(Source : http://www.lefigaro.fr/france/20040814.FIG0077.html)a écrit :L'admiration de Jacques Chirac
Guillaume Tabard
[14 août 2004]
Pour la troisième fois depuis son élection, Jacques Chirac accueille Jean-Paul II sur le sol français. Entre la France et le Saint-Siège, les désaccords ou incompréhensions n'ont pas manqué cette année (nos éditions du 12 août) : refus d'une référence aux «racines chrétiennes» de l'Europe dans le préambule de la future Constitution, loi interdisant le «port ostensible» de signes religieux à l'école, ou encore adoption des lois de bioéthique qui autorisent les recherches sur l'embryon humain.
Mais Jacques Chirac n'a jamais caché son admiration pour Jean-Paul II qu'il avait déjà reçu comme maire de Paris en 1980, puis comme premier ministre en 1986, et qu'il avait rencontré à trois reprises à Rome avant son élection. Entré en fonction le 17 mai 1995, sa toute première lettre officielle fut pour le Pape à qui il fêtait «très chaleureusement» son soixante-quinzième anniversaire. «A chaque fois que je rencontre le Saint-Père, je suis impressionné. Au point de n'être pas tout à fait libre, ce qui chez moi est rare», confiait-il alors à La Croix.
Dès le 20 janvier 1996, le nouveau président se rendait au Vatican pour une «visite d'État», le plus haut niveau protocolaire d'un déplacement à l'étranger. Un événement rare puisque la dernière de ce type avait été effectuée par le général de Gaulle en 1959. «Oui, très Saint Père, la France veut être fidèle à son héritage, à sa vocation spirituelle et humaine», assure le président de la République évoquant, à un autre moment de son discours, «la fidélité de la France à son héritage chrétien».
Neuf mois plus tard, lorsque Jean-Paul II est venu célébrer le quinzième centenaire du baptême de Clovis – une commémoration décidée par François Mitterrand –, les autorités françaises s'inquiètent de l'amorce d'une polémique sur une supposée remise en question de la laïcité. En l'accueillant à Paris, Jacques Chirac lui présente à nouveau une «France fidèle à elle-même, à son passé, à son héritage, au message évangélique», mais aucune représentation officielle n'est prévue à la messe de Reims où deux ministres, Michel Giraud et Hervé Gaymard, assistent à titre privé.
Cette fois, l'attachement à la laïcité n'ayant pas manqué d'être proclamé par le président de la République, le gouvernement ne cherche pas à se cacher. C'est par un communiqué officiel que le ministre de l'Intérieur, Dominique de Villepin, a annoncé qu'il «représentera le gouvernement», à la messe papale du 15 août.
En revanche, contrairement à Pierre Mauroy en 1983, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin ne raccompagnera pas Jean-Paul II demain à l'aéroport. En raison d'une incompatibilité protocolaire. A la même heure, il doit en effet assister sur le porte-avions Charles-de-Gaulle à la célébration du soixantième anniversaire du débarquement en Provence, au côté du chef de l'État qu'il aura préalablement reçu à déjeuner à l'Hôtel Matignon. En «régional de l'étape», c'est le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, maire de Toulouse et ancien maire de Lourdes, qui fera les adieux de la France au Saint-Père.
Ainsi, en huit visites papales, Jean-Pierre Raffarin sera le seul premier ministre à ne pas raccompagner le Pape. Raymond Barre, Pierre Mauroy, Jacques Chirac, Michel Rocard, Alain Juppé et Lionel Jospin s'étaient acquittés de cette mission. Une exception bien involontaire, donc, pour ce catholique plutôt pratiquant qui n'avait pas boudé son plaisir de représenter la France, le 19 octobre 2003, à la béatification de Mère Teresa, coïncidant avec le vingt-cinquième anniversaire du pontificat de Jean-Paul II.
La droite n'est donc pas la seule : la gauche bourgeoise aussi... :bleu-vomi: