[quote=" (guévariste @ mercredi 1 septembre 2004 à 15:17"]
Eh Holà, je suis pas obligé d'être d'accord sur tout, mais c'est vrai que tu crois qu'il ferait quoi l'Olivier ?
Ce qu'il devrait faire, c'est ici
(youri @ mercredi 1 septembre 2004 à 14:29 a écrit : Les critiques ?
[...]
2 ) Chavez n'as pas encore mis en place de réforme s'attaquant à la propriété privée des moyens de production
[...]
(Source : http://www.edicom.ch/news/international/04...035351.mo.shtml)a écrit :Venezuela: Chavez veut une accélération de la réforme agraire
CARACAS - Enhardi par sa victoire au référendum sur son mandat, le président vénézuélien Hugo Chavez a promis une accélération de la réforme agraire et de la redistribution des terres. Se défendant de vouloir des expropriations massives, il a appelé au dialogue.
«Dans cette nouvelle étape de la révolution, je demande un plus grand respect de la constitution et une application plus stricte de la loi agraire», a dit M. Chavez. «Je souhaite que des enquêtes soient menées sur les propriétés foncières et que les terres non-exploitées soient cultivées».
La réforme agraire a été lancée par une série de nouvelles lois votées en 2001. Celles-ci sont parmi les textes les plus critiqués par l'opposition, qui dénonce les atteintes à la propriété privée et les risques de mouvements d'occupation des terres.
La loi agraire définit comme latifundia les propriétés de plus de 5000 hectares dont une grande partie de terres n'est pas exploitée. Ce texte prévoit des amendes pour les propriétaires qui n'exploitent pas ces terres et autorise l'Etat à intervenir.
Les détracteurs de ce texte affirment qu'il risque d'être interprêté de manière politique. Le programme de redistribution des terres prévoit que les parcelles non exploitées soient confiées à des coopératives qui les cultiveront en bénéficiant d'aides étatiques.
M. Chavez a cherché à répondre à ceux qui craignent que cette loi soit le prétexte à des expropriations massives. «Nous ne sommes pas les ennemis de la propriété. Nous n'allons pas les brûler. Nous n'allons pas les envahir. Non, nous avons ici une constitution et une loi agraire. J'appelle tous les propiétaires de terres non exploitées au dialogue.»
© ATS
a écrit : Déclaration de l'OIR (Opcion de Izquierda Révolucionaria)
Caracas le 16 août 2004
Le peuple vient de remporter une victoire indiscutable et de nouveaux défis se présentent
Les travailleurs et le peuple ont, à nouveau, obtenu une victoire indiscutable et historique. Les reportages faits dans la rue montrent que la victoire du NON est écrasante et les chiffres en provenance de tous les Etats et de tous les lieux les plus éloignés indiquent une participation et une différence supérieure à celle indiqué officiellement par la CNE (Commission Nationale Electorale). En réalité, l'abstention a été très faible et l'avantage du vote pour le NON dépasse de très loin les 30% de plus.
Dans aucun Etat, même parmi ceux qui étaient considérés comme les bastions de l'opposition, on a pu empêcher l'avalanche de millions de paysans pauvres, qui, en dépit de tous les obstacles techniques, politiques, climatiques et physiologiques, ont démontré clairement qu'ils ne veulent pas un retour au passé, qu'ils exigent une patrie souveraine, libre de toute ingérence, repoussant les auteurs de coup d'état et leurs actions de terreur, ils réclament du gouvernement des décisions et des mesures pour permettre de résoudre les graves problèmes qui subsistent en matière politique, économique et sociale.
