Je ne sais pas ce qu'il faut penser du titre de ce fil. Il me semble qu'au fil de tes messages tu es moins catégorique et que tu trouves que la théorie de Gould est quand même Darwinienne même si elle peut apparaître plus ou moins fortet en fonction de nouvelles données et surtout en fonction des discussions que suscitent ces données; discussions qui tendent les préciser et à limiter leur importance..
Gould écrivait affirmant qu'avant eux (Gould et Eldredge) la "stase" ce n'était "rien"et qu'en en faisant une norme celle-ci devenait digne d'études puisque les recherches se concentraient sur les signes du changement, il écrivait donc :" Les équilibres ponctués représentent encore aujourd'hui un sujet de vif débat, et il se pourrait qu'une partie (éventuellement grande) de cette théorie finisse dans les poubelles de l'histoire; mais je suis fier d'avoir réussi au moins une chose (...): notre conception a sorti la stase du placard."
Bon ça peut être une piètre défense mais elle n'est pas incompatible avec le darwinisme, elle s'inscrit dans cette théorie et en examine les "hypothèses".
Tu dis toi-même que la théorie est valable en partie
a écrit :entendons nous bien, pour le gradualisme, c'est à dire l'accumulation de micromutations qui provoque l'évolution progressive des especes comme le pensait darwin, je ne l'oppose pas à la théorie des équilibres ponctués qui dans sa forme la moins "gouldienne" explique énormement de choses...je doute simplement de la théorie gouldienne sur les petits groupes isolés et marginaux moteurs de l'évolution...
Sur ton analogie avec la révolution française. Gould utilisait quelque part une analogie qui ne semble pas laisser penser qu'il considérait qu'il ne se passait rien en attendant la révolution. IL comparait les équilibres ponctués au fait de faire chauffer de l'eau (il n'y a aucun changement visible, à moins d'avoir un thermomètre mais ce sont les limites des analogies) jusqu'a ébullition.
Subitement ça s'accélérait, l'eau bout et se transforme en vapeur.
Ca me semble correspondre à ce que tu écris
alors que c'est justement l'évolution continue de la société française qui a cree les conditions de la révolution française.
. Gould reconnaît qu'il existe des tendances .
Il ne fait pas de doute que les tendances existent en abondance, et elles forment réellement la matière des "bonnes histoires" classiques. Par exemple, dans le buisson évolutif humain, la taille du cerveau s'accroit vraiment et lorsqu'on examine le buisson du cheval, le nombre de doigt va réellement en diminuant et la taille du corps en s'accroissant, à mesure que l'on s'approche de notre époque.
Néanmoins la vaste majorité des buissons évolutifs ne montrent aucune tendance constante au cours du temps. (...)Il n'y a pas d'objection majeure avec ce que tu écris et j'ai bien compris que le véritable problème pour toi était la "spéciation par isolement".
Là... tu utilises les horloges moléculaires pour réfuter ce point. Dun autre côté des modèles mathémathiques -les algorithmes génétiques- d'après Michel Gillois (in Pour Darwin) donnerait raison à Gould.
Sur le net un autre auteur.
a écrit :On continue de s’interroger sur les modes de spéciation. Ainsi, à la question de savoir si l’apparition de nouvelles espèces est facilitée par la taille des populations, la réponse est plus complexe que prévu. Intuitivement, en effet, on pourrait supposer que plus une population est grande, plus elle peut se fractionner en nouvelles sous-espèces. Or, ce n’est apparemment pas le cas : les observations réalisées sur des espèces d’oiseaux insulaires, par Mayr puis par H. Carson, révèlent que les spéciations rapides se produisent aisément dans de très petites populations (Edward O. Wilson a lui aussi travaillé sur la biogégraphie insulaire et la spéciation). On a discuté au sujet du rôle des chromosomes dans la spéciation ; mais on s’écarte désormais de l’idée qu’à toute spéciation correspondrait une réorganisation chromosomique. Les réaménagements des chromosomes ont d’autant plus de chances de se répandre que les populations sont de petite taille, avec un fort taux de consanguinité, ce qui permet de passer plus vite de l’état hétérozygote à l’état homozygote. On parle alors de « goulot d’étranglement », tant pour les gènes que pour les chromosomes. De même, la spéciation par colonisation d’un nouvel hôte, chez les parasites, est probablement moins fréquente que la spéciation allopatrique (isolement reproductif dû à des barrières géographiques). Les exemples disponibles montrent la prédominance de la spéciation allopatrique à partir d'isolats périphériques. Mais le problème le plus ardu concerne toujours les origines et les mécanismes génétiques de la spéciation, et donc de l’isolement reproductif. Le seuil quantitatif d’un changement radical dans la fréquence des gènes ne semble pas la bonne explication.
