a écrit :
Des élus de l'UMP s'exposent à la Fête de "L'Humanité"
LE MONDE | 13.09.04 | 14h53 • MIS A JOUR LE 13.09.04 | 15h21
Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance-maladie, et deux députés UMP, Hervé Novelli et Hervé Mariton, ont débattu de l'Europe, de la Sécurité sociale et des 35 heures. Un "non-événement" aux yeux de Marie-George Buffet.
"Un bon cru", résume Marie-George Buffet, à propos de la 64e édition de la Fête de L'Humanité qui s'est tenue les 10, 11 et 12 septembre à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) : affluence en hausse - les organisateurs annoncent avoir accueilli près de 600 000 personnes durant ces trois jours, public jeune, débats suivis. .. "On a retrouvé la pêche", se félicite la secrétaire nationale du PCF.
Lors de la précédente édition, le malaise était palpable : après l'échec historique de Robert Hue aux présidentielles (3,37 %), les militants s'interrogeaient et se divisaient sur la stratégie à suivre pour les scrutins du printemps 2004. Les divisions ne se sont pas résorbées, ainsi qu'en témoignent les stands des multiples sensibilités cohabitant au sein du PCF. Mais, après avoir senti le vent de la déroute, la direction veut se persuader qu'une brise porteuse se lève : "Le renoncement et la désespérance n'ont pas gagné la partie", a déclaré Mme Buffet, samedi soir, en recevant les représentants des associations présentes à la fête. Et, disant avoir "envie de faire bouger les choses", elle se fixe pour objectif de "permettre de nouveau à notre peuple de façonner la société au burin de ses aspirations".
Pour la secrétaire nationale du PCF, la Fête de "L'Humanité" est devenue le "rendez-vous incontournable de la rentrée". Il est vrai qu'au-delà des habitués, des proches, des représentants des partis de gauche et d'extrême gauche, la participation de membres de la majorité à plusieurs débats organisés au cours du week-end n'est pas passée inaperçue. Même si la direction du PCF faisait grise mine au regard de l'écho médiatique recueilli par la présence de Xavier Bertrand, secrétaire d'Etat à l'assurance-maladie, qui avait répondu à l'invitation du député (PCF) de la Somme Maxime Gremetz : "un non-événement", lâchait Mme Buffet. Le secrétaire d'Etat n'en était pas, toutefois, à sa première participation : l'an passé, alors qu'il était responsable de l'UMP pour les questions de retraites, il avait participé à une table ronde sur la protection sociale organisée par les parlementaires communistes (Le Monde du 16 septembre 2003).
"NÉANMOINS UNE EXPÉRIENCE"
Pour le député (UMP) de la Drôme Hervé Mariton, il s'agissait en revanche d'une première. Lui aussi répondait à l'invitation de M. Gremetz, pour un débat sur la Constitution européenne organisé sur le stand de la section de Saint-Quentin. "Maxime m'a invité le premier, mais l'appareil du PC a beaucoup insisté pour que je participe au débat sur la SNCF", précisait M. Mariton, auteur d'un rapport qui proposait de privatiser partiellement les gares. Face au vice-président du conseil régional de Picardie, qui prône le "non à toute Constitution européenne", le député de la Drôme a eu du mal à rallier ses auditeurs à ses thèses : "Je n'ai manifestement pas réussi à convaincre le public, ou ceux que j'ai convaincus se sont fait discrets", avouait M. Mariton après avoir essuyé les salves successives de huées et de sifflets. "C'est néanmoins une expérience intéressante, ajoutait-il, très éloignée des stéréotypes que l'on en a."
Invité à débattre des "menaces sur les 35 heures", le député (UMP) d'Indre-et-Loire Hervé Novelli n'a pas eu plus de succès. Le rapporteur de la mission parlementaire d'évaluation de la législation sur le temps de travail, porte-parole des "réformateurs" de l'UMP et proche d'Alain Madelin, n'a évité l'essentiel des foudres du public que grâce à la présence, sur la même estrade, du responsable du Medef Denis Gauthier-Savagnac. Ses arguments n'en sont pas moins restés vains : "C'est un monde clos, déplore M. Novelli. Je suis néanmoins heureux d'y avoir été, même si je sais que c'est un exercice vain, qui ne peut suffire à ébranler les certitudes."
Dans son discours final sur la scène centrale, le directeur de L'Humanité, Patrick Le Hyaric, s'en est pris, quant à lui, à "l'ultradroite au pouvoir -qui- sape les bases de la société française".
Patrick Roger