le Crif dénonce l'alliance "brun-vert-rouge"

Message par Louis » 26 Jan 2003, 12:18

PARIS (Reuters) - Le président du Conseil représentatif des institutions juifs de France a dénoncé samedi soir une "alliance brun-vert-rouge" et provoqué la colère du secrétaire national des Verts, Gilles Lemaire.


"Nous savons bien que la France n'est ni raciste, ni antisémite (...) Mais certains de nos compatriotes le sont, à l'extrême-droite et à l'extrême-gauche", a déclaré Roger Cukierman lors du dîner annuel du Crif.


En présence du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et d'une brochette de ministres et de personnalités politiques, il a jugé "effrayant" que près d'un électeur français sur cinq ait voté en mai 2002 pour le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, lors des élections présidentielles.


Il a cependant réservé ses attaques les plus dures à "un courant d'extrême gauche, antimondialiste, anticapitaliste, antiaméricain, antisioniste", citant notamment la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et Lutte ouvrière (LO).


Il s'en est également pris, sans le nommer, au porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové, qui a apporté spectaculairement son soutien au président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, quand celui-ci était assiégé par l'armée israélienne dans son QG de Ramallah.


"C'est une nouvelle cuisine qui nous mijote de vieux fantasmes dans une sauce à la mode, l'antisionisme", a déclaré Roger Cukierman. "La bonne conscience de ce vaste ensemble est assurée par un vernis progressiste qui se prétend antiraciste."


"Ce courant de pensée antisioniste s'étend aussi à un syndicat paysan. Son chef défie nos lois et développe une agitation fébrile (...) de Durban à Porto Alegre et de Gênes à Ramallah en passant par Seattle", a-t-il ajouté. "Cette alliance brun-vert-rouge donne le frisson. Elle guette les faux pas des démocrates."


Roger Cukierman, pour qui "l'antisionisme est le nouvel habit de l'antisémistime", a déploré qu'une "connivence bizarre" et "contre nature" entre gauche révolutionnaire et mouvements pro-palestiniens ait mené à des appels au boycott de produits israéliens ou d'entreprises "sionistes".


INCIDENT


Ces propos, qui ont paru choquer certains invités, comme le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, ont provoqué un incident: le nouveau dirigeant des Verts a quitté le dîner en plein discours du président du Crif.


"Je n'accepte pas l'amalgame 'brun-vert-rouge'", a dit Gilles Lemaire à Reuters avant de quitter le restaurant du Bois de Boulogne où se déroulait le dîner. "Je ne souhaite pas monter l'incident en épingle et je me retire sans éclat. Mais ce sont des propos irresponsables et inadmissibles."


"Je veux poser un acte politique en partant", a-t-il ajouté. "On n'appelle pas à la laïcité et au respect de la démocratie avec ces mots-là."


Roger Cukierman a également dénoncé la motion adoptée le 16 décembre par le conseil d'administration de Paris VI-Jussieu demandant à l'Union européenne de ne pas renouveler un accord cadre de coopération universitaire avec Israël.


A l'heure où la France et l'Allemagne s'efforcent d'éviter une intervention militaire américaine contre l'Irak, le président du Crif a exhorté les autorités françaises à mener une "lutte victorieuse contre le fanatisme".


"Ceux qui redoutent que la lutte antiterroriste ne mette en péril nos libertés se trompent de priorité, comme autrefois Daladier et Chamberlain", a-t-il dit en faisant allusion aux Premiers ministres français et britannique qui signèrent en 1938 les accords de Munich avec l'Allemagne nazie, en pensant éviter la Seconde Guerre mondiale.


"La démocratie l'a emporté sur le nazisme et le stalinisme. Elle doit éliminer le cancer terroriste, a-t-il ajouté. Nous ne doutons pas que, face au danger, comme dans le passé, la France mènera, unie aux autres nations libres, une lutte victorieuse contre le fanatisme."


Roger Cukierman avait estimé le 1er décembre 2001, lors du précédent dîner du Crif, devant le prédécesseur socialiste de Jean-Pierre Raffarin, Lionel Jospin, que "la haine des Juifs (était) réapparue" en France.