Nous sommes en désaccord avec la thèse selon laquelle le mécanisme du référendum a triomphé. Ce mécanisme a été mis en place à cause des multiples concessions faites à l'impérialisme et aux auteurs de coups d'état. Ceux-ci n'ont jamais récolté le nombre de signatures nécessaires à l'ouverture du processus référendaire et n'ont jamais cessé de frauder durant toute la période précédant ce référendum et, malgré tout, ils ont essayé de bénéficier de cette conquête démocratique pour la mettre au service de la contre révolution. L'unique vainqueur est le peuple pauvre et travailleur qui a supporté vaillamment toute cette machination et, aujourd'hui, il s'est levé dans cette journée mémorable de plus de trente heures, pour dire : « ils ne reviendront pas, ni hier, ni maintenant, ni jamais ! »
Personne n'arrêtera ce peuple, la révolution poursuit son chemin balayant les contre révolutionnaires, élargissant sa voie et posant de nouveaux défis. Le terrain fangeux et périlleux des «élections » n'est pas arrivé, jusqu'à aujourd'hui, à changer la volonté de lutte de notre peuple. Ceci est une victoire de tous les peuples latinos américains en lutte pour leur seconde et définitive indépendance. C'est une nouvelle défaite de l'impérialisme qui servira d'encouragement aux peuples d'Irak et de Palestine et à tous les peuples du monde agressés par Bush et ses alliés.
Essayant de masquer leur défaite, les portes paroles de l'opposition et de l'impérialisme, prétendent ne pas reconnaître les résultats. Pour eux, habitués à participer dans des processus électoraux contrôlés avec des résultats annoncés à l'avance, ils n'ont pas d'autre remède que de tenter d'escamoter l'incontestable triomphe populaire. Tel est le véritable visage des ennemis du peuple. Jamais ils ne permettront que la volonté populaire s'impose contre leur volonté, jamais ils ne reconnaîtront la défaite.
D'un point de vue plus politique cet imposant triomphe s'explique, en premier lieu, par les spectaculaires conquêtes démocratiques et sociales acquises par les travailleurs et le peuple ces dernières années (élargissement des droits politiques, répartition de terres, crédits à bas prix …). En second lieu, par la volonté du peuple à poursuivre cette bataille jusqu'à ses ultimes conséquences afin d'empêcher que ceux qui les plongèrent dans la misère, qui bradèrent le patrimoine national et firent du jeu politique une entreprise hautement lucrative reviennent au gouvernement. Mais cela ne doit pas nous faire perdre de vue que la profonde polarisation politique et sociale, ne va pas se résoudre avec les résultats de ce référendum : l'affrontement contre les patrons, pro-yanquis, le Groupe Polar, les Cisnéros et leurs moyens de communication, et les multinationales va s'aiguiser de plus en plus.
Que va-t-il se passer ?
Il est important de se faire cette réflexion pour le «jour d'après». La victoire populaire est impressionnante et démontre, de manière répétée, qu'avec les auteurs de coups d'état et l'impérialisme il n'y a aucune possibilité de négocier. Pour sortir du cercle vicieux dans lequel nous nous trouvons, il faut rompre avec la logique de la concertation, de la concession et du dialogue avec l'oligarchie. C'est cette attitude passée qui a permis aux auteurs de coups d'état et à l'impérialisme, aujourd'hui une nouvelle fois défaits par les masses, de parvenir à survivre et à se moquer du peuple.
Leur concéder une quantité de votes plus importante que celle qu'ils ont réellement obtenue, ou diminuer le chiffre de la participation, dans le but de ne pas « les écraser » politiquement et faciliter ainsi la possibilité d'éventuels accords post-référendum, ne servira qu'à maintenir leur impunité et leur donner à nouveau de l'air pour exister.
Si, le « jour d'après », se met en place un processus de dialogue, nous devrons dire qu'il va a contre sens des espoirs des travailleurs et du peuple qui ont fait tous les sacrifices dans le but d'écraser les ennemis des peuples et de la révolution. Si un tel dialogue national se concrétisait il faudra dire que les grands vainqueurs sont Jimmy Carter, fidèle représentant de la politique impérialiste ; Cesar Gaviria, qui finira son mandat à l'OEA (Organisation des Etats Américains) comme un grand héros ; les moyens de communication (radios et télévisions) qui pourront continuer à vociférer et mentir ; la Coordination (Démocratique) qui se verra ainsi garantir sa survie et, ce qui est le pire, seront menacées les conquêtes obtenues jusqu'à aujourd'hui.
