Révolution sexuelle

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par J-B » 01 Sep 2004, 12:21

La famille est souvent présentée comme nécessaire, c’est ce qui réunit toutes les tendances politiques, à l’image de ce repas où l’oncle communiste et le grand-père Front National s’engueulent, mais dans un cadre où l’on se sent finalement bien… La famille est championne dans toutes les études, c’est le lieu où chacun et chacune aime se retrouver, trouve du réconfort.
Dernièrement on nous a beaucoup parlé de la « crise » de la famille, symptomatique d’une société en perte de valeurs et de repères. L’école de l’après-68 tant décriée par Luc Ferry, la laïcité mal comprise au grand dam de Régis Debray, la pénétration de valeurs arabo-musulmane redoutée par Alain Finkelkraut, le laxisme général dénoncé par Julien Dray et la Maison des potes, l’homosexualité combattue par Christine Boutin, le féminisme acculé par le Vatican… avortement, contraception, sexe avant le mariage, homosexualité, divorce… c’est le dépérissement de la famille.

Horreur ! Disent les réactionnaires.
Vive la famille moderne ! Disent les progressistes.

Car oui, on peut être progressiste et aimer « la » famille. On peut aimer le mariage et vouloir l’étendre à tous les couples. On peut penser à l’intérêt des enfants et se déclarer favorable à l’adoption par des couples gays et lesbiens.
Mais jamais on ne se demande : la famille c’est quoi, à quoi ça sert ?

La famille est antérieure au capitalisme, c’est vrai. De là à dire qu’elle a toujours existé (et de là à considérer cela comme une justification !) il y a une marge.
La famille est liée à la naissance du patriarcat, c’est-à-dire au début de la propriété privée et du surproduit social. Il existait dans les sociétés dites de « communisme primitif » des liens de parenté, mais pas d’organisation à proprement parler. Mais lorsque naît le surproduit et son appropriation, il y a nécessité pour les hommes de transmettre cette propriété, donc de s’organiser en clans, puis en familles organisées avec division des tâches entre homme, femme et enfant.
La famille telle qu’on la perçoit dans la société capitaliste est différente. Pour Marx et Engels, elle va éclater du fait de la société bourgeoise. Engels reviendra sur ces considérations plus tard, mais l’erreur de Marx est de ne pas avoir analysé le rôle social de la famille. Le travail domestique, c’est-à-dire féminin, est de fait le travail non rémunéré, la famille est la cellule de production gratuite, de reproduction sociale. Les prolétaires produisent de la main d’œuvre et les bourgeois des héritiers.
Et puis la famille devient une unité consommatrice, de biens, puis de services. Elle sert aussi à socialiser les individus, à transmettre les valeurs de la classe dominante, la culture de la classe, les genres. Mais la famille produit les déviants, garçons manqué-e-s, gouines et pédés qui sortent du modèle hétérosexiste patriarcal.
Problème pour le capitalisme : sans famille, plus de transmission des biens, plus d’accumulation du capital à long terme, perte de valeurs, déviance, délinquance.
Insultes, agressions physiques, obligation de vivre cachés pour les gays et lesbiennes. Impossibilité de trouver du travail autre que sexuel pour les transgenres, exposés à la précarité et à la violence les plus extrêmes.
Mais comme ils tentent de s’organiser, de lutter, de mener ce combat éminemment subversif, on tente de récupérer les luttes des lesbi-gay-bi-trans (LGBT). La marche des fiertés gays et lesbiennes née après les fortes répressions de Stonewall se transforme en parade commerciale. On parle de pink market, d’institutionnalisation de l’homosexualité (masculine en tous cas).
On parle également d’égalité homme-femme, d’évolution des mentalités, de famille recomposée, de rupture avec le « féminisme hystérique » erroné et promu par des camionneuses frustrées.
Cela étant, on continue à promouvoir le modèle familial, surtout dans une société post-moderniste, elle est le lieu de réconfort, d’exercice de la solidarité. Dans une période où les attaques de la bourgeoisie portent contre les acquis de solidarité du mouvement ouvrier (retraites, Sécu), il est nécessaire de renvoyer les fonctions d’entraide à la sphère privée. C’est à proprement parler le premier pas vers la privatisation de ces systèmes de solidarité.

