Ossétie: la prise d'otages prend fin à l'école

[Pascal]

Ce matin, on apprenait que les soi-disant 400 otages de l’école de Beslan étaient en fin plus d’un millier, voire 1500… Il y a malheureusement fort à parier que bilan de ce soir ne s’alourdisse dans les heures ou les jours qui viennent, comme il y a un peu plus d’un an à Moscou.

Ossétie: la prise d'otages prend fin à l'école de Beslan, plus de cent morts
BESLAN (Russie) (AFP),
le 03-09-2004

La prise d'otages de centaines d'enfants et adultes dans une école du Caucase russe par un commando pro-tchétchène s'est terminée dans la confusion et le sang vendredi, avec plus de cent morts et plus de 400 blessés, après un assaut soudain, et non planifié, des forces russes.

Plus de cent personnes sont mortes dans le gymnase de l'école de Beslan, où ont été retenues pendant plus de 48 heures des centaines d'otages -- enfants, parents ou enseignants -- par un commando pro-tchétchène, a rapporté le correspondant de l'agence Interfax sur place.

Le correspondant de l'AFP a aussi vu 13 corps à la morgue de Beslan.

Et dix membres du commando sont morts dans des échanges de coups de feu, selon l'agence Interfax.

Une source anonyme au sein des forces de police ossètes, citée par le quotidien Gazeta.ru, a avancé un chiffre global "de 150 morts". "C'est un minimum", a-t-il dit.

Aucune information officielle n'est pour l'instant venue confirmer ces chiffres, alors que les rumeurs allaient bon train.

Plus de 400 personnes, blessées, ont en outre été hospitalisées, a annoncé le ministère de la Santé de l'Ossétie du Nord. Au moins six enfants très grièvement blessés, notamment un petit garçon avec une jambe arrachée et une petite fille avec une large déchirure dans le dos, ont été évacués de l'école, a constaté l'AFP.

"Nous n'avions planifié aucune action de force. Nous nous proposions de poursuivre les pourparlers pour la libération pacifique des otages", a déclaré le chef du Service fédéral de sécurité (FSB) pour l'Ossétie du Nord, Valeri Andreïev.

Selon la version des responsables russes, les forces spéciales ont été contraintes de lancer l'intervention en milieu de journée alors que des explosions et des tirs nourris retentissaient depuis l'école et qu'un premier groupe d'otages s'enfuyait du bâtiment.

Suite à un accord entre les autorités et le commando conclu dans la matinée, les corps de personnes tuées au début de la prise d'otages mercredi étaient évacués quand le commando a fait fonctionner des charges explosives installées dans l'école, provoquant l'effondrement partiel du toit, a rapporté un responsable. C'est cet effondrement qui aurait entraîné la mort d'au moins une partie de la centaine de victimes du gymnase.

Une trentaine d'otages ont alors cherché à s'échapper et le commando a ouvert le feu pour tenter de les en empêcher. Les forces de sécurité russes ont riposté et une fusillade nourrie s'en est suivie, alors que d'autres otages continuaient à quitter le bâtiment et que des hélicoptères militaires Mi-8 survolaient l'école.

Des membres du commando ont été tués alors qu'ils cherchaient à couvrir la fuite de leurs comparses, selon la police ossète. Des preneurs d'otages se sont enfuis vers le sud de la ville, en se mêlant parfois à la foule, d'autres ont du se réfugier dans une maison voisine, où de fortes explosions et des tirs se poursuivaient en fin de journée.

Personne ne sait encore si des otages ont été emmenés pour protéger cette fuite, mais les autorités ont dit rechercher plusieurs membres du commando et ont renforcé les contrôles aux frontières administratives avec l'Ingouchie voisine.

Toute l'opération a donné lieu à de véritables scènes de chaos. Des enfants en sous-vêtements, barbouillés de sang, couraient dans les rues, en pleurs, incapables de parler. D'autres se précipitaient sur les bouteilles d'eau que leur tendaient des soldats, au pied des blindés, après des heures de terreur dans un gymnase surchauffé où ils étaient privés d'eau et de nourriture. Un petit garçon confiera avoir bu son urine.

On voyait dans les rues des habitants de la ville se promenant en armes, alors que des tirs puissants se faisaient entendre. La foule s'est brusquement précipitée vers un camion militaire pour l'empêcher de partir, pensant que l'un des membres du commando s'était caché dessous.

Le commando, des hommes et des femmes armés (15 à 30 selon les sources), avait fait irruption dans l'école de Beslan mercredi matin, jour de rentrée scolaire.

Ils ont retenu en otages pendant plus de 48 heures plus de 500 personnes. Des témoignages ont même fait état de plus de 1.000 otages.

Les auteurs de la prise d'otages avaient réclamé l'indépendance de la Tchétchénie, a affirmé le président ossète Alexandre Dzassokhov avant le dénouement. Selon des témoignages d'ex-otages, ils voulaient le départ des troupes russes de Tchétchénie.

La prise d'otages de Beslan est intervenue après une série d'attentats en Russie.

Mardi, au moins neuf personnes ont été tuées et une cinquantaine blessées à Moscou dans un attentat attribué à une kamikaze et perpétré entre l'entrée d'une station de métro et un supermarché. L'action a été revendiquée par les "Brigades Islambouli", groupe islamiste qui déclare soutenir les séparatistes tchétchènes.

Ce groupe a aussi affirmé être à l'origine des deux attentats simultanés commis le 24 août contre deux avions de ligne russes qui ont été détruits en vol par des bombes. Ces attentats ont fait 90 morts.

[othar]

La teneur de la seule réaction que j'ai eue là-dessus est "ah! Que ce groupe terroriste est vache de prendre des enfants en otages..."même si la télé a pas mal montré la responsabilité à nouveau des forces de l'ordre, un ordre sanglant.

Pourquoi ce carnage? Poutine n'aurait-il pas eu intérêt à ce que le nombre de morts soit le plus bas possible pour faire oublier la prise d'otages au théâtre? Ou alors trouvait-il plus intéressant de donner des gages à l'électorat sécuritaire?

Dans ce type de prise d'otages, la meilleure manière de préserver la vie des otages, c'est de faire semblant de céder ou de céder partiellement (car sur le fond les appareils d'Etat ne cèdent presque jamais).

Or toute une partie de la politique de Poutine est de donner une image d'un Etat fort, à défaut d'y arriver dans les faits.
C'est pour ça qu'il a été choisi en remplacement de Eltsine.

Par exemple, la guerre en Tchchénie dépend peut-être moins de Poutine que des Etats majors qui sont sur place et y font de très bonnes affaires depuis des années.

Dans ces conditions, la vie des otages n'a pas d'importance pour eux.Au contraire ils s'en servent pour faire l'Union Sacrée autour de leur petite personne et autour de l'Etat qu'ils incarnent.
On le voit aussi en ce moment avec les 2 journalistes français pris en otage en Irak.

Espérons au moins qu'à force de les accumuler, leurs mensonges leur reviendront dans la gueule...
Malheureusement, j'ai peur que l'émotion soit trop forte et empêche une fois de plus la population d'ouvrir les yeux, en Russie et dans une moindre mesure en France, sur la duplicité des dirigeants.

Sur le fond politique, je pense qu'il faut expliquer que ce sont les Poutine, Busch, Blair , Chirac (et leurs Armées) qui créent les situations de chaos d'où sortent aussi bien les crapules-preneurs d'otages que les gens désespérés qu'ils instrumentalisent.

PS: Je signale dans la même veine l'article de LO de cette semaine sur la mascarade électoral en Tchéchénie.

[Valiere]

L'utilisation des enfants comme otages ou comme porteur de bombes est intolérable quelle que soit la cause... quant à l'ETAT Russe c'est la barbarie d'état qui répond à une barbarie communautariste.

[Barikad]

J'ai entendu à plusieurs reprises (TV et radios) des familles d'otages tres en coleres contre les forces spéciales (avant l'assaut) affirmant qu'elles enpecheraient physiquement celles ci d'intervenir. Apres cette boucherie, je suis pas sur qu'il arrive à eteindre la colere derriere l'emotion.

[Valiere]

Avec un matraquage médiatique et la répression, Poutine a quelques ressources...N'empêche que les preneurs d'otages n'ont aucune excuse.

[Pascal]

Le bilan de l'assaut de Beslan atteint les 250 tués , selon Interfax

C'est bien ce que je craignais, le bilan s'alourdit.

Pourquoi ce carnage? Poutine n'aurait-il pas eu intérêt à ce que le nombre de morts soit le plus bas possible pour faire oublier la prise d'otages au théâtre? Ou alors trouvait-il plus intéressant de donner des gages à l'électorat sécuritaire?

Effectivement, je pense que Poutine aurait eu intérêt à ce que cette prise d'otages ne se termine pas en bain de sang, contrairement à 1999 où les attentats (attribués aux nationalistes tchétchènes, mais d'autres sources y voient la main du FSB) l'ont aidé à prendre le pouvoir. D'autant que depuis plusieurs mois, la propagande gouvernementale est de dire que la guerre est finie en Tchétchénie, qu'il n'y a plus que "quelques groupes terroristes", etc.

L'impression que j'ai c'est que Poutine est dépassé par les derniers événements, et que le gouvernement n'a même pas tenté une mise en scène...

On peut se demander ce que s'autorise a faire l'armée russe a l'abri des regards en Tchétchénie quand on voit ce qu'elle se permet sous les caméras du monde entier contre sa propre population.

Tout à fait : les exactions de l'armée fédérales en Tchétchénie sont quotidiennes ou presque, en particulier lors des "opérations de nettoyage" dans les quartiers de Groznyï ou dans les villages. Il faut préciser, qu'en Tchétchénie, c'est aussi contre sa propre population que l'armée fédérale comet des éxactions (la Tchétchénie a officiellement le même statut que l'Ossétie du Nord, celui de République Autonome au sein de la Fédération de Russie). Tous les habitants de la Tchétchénie (à part quelques immigrés d'ex-Républiques Soviétiques) sont des citoyens de la Fédération de Russie. Et on peut même rappeler que lors des bombardements sur Groznyï fin 1999-début 2000, une grande partie des habitants de la capitale tchétchène étaient des Russes.

Et bien entendu :

Sur le fond politique, je pense qu'il faut expliquer que ce sont les Poutine, Busch, Blair , Chirac (et leurs Armées) qui créent les situations de chaos d'où sortent aussi bien les crapules-preneurs d'otages que les gens désespérés qu'ils instrumentalisent.

La politique de terreur des forces fédérales en Tchétchénie créé une base pour les crapules nationalistes et/ou islamistes, sans compter les cliques maffieuses qui profitent de cette situation de chaos pour s'enrichir. Un fait frappant dans les derniers attentats est la participation de nombreuses femmes dans les commandos terroristes, femmes qui ont souvent perdu leurs enfants pendant la guerre en Tchétchénie. Si cela ne justifie bien sûr pas les prises d'otages ou attentats aveugles, cela permet de comprendre comment ces groupes terroristes arrivent à recruter.

J'ai entendu à plusieurs reprises (TV et radios) des familles d'otages tres en coleres contre les forces spéciales (avant l'assaut) affirmant qu'elles enpecheraient physiquement celles ci d'intervenir. Apres cette boucherie, je suis pas sur qu'il arrive à eteindre la colere derriere l'emotion.

J'ai entendu aussi, avant même la boucherie finale. Des familles étaient aussi très en colère face aux mensonges des médias qui parlaient de 400 otages, alors qu'il y en avait plus de mille.
D'une façon plus générale, les gens avec qui j'ai pu discuter dans le Caucase en juillet en ont assez de cette guerre, les jeunes hommes de la région esssayent d'avoir des enfants assez tôt pour ne pas faire leur service militaire par exemple. J'ai aussi entendu (par des gens ordinaires, pas par des militants) des phrases comme "Poutine nous montre une force armée immense lors des défilés du 9 mai, il paraît qu'il n'y a que quelques groupes terroristes isolés, alors pourquoi nos jeunes sont-ils si nombreux à aller mourrir en Tchétchénie ?", ou même des discours sur une guerre qui ne profite qu'à une minorité, alors que c'est "le peuple qui en souffre". Mais de là à ce qu'il y ait une colère qui s'exprime dans la rue, je ne sais pas...

[othar]

J'ai entendu à plusieurs reprises (TV et radios) des familles d'otages tres en coleres contre les forces spéciales (avant l'assaut) affirmant qu'elles enpecheraient physiquement celles ci d'intervenir. Apres cette boucherie, je suis pas sur qu'il arrive à eteindre la colere derriere l'emotion.
si tu parles des proches des famillle, d'accord
mais Poutine, ce qu'il peut éventuellement craindre, c'est la réaction, hypothétique pour le moment, de l'ensemble de la population russe, qu'il méprise et trompe depuis toujours