Nous révolutionnaires, membres de l'OIR, qui n'avons pas ménagé nos efforts pour que se consolide cette importante victoire, nous sentons obligés, par conviction et par loyauté envers les travailleurs et le peuple, d'exposer ces réflexions et mener jusqu'au bout ce débat à la base pour le maintien des acquis.
C'est comme ça, parce que des millions de travailleurs continuent de se poser cette question angoissante : jusqu'à quand allons-nous continuer de payer une énorme et frauduleuse dette extérieure de milliers de millions de dollars qui pourraient être utilisés pour régler l'historique dette sociale existante. Jusqu'à quand allons-nous devoir supporter que la politique pétrolière continue d'être liée aux exigences des multinationales, tandis que la structure et l'administration de PDVSA (Pétrole Vénézuélien) continuent de refléter la Quatrième République la transformant en une proie facile pour la corruption et le gaspillage ?
Quand arrivera le jour où sera décrétée une augmentation générale des salaires, compensant la chute retentissante du pouvoir d'achat de nos salaires, réduits sévèrement par la dévaluation et l'inflation. Quand mettra-t-on fin à l'impunité et quand le châtiment tombera-t-il sur tous ceux qui ont essayé d'étrangler l'économie nationale, de déstabiliser le pays et de noyer avec le sang des vaillants militants politiques, sociaux et syndicaux le territoire de la patrie.
Tels sont les défis qu'impose cette nouvelle victoire des travailleurs et du peuple.
Si nous voulons parler véritablement d'approfondir le processus révolutionnaire, nous devons réclamer du gouvernement de Chavez que, s'appuyant sur cette immense énergie populaire, mise en évidence aujourd'hui, qu'il utilise le triomphe du NON pour faire face à tous ces problèmes.
a écrit :Défaite référendaire au Venezuela de l'opposition soutenue par la CIA
Par Bill Van Auken
Le 17 août 2004
Dimanche le 15 août, le peuple vénézuélien a fait subir une cuisante défaite à la coalition de droite appuyée par Washington en rejetant sa demande pour chasser du pouvoir Hugo Chavéz, le président élu du pays.
L'ancien officier militaire a utilisé une rhétorique nationaliste gauchisante contre les États-Unis et l'oligarchie financière de son pays, associée à des réformes sociales minimales, pour faire appel aux masses ouvrières et paysannes pauvres de son pays riche en pétrole.
Après que 95 % des votes du referendum national ont été comptabilisés, le conseil électoral du Venezuela a annoncé que près de 60 % des électeurs avaient voté « non » à la destitution de Chavéz et à la tenue de nouvelles élections. S'adressant à une foule de plusieurs dizaines de milliers de partisans depuis le balcon du palais présidentiel de Miraflores à Caracas, Chavéz a qualifié le referendum de « cadeau pour Bush ».
Les leaders de la coalition politique de l'oligarchie vénézuélienne, la Coordinadora Democrática, ont immédiatement dénoncé le résultat du vote comme une « fraude gigantesque » et ont juré de rejeter ce résultat, même si les observateurs internationaux ont démenti les déclarations de fraude électorale et confirmé la victoire de Chavéz.
L'un des observateurs, l'ancien président américain Jimmy Carter, a déclaré que la participation était la plus importante qu'il ait jamais vue et que tout comme les autres observateurs, il n'avait décelé aucun « élément de fraude ». Plus tôt, Carter a fait part de sa confiance en affirmant que le « résultat des élections est plus satisfaisant que ce qui s'est passé en Floride en 2000 ».
Ce referendum constitue la troisième défaite en autant d'années pour l'opposition de droite dans sa tentative de renverser Chavéz. En avril 2002, l'opposition a organisé un coup en collaboration avec l'administration Bush, emprisonnant brièvement le président vénézuélien pour le remplacer par une junte d'officiers militaires et d'hommes d'affaires. Mais cette tentative a échoué devant la résistance de masse qui a éclaté dans les bidonvilles et les quartiers ouvriers de Caracas et des autres régions du pays.
Par la suite, une grève générale organisée par le patronat n'est pas parvenue à déloger le gouvernement, engendrant du même coup des dommages économiques sévères au pays. C'est après les échecs de ces tentatives extra-judiciaires de renverser le gouvernement que l'opposition a décider d'invoquer une clause dans la constitution introduite sous Chavéz permettant la tenue de referendums de destitution.
Le vote de dimanche a exprimé l'intense polarisation sociale qui existe au Venezuela, ou près de 60 % de la population vit dans la pauvreté, alors qu'une élite financière siphonne les richesses pétrolières du pays. Chavéz a récolté un soutien populaire substantiel parmi la majorité appauvrie de la population du Venezuela, en partie en utilisant une petite portion des revenus du pétrole du Venezuela pour financer des programmes d'éducation, de santé et de logement.
Il est devenu l'objet de haines intenses au sein de l'oligarchie et des sections privilégiées de la classe moyenne du Venezuela. Ces couches voient dans son arrêt des privatisations prévues - y compris la privatisation de la puissante industrie pétrolière nationalisée du pays - comme une restriction intolérable de leur pillage de l'économie du pays. Pour ces couches, ses réformes sociales limitées sont perçues comme du communisme.
En réalité, les programmes lancés par Chavéz ne sont pas différents des initiatives prises par les gouvernements bourgeois modérés d'Amérique latine dans les années 1960 et 1970. Mais elles se démarquent par le fait qu'elles surviennent après que des décennies de politiques « néolibérales » dans tout le continent aient exclues toutes mesures de reformes sociales.
Attirant l'attention nationale en 1992 en dirigeant un coup militaire qui échoua contre le président d'alors Carlos Andres Pérez, Chavéz a été emprisonné puis libéré deux ans plus tard, avant d'être ensuite élu président pour la première fois en 1998. Il a été propulsé au pouvoir grâce à la désintégration des deux partis corrompus qui ont dirigé le Venezuela au cours des 40 années précédentes sous le système connu sous le nom de Puntofijo, dans lequel les deux partis contrôlaient simultanément le gouvernement et se partageaient les dividendes entre eux.
Le résultat du referendum de dimanche a finalement été déterminé par la participation des millions d'électeurs pauvres venant des quartiers urbains et de la campagne. Beaucoup ont commencé à faire la queue avant l'aube aux écoles où se tenait le scrutin. À certains bureaux de vote, la file d'électeurs avait plus d'un kilomètre de long, et la période de vote a du être prolongée à deux reprises, des bulletins étant encore déposés bien après minuit.
Il y eut également une forte participation dans les quartiers aisés de Caracas, où la vaste majorité a voté pour chasser Chavéz. Dans les semaines qui ont précédé le vote, les chaînes de télévision privées et les principales stations de radio ont inondé leurs ondes d'appels des politiciens de l'opposition et rapporté des résultats de sondage légèrement favorables à la destitution présidentielle. Les supporteurs de la Coordinadora Democrática ont été assurés que la majorité des électeurs « indécis » allaient voter pour le oui.
Lors du vote, des responsables du Conseil électoral national ont annoncé la découverte d'un disque compact contenant les voix des responsables du conseil et un rapport d'un lecteur de nouvelles annonçant la victoire du oui. Apparemment, le disque devait être diffusé avant la fermeture des bureaux de scrutin.
C'était là le dernier stratagème de la campagne de coups montés de l'opposition jouissant du soutien de Washington. Depuis l'intronisation de l'administration Bush, 4 million US ont été versés aux groupes anti-Chavéz par l'entremise du National Endowment for Democracy (NED), un organisme paragouvernemental créé par le Congrès américain en 1983 pour effectuer les actions de déstabilisation politiques qui relevaient auparavant de la Central Intelligence Agency (CIA).
Les révélations selon lesquelles le NED a directement financé la course référendaire - en violation de la loi vénézuélienne - et dressé les plans d'un gouvernement d'« après-Chavéz » ont affaibli le soutien populaire à la destitution. Chavéz a déclaré que le vote déciderait si le Venezuela resterait un « pays libre ou s'il serait réduit à l'état de colonie des États-Unis ».
