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source: figaro-entreprises
Olivier Poupart-Lafarge : «Un contrat de confiance avec nos actionnaires»
Le directeur général délégué du groupe Bouygues expose les raisons du versement d'un dividende exceptionnel.
Propos recueillis par Nicolas Daniels et Philippe Reclus
[24 juillet 2004]
Le FIGARO ÉCONOMIE. – Vous décidez de reverser l'équivalent de 19% de la capitalisation boursière du groupe Bouygues à ses actionnaires. Pourquoi ce choix et ce calendrier ?
Olivier POUPART-LAFARGE. – Cette opération correspond tout à fait à la culture de notre groupe. Depuis 1999, nous avons sollicité nos actionnaires à hauteur de 2 milliards d'euros pour financer des projets de développement importants. Nous avons investi principalement cet argent dans les télécoms et un peu dans les médias et la construction. Aujourd'hui, ces investissements génèrent des cash-flows positifs importants. Notre endettement a beaucoup diminué. Nous sommes en mesure, tout en conservant notre équilibre financier, de renvoyer l'argent à nos actionnaires.
Peut-on comparer cette opération à celle de Microsoft ?
Ce n'est pas le même esprit. Notre idée est celle d'un contrat de confiance avec nos actionnaires. Nous avons besoin d'argent, nous les sollicitons. Ils nous le confient pour créer de la valeur et non pour obtenir un rendement obligataire. Aujourd'hui, nous avons des disponibilités. Nous leur reversons. Cela n'exclut pas qu'à l'avenir, si nous avons de nouveaux projets d'investissement, nous revenions vers eux. Nous nous vivons comme créateurs de fonds de commerce nouveaux. Nous avons déjà réussi à créer des affaires à partir de rien, comme c'est le cas de Bouygues Telecom, ou en partant d'un noyau modeste, comme c'était le cas de TF 1 en 1987. Si demain, nous avons un nouveau projet de ce type, nous pourrons faire de nouveau appel à nos actionnaires.
Pourquoi préférer la formule du dividende exceptionnel à celle du rachat d'actions ?
Parce que c'était la formule la plus égalitaire vis-à-vis de tous nos actionnaires. L'inconvénient des programmes de rachat d'actions est qu'ils ne profitent qu'à ceux qui vendent leurs actions et reçoivent du cash et à ceux qui contrôlent la société et renforcent ce contrôle.
Cette opération aura un impact dilutif sur le résultat net par action.
Du fait des frais financiers, oui. Mais en contrepartie, le coût du capital de l'entreprise va diminuer de plus de 1%. Cela va augmenter la valeur de l'entreprise d'environ 15%.
Quel sera votre endettement à l'issue de cette opération ?
L'endettement net du groupe représentera un peu plus de 80% des fonds propres contre environ 45% actuellement. Nous reviendrons à 45% dès 2006. L'augmentation de l'endettement sera totalement résorbée par le cash-flow libre dégagé au cours de l'année 2005. Nous retrouverons donc, début 2006, la même capacité d'investissement que nous avons aujourd'hui.
Pourquoi ne pas utiliser cet argent pour renforcer votre contrôle dans vos différentes filiales, Bouygues Telecom, Colas, TF 1 ?
Nous avons déjà 83% de Bouygues Telecom. Nous disposons donc déjà d'une liberté de manoeuvre complète. Aussi bien JC Decaux que BNP Paribas ne sont pas vendeurs de leur participation. Il reste 4% du capital chez Colas. Mais ils sont détenus par le personnel. Dans le domaine de la construction, nous sommes déjà à 100% partout. Chez TF 1, nous ne pouvons pas racheter plus de 2% par an selon la réglementation actuelle.
Comment expliquez-vous la désaffection des investisseurs ces derniers mois pour le titre Bouygues ?
Beaucoup d'analystes ont eu le sentiment que nous avions des capacités financières importantes et s'inquiétaient de la manière dont nous pourrions les utiliser.Ce que nous venons de décider est de nature à les rassurer. Nous rendons l'argent à nos actionnaires. Ce type d'opération est encore très rare en France. Elle est courante aux Etats-Unis.
Cette opération est-elle totalement indifférente de la vente de la Saur ?
Oui. Nous voulons garder une totale liberté de céder ou non la Saur.
Donnerez-vous la priorité à la vente de la Saur à des industriels ou à des financiers ?
Aucune décision n'est prise aujourd'hui. La consultation va commencer. Nous constatons simplement qu'il y a plus de gens qui ont déclaré un intérêt parmi les fonds d'investissement. Dans une première étape, qui commence lundi prochain, nous donnerons de l'information aux acquéreurs intéressés. Sur la base de leurs premières réponses indicatives, nous arrêterons une liste de quelques candidats. Nous n'excluons pas de conserver une participation dans Saur.
La SAUR est spécialisée dans l'exploitation et le traitement de l'eau => L'harmonie est source de progrès :altharion: , celà représente 3000 salariés à travers le monde qui coûtent visiblement trop en terme d'image boursière et donc de profits à ces messieurs.
D'ailleurs promettre de brocarder 3000 salariés ça doit raporter gros si l'on en croit les remarques sur le cash-flow et l'endettement du DG délégué de Bouygues, d'autant qu'aucun engagement n'est pris quant aux conditons de vente de la SAUR... :halalala: