(youri @ vendredi 13 août 2004 à 14:22 a écrit : Si le PS est bourgeois , alors il faut l'expulser des manifs
Le meilleur moyen de faire déguerpir le PS, c'est de scander des mots d'ordre radicaux qu'il est incapable de reprendre. De toute façon, il faudrait déjà qu'il se pointe aux manifs, parce que lorsque j'étais à Troyes j'en ai pas vu de militants PS (ou alors ils ne s'affichaient pas en tant que tels) lors du mouvement contre la casse des retraites... Et lors du mouvement contre la guerre en Irak, on le voyait pas beaucoup le PS (il se pointait juste pour dire qu'il était là mais ne militait pas). Le PCF lui par contre se déplacait aux manifs (tant contre la guerre en Irak où le PCF était d'ailleurs l'organisateur des manifs, que contre la casse des retraites) et y militait (je le sais puisque j'y étais à l'époque)...
De la même manière, la sociologie du PS et du PCF était complètement différente (je parle de ce que j'ai vu). Au PS, ce sont en majorité des cadres, tandis qu'au PCF ce sont de simples salariés (souvent de la fonction publique) et le responsable de la fédération était un ancien ouvrier... Et notons aussi qu'au PCF, les élus doivent reverser leurs revenus au PCF qui leur donne ensuite des indemnités (point 19 des statuts) et que la cotisation dépend du revenu de l'adhérent (point 15 des statuts), ce qui n'existe pas au PS.
Alors certes la sociologie du PS est petite-bourgeoise, mais sa politique elle aussi est petite-bourgeoise car elle s'adresse à cette couche là de la société. Cela s'exprime ensuite par des gestes envers cette couche comme la baisse de la fiscalité sur les stock-options ou encore la réduction de l'impôt sur le revenu (accompagnée de la prime à l'emploi pour faire passer la pilule). Mais le PS a également une politique anti-prolétaire : mise en place du forfait hospitalier en 1983 ; instauration de la CSG avec Rocard ; casse de l'hospitalisation publique au profit du privé ; flexibilisation du travail, exclusion des pauses dans le décompte du temps de travail et augmentation des cadences avec les 35 heures ; privatisations ; cadeaux aux patrons avec les allègements de "charges" sociales ; etc.
D'un point de vue électoral, un
dossier de l'Express sur le PS rapporte que selon Pascal Perrineau, directeur du Cevipof, le Centre d'étude de la vie politique française, "en 1995, 26% des ouvriers avaient voté Jospin, contre 12% seulement en 2002; Jospin a aussi perdu 10 points en sept ans chez les employés". Celui-ci note ensuite que "Lionel Jospin ne devance Chirac que chez les enseignants. Il fait ses meilleurs scores chez les cadres supérieurs, ce qui me semble parfaitement symptomatique de l'
embourgeoisement de l'électorat socialiste. Cette tendance-là est sans aucun doute la plus difficile à inverser, parce qu'elle est
structurelle."
Le Nouveau Parti Socialiste dans sa
profession de foi ne dit pas autre chose :
a écrit :La défaite du 21 avril 2002 nous confronte ainsi à notre marginalisation lente et progressive dans le corps électoral. Seuls 13 % des ouvriers et 12 % des employés se sont reconnus dans notre candidat, les autres ayant, semble-t-il, choisi désormais d’autres porte parole. François Mitterrand en 1988 totalisait au premier tour 41 % des ouvriers et 39 % des employés pendant que déjà, notre candidat Lionel Jospin en 1995 ne totalisait plus que 24 % et 20 % d’entre eux. Une telle chute ressemble à une rupture de confiance, peut-être même une rupture de contrat, entre les électeurs acquis au socialisme et leurs gouvernants.