De façon significative, la victoire de Chavéz a eu un effet apaisant sur le marché du pétrole, avec le prix du brut descendant d'un sommet historique de près de 47 US le baril. Les craintes d'un soulèvement pouvant interrompre les approvisionnements pétroliers en provenance du cinquième pays exportateur mondial ont diminué avec l'annonce de la victoire du non.
Dirigeant sa campagne, Chavéz s'en est pris à l'élite financière du Venezuela et aux manigances des États-Unis dans ses discours à ses partisans issus des milieux défavorisés et de la classe ouvrière. Mais il lançait un tout autre message aux intérêts commerciaux du pays et de l'étranger. Il s'est présenté comme le seul politicien du Venezuela en mesure de maintenir la stabilité et de garantir un approvisionnement continu en pétrole.
Dans une entrevue accordée au journal argentin Pagina 12, le vice-président vénézuélien José Vicente Rangel a clairement énoncé ce thème en soulignant que l'opposition de droite n'avait personne pour remplacer Chavéz et aucun soutien populaire pour former le gouvernement.
« Maintenant je puis vous dire qu'ils ne peuvent diriger ce pays, déclara-t-il. « Chavéz est une dique de contención (une digue contre les bouleversements sociaux), et les marchés comprennent cela. Ils savent. Les marchés sont beaucoup plus intelligents que les analystes politiques car ils ne peuvent jamais se permettre de perdre ».
La réaction remarquablement muette de Washington à la victoire de Chavéz - de même que la précipitation avec laquelle Carter à confirmé les résultats - sont une confirmation de cette évaluation. En dernière analyse, l'administration Bush, avec ses liens étroits qu'elle entretient avec l'industrie pétrolière, suit la logique des marchés. La dernière chose qu'elle veut voir en ce moment, c'est une augmentation constante des prix du brut, avec un prix de l'essence se rapprochant du 3 US le gallon à la pompe à l'approche des élections de novembre.
Avec la débâcle qui se poursuit en Irak et la menace potentielle pesant sur toutes les réserves pétrolières du Moyen-Orient, sans mentionner la menace de l'effondrement du géant pétrolier russe Yukos, la sécurisation des exportations du Venezuela est une préoccupation stratégique vitale. Ce pays de l'Amérique latine exporte actuellement 1,5 million de barils par jour aux États-Unis sur les 2,6 millions qu'il produit, ce qui représente 13 % des importations pétrolières des États-Unis.
Il ne fait aucun doute que la défaite de Chavéz aurait entraîné un désordre encore plus grand au Venezuela. Comme le fait remarquer Rangel, l'opposition n'a pas de candidat crédible. De plus, la constitution commande une élection dans les 30 jours, ce qui était impossible compte tenu des circonstances. Le simple fait de savoir si Chavéz aurait été éligible ou non pour se présenter à cette élection aurait suscité une vive polémique.
L'accommodement de Washington face à la victoire de Chavéz n'est cependant que temporaire et d'ordre tactique. La planification de son renversement se poursuit tout autant.
Malgré les fulminations de ses opposants de droite, les politiques de Chavéz sont loin d'être socialistes. La terre au Venezuela reste fermement sous le contrôle des latifundistes, les 3 % les plus riches possédant 77 % des terres agricoles du pays, alors que les 50 % des paysans les plus pauvres ne contrôlent que 1 % des terres et que des millions d'autres ne possèdent pas la moindre parcelle de terre. Les compagnies pétrolières étrangères opèrent librement au Venezuela et contrôlent plus du tiers de sa production. Enfin, le gouvernement Chavéz s'est rigoureusement conformé aux conditions de remboursement de la dette dictées par les banques internationales et les organismes prêteurs.
Dans la mesure où ses politiques entrent en conflit avec le modèle économique que Washington dicte au reste du continent, Chavéz est vu comme une menace à éliminer. Son plan pour doubler les redevances payées par les compagnies pétrolières étrangères en les faisant passer de 16 % à 30 % est particulièrement source de préoccupations pour Washington. De plus, sa rhétorique anti-américaine recueille une audience grandissante dans l'hémisphère compte tenu de la haine populaire croissante vouée aux politiques de « libre-marché » et à l'influence des États-Unis.