Il a constaté samedi une diminution des actes antijuifs et adressé un satisfecit à l'actuel ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, mais demandé que le délai de prescription de trois mois pour les délits d'opinion raciste ou antisémite soit porté à "au moins un an".
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Message par pelon » 26 Jan 2003, 15:02

Cukierman se conduit comme un vériable agent de Sharon. J'espère qu'il sera critiqué comme il se doit par de nombreux juifs et sera totalement discrédité. Ce n'est qu'un fantoche. Pire qu'un sioniste, une caricature.
Pour combattre l'antisémitisme ce ne sera pas sur lui, en tout cas, qu'il faudra compter...pas plus que sur le bétar.
J'espère une réaction de Jean Claude.
pelon
 
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Message par Louis » 26 Jan 2003, 19:39

je trouve ces propos irrésponsable et dangereux : un certain nombres de sites sionistes prennent pour cible les juifs "traitres" et les désignent a la vindicte populaire. Sont cités entre autres, les dirigeant de notre organisation, en particulier ceux qui ont une activité de soutien au peuple palestinien en lutte
Evidemment, c'est un minimum pour jean claude, mais a la limite, c'est pas le probleme !
Louis
 
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Message par pelon » 26 Jan 2003, 20:27

(LouisChristianRené @ dimanche 26 janvier 2003 à 19:39 a écrit :je trouve ces propos irrésponsable et dangereux : un certain nombres de sites sionistes prennent pour cible les juifs "traitres" et les désignent a la vindicte populaire. Sont cités entre autres, les dirigeant de notre organisation, en particulier ceux qui ont une activité de soutien au peuple palestinien en lutte
Evidemment, c'est un minimum pour jean claude, mais a la limite, c'est pas le probleme !

Sur le forum, je m'adresse à qui en fait partie. Bien d'accord que cela ne changera rien d'autre que notre petite discussion sur le forum.
Sur un plan politique, je pense que certains sionistes ont décidé de passer à la vitesse supérieure. Je ne voudrais pas être parano mais cela commence à faire beaucoup de dérapages sur l'amalgame brun-rouge avec parfois verts. S'il s'agit d'un plan concerté, il faudra aussi répondre comme il se doit. Nous n'avons pas de complexes à faire et en tout cas aucune leçon à recevoir du crif eux dont les dirigeants sont bien passifs face aux exactions des fascistes quand ils sont sionistes.
Avec Mermet, ils se sont ramassés mais les attaques contre ceux qui manifestent contre Sharon sont devenues systématiques.
pelon
 
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Message par Louis » 26 Jan 2003, 20:31

Pelon : nous sommes d'accord sur l'essentiel : le refus de l'amalgame etc etc.

et je pense comme toi a priori

a écrit :S'il s'agit d'un plan concerté, il faudra aussi répondre comme il se doit.


quand a jean claude, les milliers de jean claude, je pense qu'il s'agit d'autre chose, et que eux sont en général des braves types humaniste abusé par la propagande sioniste

Cela dit, il faudra qu'ils s'en rendent compte et en tirent toutes les conséquences
Louis
 
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Message par gipsy » 26 Jan 2003, 21:06

Texte du dernier numéro de convergences révolutionnaires:

a écrit :Antisionisme ou antisémitisme ? L'amalgame


19 janvier 2003



« Antisémites » : rien de moins. Voilà ce que seraient les universitaires de Paris VI qui ont appelé au non renouvellement de l'accord Union européenne-Israël en matière de recherche, pour manifester leur solidarité avec le peuple palestinien. On peut discuter si ce « boycott » est la meilleure façon de le faire. Mais ce n'est assurément pas le souci de nos censeurs pour qui sont « antisémites » tous ceux qui, à gauche et surtout à l'extrême gauche, osent critiquer la politique menée par Israël à l'égard de ce peuple et soutiennent sa lutte. Ils ne font, il est vrai, que suivre un sentier déjà soigneusement balisé.

Ainsi William Goldnadel, président « d'Avocats sans frontières », affirmait il y a peu : « En clair, depuis 20 ans, je dis qu'on a été en France d'une passivité coupable à l'égard de l'extrême gauche. Qu'à manifester une vigilance exclusive, presque rigide, à l'égard de l'extrême droite, on a autorisé l'extrême gauche à être d'une non moins insoutenable insolence antisémite, mais elle, sous couvert bien sûr d'antisionisme » [1].

