Extrême-gauche: le principe du dévouement total au parti en débat (PAPIER D'ANGLE)
PARIS, 17 août 2004 (AFP) - Le principe du dévouement total au parti est en débat au sein de l'extrême-gauche avec l'arrivée d'une nouvelle génération de militants aux postes de responsabilité, incarnée notamment par Olivier Besancenot, porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire.
Agé de 30 ans, candidat à l'élection présidentielle de 2002, il juge "exclu" que la LCR fasse avec lui "ce que LO a fait avec Arlette" Laguiller.
Il "y a un écart dans le type d'engagement des années 60/70 que je n'ai pas connu et le type d'engagement que je vis personnellement", indique-t-il dans une interview à la revue d'extrême-gauche Contretemps, à paraître en septembre et dont des extraits ont été publiés récemment par Le Monde.
"Aujourd'hui, nous ne sacrifions pas à un engagement quelconque l'ensemble de notre vie personnelle ou même professionnelle", déclare ce jeune père, salarié de la Poste, dans cette interview.
Au sein des partis, "le temps est révolu des porte-parole uniques pendant des décennies", a précisé mardi à l'AFP M. Besancenot tout en revendiquant son engagement politique né alors qu'il était encore lycéen.
"Je ne serai pas le successeur d'Alain Krivine", figure historique de la LCR et porte-parole depuis 1969, a-t-il ajouté.
"Il a bien raison", a assuré à l'AFP Alain Krivine, qui partage d'ailleurs aujourd'hui les responsabilités de porte-parole avec Olivier Besancenot et Roseline Vachetta.
"Tout à fait heureuse"
Arlette Laguiller, 64 ans, cinq fois candidate à l'élection présidentielle pour Lutte Ouvrière, a fait un autre choix: elle assure le rôle de porte-parole unique de son parti depuis... 1974.
Retraitée du Crédit Lyonnais, elle a affirmé mardi sur RTL qu'elle était "tout à fait heureuse" et que "sa vie politique et sa vie militante étaient en parfaite harmonie avec ses choix personnels".
"Je pense qu'on ne peut pas militer 30 ou 40 ans comme c'est mon cas en étant malheureux", a-t-elle dit. "Si on est malheureux, je crois qu'on arrête", a-t-elle poursuivi.
"Pour moi, la politique n'est pas une forme de souffrance", a déclaré Olivier Besancenot à l'AFP. "Mais la représentation publique, et notamment médiatique, est une souffrance", a-t-il ajouté en jeune père très soucieux de préserver sa vie familiale. "S'engager en politique dans un combat qui consiste à vouloir changer le monde est épanouissant", a-t-il insisté, "on se sent utile".
"Je ne rends pas les armes", a assuré M. Besancenot. "En cette rentrée, il faut s'engager encore plus en politique", a-t-il poursuivi.
Avec l'arrivée de nouvelles générations de militants, les pratiques changent à l'extrême-gauche, ainsi que le montre le recul de la culture du secret et des pseudonymes. Un changement encore accéléré par les campagnes électorales communes de LO et de la LCR en 2002 qui ont obligé le mouvement d'Arlette Laguiller à une certaine remise en cause de ses habitudes issues de la clandestinité