Selon le journal El Mundo d'Espagne, la CIA a déjà commencé à élaborer un plan pour contrer l'influence du Venezuela en Amérique latine dès le lendemain du referendum. Le quotidien madrilène rapportait en première page dans son édition du 9 août que William Spencer, le directeur adjoint de la CIA pour les affaires de hémisphère sud rencontrait les directeurs de la CIA au Chili affectés à la Colombie, à l'Équateur, au Brésil et au Pérou afin de discuter d'un plan pour « neutraliser » Chavéz.
Le journal rapporte que la CIA discuterait d'une escalade de pressions financières et militaires contre le Venezuela. L'article soutient également que le Département d'État des États-Unis s'était préparé à la possibilité que le gouvernement Chavéz annule le referendum sur la base qu'il aurait découvert un complot pour assassiner le président.
Ce scénario est révélateur. Il est de plus en plus question au sein de l'opposition pro-États-Unis de recourir à une solution violente pour mettre fin à la crise politique prolongée du Venezuela, et notamment de tuer Chavéz. Parmi les plus ouverts à cette option, il y a l'ancien président vénézuélien Carlos Andrés Perez, que Chavéz avait tenté de renverser lors de son coup d'État avorté en 1992, et qui a été destitué par la suite pour corruption.
Lors d'une entrevue accordée au quotidien vénézuélien El Nacional à Miami, Perez a dit : « Je travaille pour le départ de Chavéz. La violence nous permettra de nous en débarrasser. C'est le seul moyen qui nous reste. Il poursuit : Chavéz doit mourir comme un chien, car c'est tout ce qu'il mérite ».
L'ancien président a indiqué que le renversement de Chavéz et/ou son assassinat seraient suivis d'une période de dictature. « Nous ne pouvons pas simplement nous débarrasser de Chavéz et ensuite avoir immédiatement une démocratie. Il faut compter une période de transition de deux ou trois ans pour jeter les fondements d'un État où la primauté du droit prévaudra » Une « junte », ajoute-t-il, suspendra l'Assemblée nationale, la Cour suprême et toutes les autres institutions où les partisans de Chavéz jouissent de la majorité.
Perez a déjà de l'expérience dans l'imposition de la « primauté du droit ». Il est connu au Venezuela pour avoir appelé l'armée en 1989 pour écraser un soulèvement des pauvres en réaction à l'adoption d'un programme d'austérité draconien du Fonds monétaire international. On évalue à plus de 3 000 le nombre de personnes fusillées lors du Caracazo. Perez est le véritable visage de l'opposition « démocratique » appuyée par les États-Unis.
Il ne fait aucun doute que la cabale droitiste et d'exilés cubains anti-castristes à la tête du bureau de l'hémisphère occidental du Département d'État va redoubler d'efforts pour organiser un coup d'État au Venezuela dès que les conditions seront plus favorables. Dans ce domaine comme pour ce qui est de la poursuite de la guerre en Irak, tout indique que la même politique sera poursuivie, même si John Kerry, l'opposant démocrate à Bush, remporte l'élection en novembre. Kerry a déjà fait plusieurs déclarations appelant à exercer de plus grandes « pressions » sur le gouvernement Chavéz, l'accusant de recourir à des mesures « extra-judiciares », de créer un « sanctuaire pour les narco-terroristes » et de semer l'« instabilité dans la région ». Il a également appelé à tripler le financement du National Endowment for Democracy.
Voir aussi :
* http://www.wsws.org/francais/News/2003/jan...Venezuela.shtml 28 janvier 2003
* Venezuela: la CIA prépare-t-elle un autre coup d'état?11 décembre 2002
a écrit :Révolution signifie changement fondamental de situation, pas nécéssairement par la violence
a écrit :sinon pourquoi se présenter aux éléctions...
a écrit :même si c'est souvent le cas.
a écrit :Approfondir le processus révolutionnaire
Après la victoire du « non » au référendum qui visait à destituer Chávez, la question de l’approfondissement du processus révolutionnaire est d’une actualité brûlante, avec à la clé des problèmes d’orientation stratégique complexes, notamment en qui concerne les rapports entre les institutions existantes et les structures d’auto-organisation.