(3) Y a-t-il des macro-évolutions en contradiction avec le schéma néo-darwinien (sélection naturelle des variations génétiques) ? Les travaux de B. Rensch, de Simpson, mais aussi de Huxley ont montré que non. En réalité, les macro-évolutions s’expliquent par différentes vitesses d’évolution : ainsi, les chauve-souris sont apparues en quelques millions d’années à partir de mammifères insectivores, mais n’ont quasiment pas changé durant 50 millions d’années. N. Eldredge et S.J. Gould ont supposé que les vitesses évolutives varient selon une modalité stricte (théorie des équilibres ponctués, formulée en 1972) : leur modèle implique que l’évolution s’accélère lors des spéciations (correspondant à des bifurcations) et qu’elle marque un temps d’arrêt entre ces bouffées évolutives. L’étude des archives paléontologiques révèle que la théorie des équilibres ponctués tantôt concorde avec les faits (cas des bryozoaires du Miocène et du Pliocène, aux Caraïbes), mais tantôt non (cas des trilobites de l’Ordovicien du Pays de Galles). De toute façon, ni Darwin ni la théorie synthétique actuelle ne postulent que l’évolution est totalement graduelle. Les conceptions gradualiste et ponctualiste ont donc ceci en commun qu’elles admettent toutes deux l’existence d’épisodes d’accélération évolutive (coïncidant avec les spéciations).
En fait j'ai l'impression que tu t'énerves pour rien ou peut-être que je n'ai rien compris à ce que tu veux dire.
a écrit :moi meme au début j'ai été séduit par les explications de Gould sur les équilibres ponctués avant de m'énerver sur la question du role du hasard et sur son rejet de toute évolution en dehors des "catastrophes".
Gould et d'autres(Ginzburg) insistent toujours sur le fait que la préférence envers telle ou telle hypothèse tient aussi en grande partie à nos "préférences sociales". Ainsi on trouve plus d'américains (au sens large indépendemment du statut social) favorable au catastrophisme que d'européens ou autre.
Je n'arrive pas à savoir si ton agacement est scientifique ou politique et ça perturbe la compréhension.
L'isolat aurait ainsi les préférences des libéraux et l'apparition de plusieurs groupes conviendrait plus à un communiste ? Ce genre de considération qui affleure dans tes propos apporte plus de trouble que d'éclaircissement.
Et en plus pour reprendreune remarque. L'hypothése multirégionale laisse penser ou permet aussi de redonner vie à l'idée qu'il y a une direction de l'évolution qui devait aboutir à l'homme.
Bien sûr personne n'est responsable du fait qu'une hypothèse scientifique puisse renforcer des idées fausses.
Les débats (entre scientifiques pas ceux du forum) ont souvent tendance à cristalliser les positions et ensuite les auteurs tiennent compte des objections et adoucissent leurs hypothèses. Gould insistait sur l'impossibilité de redérouler le film ?
C'est arrivé une fois et ça n'aurait pu jamais se produire.
homo sapiens est un détail de l'histoire de la vie et n'en incarne pas une tendance.
Position un peu radicale qui peut avoir des conséquences, des extrapolations de nature politique. Et alors ?
Nous devons bien être capable de trouver une cohérence à nos opinions politiques qu'elles trouvent ou non un socle dans les sciences de la vie et dans l'origine de l'apparition de l'lhomme. Origine dont nous discuterons probablement encore longtemps.
D'ailleurs Darwin aurait "en partie tiré sa conception de la sélection naturelle des idées de Adam Smith, en les adaptant de façon créative" et c'est pourquoi certains socialistes refusaient cette conception aussi.
On a tous lu ça et c'est pourquoi (si ça intéresse quelqu'un) je n'ai aucune préférence ni pour l'isolat ni pour le multirégionalisme.
Au fait Canardos, tu ressembles de plus en plus à un vieux prof désespéré par ses élèves. C'est ton cas ?