de la mise en place ou du renforcement de structures unitaires de précaires et de collectifs de lutte intersyndicaux contre la précarité et y défendre la titularisation immédiate et sans conditions de concours ni de nationalité de tous les personnels non titulaires et l'arrêt du recrutement de travailleurEs précaires, seul corpus revendicatif susceptible de mettre définitivement fin à la précarité.
La FSU décide de participer à toutes les initiatives organisées pour lutter contre la précarité.
Il faut également reprendre la lutte pour nous opposer au transfert des TOS vers les collectivités territoriales : pour la FSU, il ne peut être question de participer par la négociation à la mise en place de la décentralisation, c'est la réintégration des TOS dans la fonction publique d’Etat qu'il faut obtenir.
Thélot, précarité, décentralisation, budget…
il faut enrayer l'offensive libérale par la lutte !
Il est de la responsabilité de la FSU d'initier une mobilisation pour empêcher le démantèlement de l'école publique programmé par le rapport Thélot et obtenir les milliers de postes de titulaires nécessaires au bon fonctionnement du service public d'Education. Pour cela, elle décide de prendre contact avec l'ensemble des syndicats de personnels de l'éducation, les syndicats de lycéenNEs et d'étudiantES, les organisations de parents d'élèves et les confédérations ouvrières pour aboutir au plus tôt à un grand mouvement de défense de l'école publique avec grève et manifestation(s).
Dans le même temps, les nombreuses attaques contre tous les services publics nécessitent une riposte d'ensemble. Les travailleurEs de la SNCF, attaquéEs sur le droit de grève – qui est un droit fondamental – ont déjà prévu, dans l'unité syndicale, une riposte le 25 novembre : la FSU décide de s'y associer.
Ces urgences ne suppriment pas la nécessité de reprendre la lutte pour s’opposer à toutes les mesures de régression sociale déjà prises ou à venir (retraites, protection sociale…) qui posent le problème d’en finir avec l’actuelle répartition des richesses et nécessitent une grève générale public-privé : c'est à la rendre possible que nous devons nous atteler sans relâche. Il en va de l’avenir des salariéEs avec ou sans emploi, mais aussi de celui du syndicalisme qui doit dès maintenant envisager son unification pour redonner espoir aux luttes.