Olivier Besancenot
Le porte-parole de la LCR ne veut pas se laisser dissoudre dans le collectif.
Par CF
mercredi 18 août 2004
Qu'on se le dise, Olivier Besancenot n'entend pas jouer les révolutionnaires professionnels, le VRP à perpèt' de la bonne parole troskiste aux quatre coins de la planète. Pas question pour le jeune porte-parole de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) et candidat de cette organisation à la dernière présidentielle de laisser le militant bouffer l'individu Besancenot. Dans une interview accordée au numéro de septembre de la revue «Contretemps», la figure de proue de l'organisation d'extrême gauche revendique le droit à l'individualisme. Un discours qui, à une autre époque, aurait pu lui valoir les foudres de son parti pour «déviationnisme petit bourgeois».
Dans la conception révolutionnaire classique, l'individu se doit de se vouer au parti et à son projet d'émancipation collective. Question de génération, Olivier Besancenot estime, lui, que «la question de l'individualisme représente deux défis pour un révolutionnaire : réhabiliter l'individu au sein du mouvement révolutionnaire et auprès des révolutionnaires et, en même temps, dans ton intervention quotidienne, réhabiliter la question collective auprès des jeunes. (...) Notre projet d'émancipation social vise l'émancipation individiuelle au final». Logique avec lui-même il exclut que la Ligue fasse avec lui ce que LO a fait avec Arlette Laguiller. «Je ne veux même pas imaginer que je puisse être le porte-parole de la LCR pendant les trente prochaines années. Je sais que je ne le ferai pas, c'est exclu». «Porter une parole collective ou incarner un rôle de représentation publique, c'est se faire violence, c'est une souffrance», poursuit Olivier Besancenot.
Aux antipodes de cette conception de l'engagement, Arlette Laguiller qui incarne le visage de Lutte Ouvrière (LO) depuis près de 40 ans affirme que sa vie politique et sa vie militante «sont en parfaite harmonie avec ses choix personnels. Je pense qu'on ne peut pas militer 30 ou 40 ans comme c'est mon cas en étant malheureux». Pour Arlette Laguiller, le facteur individuel passe toujours après la défense du camp des travailleurs...
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