Heureusement que nous avons infiltré Chávez dans le gouvernement. » Cette boutade répandue au Venezuela montre la complexité de la phase actuelle du processus révolutionnaire vénézuélien, qui a parié sur la prise du pouvoir par les urnes pour mettre en œuvre les transformations révolutionnaires. Paradoxalement, l’immense victoire populaire du 15 août dernier, lors du référendum révocatoire contre Chávez, n’a pas encore fait place à la « r évolution dans la révolution » réclamée par la base du mouvement populaire et relayée régulièrement par le président lors de ses allocutions publiques. Alors qu’une partie importante de la base du mouvement révolutionnaire attend une radicalisation de la révolution, force est de constater qu’elle est dans une position délicate qui est le fruit de plusieurs facteurs. Le premier d’entre eux est la disparition, ou la dislocation, de l’opposition réactionnaire et pro-impérialiste, qui a tout tenté pour renverser Chávez. Alors que son offensive a été un formidable facteur de radicalisation et de mobilisation des forces « bolivariennes », sa disparition provoque un vide qui n’est pas comblé par une solide stratégie de transformation révolutionnaire. Le second est inhérent au choix légaliste fait par le mouvement bolivarien. Si ce choix a permis de développer un mouvement international de sympathie à l’égard du gouvernement vénézuélien, il l’a aussi obligé à composer avec les institutions de l’ancien régime. Or, loin du modèle de nos administrations européennes, ces institutions ont répondu pendant des décennies à des réseaux d’influence créés sur la base du clientélisme et de la corruption. Ainsi, non seulement elles sont incapables de toute réactivité, mais constituent des obstacles politiques aux mesures édictées par le gouvernement. Pour remédier à ce problème, Chávez a mis en place des structures de contournement. Les « missions » sociales (alphabétisation, éducation, université, alimentation, santé, coopératives, etc.), créées depuis plus d’un an, l’ont été en marge des administrations, avec le concours de dizaines de milliers de volontaires vénézuéliens et le financement direct de l’industrie pétrolière. Les résultats étant satisfaisants, le gouvernement a décidé d’institutionnaliser ces missions en les confiant à de nouveaux ministères, qui sont censés vider de leur substance les administrations anciennement compétentes et, ainsi, se débarrasser de l’énorme bureaucratie d’État héritée de l’ancien régime. Le troisième facteur se développe au sein même des forces « bolivariennes ». Le divorce s’est creusé entre les partis politiques majoritaires et les bases militantes. L’incapacité de ces partis à mener la campagne contre le référendum révocatoire entre mars et juin dernier avait obligé Chávez à confier la campagne pour le « non » à sa révocation au commando Maisanta. Ce proto-parti faisait la part belle aux bases militantes, au détriment des forces politiques. Des centaines de milliers de Vénézuéliens, organisés en Unité de bataille électorale, ont alors pris en charge la campagne référendaire et voient d’un mauvais œil le retour des partis politiques au premier plan à l’occasion des élections régionales qui auront lieu le 31 octobre prochain. Désignés au printemps dernier par les directions des partis, les candidats apparaissent aujourd’hui en retrait des revendications populaires, voire en décalage avec le mouvement politique lié au référendum révocatoire. Celles et ceux qui ont mené la campagne pour le « non » remettent aujourd’hui en cause la légitimité politique de ces candidats pour mener à bon port le processus révolutionnaire. Au nom de la nécessaire unité du mouvement révolutionnaire, ces candidats seront de toute façon élus. Mais il est fort souhaitable qu’ait lieu, au lendemain des élections, une évaluation critique des mois écoulés, qu’émerge une nouvelle direction politique plus en phase avec la radicalité populaire afin que la « révolution ne dégénère pas en gouvernement », selon les mots d’un général de la révolution mexicaine.
Edouard Diago
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