Dans le dernier rouge:
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BRÉSIL
Construire une alternative
Alors que la victoire du Parti des travailleurs (PT) avait suscité un immense espoir, la situation de millions de chômeurs, de paysans, de salariés ne s’est pas fondamentalement modifiée.
Presque deux ans après l’arrivée de Lula au pouvoir, toutes les tendances néolibérales de la politique du gouvernement brésilien ont été confirmées : respect des engagements auprès du FMI, politique de taux d’intérêt élevés pour rembourser la dette, réduction des budgets sociaux... Des centaines de milliers de paysans restent sans terre. Sur les 115 000 familles qui devaient recevoir des terres en 2004, seules 17 500 avaient obtenu leur dû en juin. Plus de 20 % de la population active reste au chômage. On est très loin des dix millions d’emplois promis par le gouvernement pour la législature. Le gouvernement a imposé, contre l’avis de nombreux députés du PT, la réduction des augmentations de salaires à 2,60 reales. À l’approche des élections municipales, le gouvernement va tenter de profiter d’une légère croissance économique (+ 4 %, croissance médiocre en comparaison de celle des autres pays émergents, entre 6 et 9 %) pour saupoudrer sa politique de telle ou telle mesure d’aide aux plus pauvres, mais toute son action est tournée vers un transfert des fonds publics vers les marchés financiers. Les budgets sociaux sont sous-utilisés pour augmenter l’excédent budgétaire qui, à son tour, financera le remboursement de la dette. Le Brésil reste prisonnier de la spirale infernale des politiques libérales et des exigences des marchés financiers. Pourtant, d’autres choix sont possibles, comme le montre l’expérience anti-impérialiste d’Hugo Chávez au Venezuela. Cette orientation a conduit à des confrontations partielles avec le mouvement syndical du secteur public qui, à juste titre, refusait une réforme des retraites de type néolibéral. De même, le mouvement des sans-terre revendique une politique critique voire d’opposition progressive à Lula. L’orientation de ce dernier provoque l’opposition, la critique, mais aussi la démoralisation d’une série de secteurs de la gauche brésilienne. La victoire du président n’a pas été précédée, ni accompagnée, d’un développement de mouvements sociaux, mais la politique menée par le gouvernement et relayée par la direction du PT et de la Centrale unique des travailleurs (CUT, principal syndicat brésilien) provoque aujourd’hui un profond découragement de millions de travailleurs. Le projet de « réforme syndicale et des relations sociales », qui tend à remettre en cause l’indépendance syndicale, à étouffer l’autonomie des syndicats de base en les subordonnant à l’appareil central, provoque une grave crise du mouvement syndical. Aussi, des oppositions se font jour dans le PT et dans ce mouvement, mais elles restent divisées, fragmentées. La crainte du retour de la droite tétanise certains secteurs de l’opposition. Pourtant, le moyen de combattre la droite et le pouvoir des classes dominantes au Brésil est de montrer qu’une autre politique pratique, différente de celle de Lula, est possible dans la situation. La question d’une alternative à la politique du gouvernement est devenue centrale. Cela passe, comme l’expliquent les secteurs les plus radicaux, par un rejet des diktats du FMI et des marchés financiers, par une politique de rupture avec le « gouvernisme » - soutien ou participation gouvernementale - dominant dans la gauche du PT. Cette alternative doit se baser à la fois sur les revendications liées aux mouvements sociaux, sur les recompositions en cours dans les organisations syndicales et sur la dynamique du mouvement des sans-terre, ceci dans une perspective anticapitaliste. Elle doit être discutée dans toute la gauche brésilienne, favoriser le débat et les convergences. Convergences des oppositions internes au PT pour ne pas laisser la bannière du PT entre les mains de la direction Lula. Mais aussi convergence avec des formations externes au PT - comme le PSOL, parti d’Helena Heloisa (sénatrice de la tendance Démocratie socialiste, exclue du PT, membre de la IVe internationale) - qui constituent aussi un secteur important dans les recompositions en cours. L’intervention commune dans les luttes quotidiennes sera le terrain privilégié de cette convergence, mais lors des prochaines élections municipales, le soutien aux candidats radicaux comme Raoul Pont, dirigeant de la DS à la mairie de Porto Alegre, serait aussi un signal fort. Cette convergence est décisive pour faire émerger une alternative à la gauche de la direction du PT. Le prochain Forum social mondial, qui se tiendra en janvier à Porto Alegre, en sera un nouveau test.
François Sabado
Ne cherchez pas une position sur Rossetto. Ne cherchez pas une position claire sur le fait de rester ou pas au PT. Ne cherchez pas une discussion de la politique de DS dans le PT, ni du PSOL. Ne cherchez pas une perspective politique au delà des généralité sur l'"alternative" et la "rupture" dans une "perspective anticapitaliste" (et l'exemple d'alternative... Chavez). Bref, encore un article fort utile à tous ceux qui voudraient comprendre la situation, discuter de perspectives pour les révolutionnaires et pour la classe ouvrière (enfin on apprend quand même que le gouvernement Lula est aux ordres de la bourgeoisie et de l'impérialisme...)