Une position similaire est développée par Pierre André Taguieff, directeur de recherches au CNRS, qui écrit : « Ce qui est nouveau, depuis la deuxième Intifada, c'est que de façon significative, des associations franco-palestiniennes, des représentants des partis de gauche (PCF, Verts) et de l'extrême gauche trotskiste (LCR, LO), des anarchistes violents (CNT), des militants anti-mondialisation (ATTAC) et des responsables de certaines organisations dites « antiracistes » (MRAP, Ligue des Droits de l'Homme) côtoient régulièrement dans des manifestations dites « pro-palestiniennes » des islamistes (notamment du Hezbollah) prônant le Djihad contre les « Juifs »... Ces « antiracistes » et « antifascistes » déclarés ne paraissent nullement gênés, au cours de ces

manifestations équivoques par les appels à la haine, voire au meurtre, (« Mort aux Juifs, A mort Israël »)… » [2].

Notons que parmi d'autres Schlomo Ben Ami, ancien ambassadeur d'Israël en France, reprend ce genre d'affirmations dans un livre récent [3].

Il peut paraître paradoxal que ces gens-là s'en prennent à une partie de la gauche, et plus particulièrement à l'extrême gauche, qui a toujours été à la pointe de la lutte contre l'antisémitisme en France, justement parce qu'opposée à toutes les oppressions racistes, religieuses ou colonialistes (donc également à celle des Palestiniens aujourd'hui) et qui de plus comptent dans ses rangs un certain nombre de militants d'origine juive. Mais le paradoxe n'est qu'apparent. Il s'agit moins de combattre l'antisémitisme que de justifier le colonialisme d'Israël en disqualifiant par avance comme raciste toute critique radicale à l'encontre de la politique d'oppression des Palestiniens.



Aux origines de l'antisionisme



Il faut donc rappeler tout d'abord que dès le début du XXe siècle -un demi siècle avant la création d'Israël- le mouvement ouvrier socialiste s'opposait déjà sans équivoque à l'idéologie sioniste naissante tout en aidant dans le même temps les masses juives d'Europe centrale et orientale à s'organiser dans des groupes d'autodéfense contre les pogroms.

Ainsi lors de son 4e congrès, tenu en 1901, le Bund, l'Union générale des ouvriers juifs de Russie, de Pologne et de Lituanie, affirmait : « Le congrès considère le sionisme comme une réaction de la classe bourgeoise contre l'antisémitisme... Il peut être un frein au développement de la conscience de classe » [4].

Une vingtaine d'années plus tard, en juillet 1920, l'Internationale communiste condamnait le sionisme dans ses « Thèses sur la question nationale et coloniale », ligne adoptée à partir de 1922 en Palestine sous mandat britannique par le tout nouveau Parti communiste palestinien créé par des militants d'origine juive qui avaient rompu avec le « sionisme prolétarien ».

Cette position fut reprise à la veille de la seconde guerre mondiale par le petit groupe trotskiste palestinien, dans lequel se retrouvaient des juifs allemands ayant fui le nazisme, puis plus tard, après la création d'Israël, par les révolutionnaires du Matzpen.

Antisémites tous ceux-là ? Sans doute comme les militants et résistants juifs majoritairement anti-sionistes - pour l'essentiel appartenant au Bund et au Parti communiste - qui se sont illustrés dans l'insurrection du ghetto de Varsovie au printemps 1943 ?

Aujourd'hui en Israël même des Juifs continuent la lutte contre la colonisation sioniste. C'est du combat de ces militants, que ce soit ceux du Centre d'information alternative de Jérusalem autour de Michel Warschawski, du Bloc de la paix d'Uri Avneri et Oren Medicks, du comité de Jeff Halper contre les démolition de maisons palestiniennes ou encore de ceux du Ta'ayush qui ont multiplié les actions spectaculaires pour dénoncer le blocus des territoires occupés et les brimades quotidiennes que subissent les Palestiniens, que l'extrême gauche est solidaire. Mais la solidarité avec des Juifs israéliens qui critiquent Israël, c'est sans doute encore de l'antisémitisme…

Le 9 janvier 2003

Léo STERN



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[1] sur le site internet pro-israëlien "proche-orient.info".

[2] L'Histoire, octobre 2002

[3] La France et Israël, une affaire passionnelle.

[4] Histoire générale du Bund de Henri Minczeles

gipsy
 
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