Mais nous, révolutionnaires, nous devons remettre en cause le système patriarcal, dont les liens avec le capitalisme sont aujourd’hui irréductibles.
Nous devons remettre en cause la famille en tant que mode d’organisation oppresseur, dont les liens avec le capitalisme sont aujourd’hui irréductibles.
Nous devons rompre avec l’institutionnalisation des relations homme-femme, sur le modèle du couple, de la jalousie, de la possession c’est-à-dire de la propriété privée et de l’oppression.
Nous devons promouvoir un mode d’organisation collectif qui prendra en charge l’ensemble des tâches aujourd’hui privées : éducation des enfants, ménage, lessives, préparation de la bouffe… seul système permettant à chacun et chacune l’épanouissement, le libre développement, « condition du libre développement de tous. »

Cela ne signifie évidemment pas être gauchiste. Ni prétendre avoir un modèle clé en main de réorganisation sociale. Le principe de la révolution sexuelle est de mettre en place quelque chose de mieux. Or, les conditions sociales de ce mieux ne seront réunies qu’après la révolution socialiste.
Cependant, la révolution sexuelle ne suivra pas automatiquement la révolution prolétarienne. C’est pourquoi il est nécessaire que se développe un mouvement autonome des femmes et des LGBT. C’est également pourquoi il faut soutenir toutes les revendications d’égalité, même contradictoires avec l’abandon de la famille : droit au mariage et à l’adoption pour les couples de même sexe, droit d’inscription à l’état civil du nouveau sexe pour les transgenres, gratuité de l’opération, etc.
Il est également nécessaire de défendre le droit à l’autonomie de la jeunesse, la possibilité de quitter la famille en tant que cadre d’oppression, la liberté de vivre sa sexualité, etc.
De plus, nous devons défendre les acquis des femmes : liberté d’IVG, accès à la contraception, crèches plus nombreuses et gratuites, etc.
Les révolutionnaires doivent s’associer à ce mouvement, en être parti prenante, tout en respectant son autonomie au sein du mouvement ouvrier. On ne pourra, en effet, pas attendre la bonne volonté des syndicats et des directions ouvriéristes pour faire avancer la lutte pour l’égalité.
J-B
 
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Message par Jacquemart » 01 Sep 2004, 12:53

a écrit :La famille est liée à la naissance du patriarcat, c’est-à-dire au début de la propriété privée et du surproduit social. Il existait dans les sociétés dites de « communisme primitif » des liens de parenté, mais pas d’organisation à proprement parler.

:huh:
a écrit :l’erreur de Marx est de ne pas avoir analysé le rôle social de la famille

:blink:
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Message par othar » 01 Sep 2004, 12:56

remarque ça peut être aussi l'occasion de discuter avec comme point de départ le livre d'Engels:
l'origine de la famille de la propriété et de l'Etat

d'ailleurs vu le texte, j'ai l'impression que JB ne l'a pas lu!! ou alors en diagonale

exemple:
a écrit :
La famille est liée à la naissance du patriarcat, c’est-à-dire au début de la propriété privée et du surproduit social.


le livre d'Engels montre justement les différents types de famille et leur évolution en fonction de l'organisation de la société
othar
 
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Message par Gaby » 01 Sep 2004, 12:58

Est-ce qu'on pourrait savoir qui a écrit cette... chose ?
Gaby
 
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Message par faupatronim » 01 Sep 2004, 14:23

(Zdanko @ mercredi 1 septembre 2004 à 13:24 a écrit : Décidément vous n'avez que le sexe à la bouche ( :emb: ) en ce moment.
Vil plagieur de ma grand mère ! :rale:
faupatronim
 
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Message par Nadia » 01 Sep 2004, 15:36

(J%B a écrit : Mais la famille produit les déviants, garçons manqué-e-s, gouines et pédés qui sortent du modèle hétérosexiste patriarcal.
:gne_gif:
Nadia
 
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Message par J-B » 02 Sep 2004, 13:26

C'est bien ce que je pensais... on n'acquiert pas une culture de lutte anti-patriarcale en quelques mois. D'ailleurs, on n'adopte pas une telle position sur la loi et de suivisme de NPNS lorsque l'on a un peu plus l'habitude de se questionner et de se former sur la question du féminisme.
Bien le bonsoir.
J-B
 
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Message par emman » 02 Sep 2004, 13:32

(J-B @ jeudi 2 septembre 2004 à 15:26 a écrit : C'est bien ce que je pensais... on n'acquiert pas une culture de lutte anti-patriarcale en quelques mois. D'ailleurs, on n'adopte pas une telle position sur la loi et de suivisme de NPNS lorsque l'on a un peu plus l'habitude de se questionner et de se former sur la question du féminisme.
Bien le bonsoir.
pardon, ca veut dire quoi ça ?!
emman
 
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Message par pelon » 02 Sep 2004, 13:34

(J-B @ jeudi 2 septembre 2004 à 14:26 a écrit : C'est bien ce que je pensais... on n'acquiert pas une culture de lutte anti-patriarcale en quelques mois. D'ailleurs, on n'adopte pas une telle position sur la loi et de suivisme de NPNS lorsque l'on a un peu plus l'habitude de se questionner et de se former sur la question du féminisme.
Bien le bonsoir.
Voilà qui nous remet à la petite place que nous n'aurions jamais du quitter. Dès demain je me mets à la lutte anti-patriarcale. :hinhin:
pelon
 
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