Objet : appel "dossier médical informatisé: le patient doit rester maître du partage de l'information sans être pénalisé"
Madame, Monsieur,
A l’initiative de la Ligue des droits de l’Homme et du collectif DELIS (Droits et libertés face à l’informatisation de la société), nous vous proposons de signer l’appel ci-joint afin que le dossier médical personnel prévu dans le cadre du projet de loi assurance maladie soit institué dans le respect des droits des personnes.
En effet , parmi plusieurs objections que soulève ce dispositif, nous attirons votre attention sur l’atteinte portée à l’égalité entre les citoyens (présentation obligatoire du dossier médical lors de toute consultation, sous peine de non-remboursement partiel ou total des soins) et sur la mise en péril des libertés individuelles (identification du dossier à partir d’un numéro dérivé du numéro de sécurité sociale).
Nous souhaitons, en lançant cet appel, que le gouvernement et le Parlement retirent ces dispositions du texte.
C’est pourquoi nous sollicitons votre soutien, que nous vous remercions de porter à notre connaissance d’ici le 19 juillet à 12 heures, avant le passage du texte au Sénat.
Vous pouvez adresser votre signature à la LDH
communication@ldh-france.org, Tél. : 01 56 55 51 00, Fax : 01 42 55 51 21
Merci de diffuser largement cet appel parmi vos connaissances qui pourraient être intéressées pour se joindre à cette initiative.
Pour la LDH, Michel TUBIANA
Pour DELIS, Pierre SUESSER
APPEL
Dossier médical informatisé :
le patient doit rester maître du partage de l’information sans être pénalisé
Dans le cadre du projet de loi relatif à l'assurance maladie actuellement soumis au Parlement, le gouvernement prévoit la mise en place d’un dossier médical personnel, unique, à visée exhaustive, informatisé et accessible par des moyens électroniques. Le dossier de chaque assuré serait identifié au moyen d’un numéro dérivé du numéro de sécurité sociale. L’accès à ce dossier de tous les praticiens de santé consultés par le patient conditionnerait le remboursement des actes et prestations.
Les sous-signés considèrent que le schéma de dossier médical personnel tel qu’il figure dans le projet de loi :
- porte atteinte à la relation de confiance et à la confidentialité qui régit le colloque singulier médecin-malade, sans qu’il soit prouvé qu’il contribue efficacement à la promotion de soins de qualité,
- sera la plupart du temps inexploitable sur le plan médical dans une visée de continuité des soins,
- risque d’être très coûteux pour des économies attendues aléatoires,
- est dangereux pour les droits fondamentaux et les libertés individuelles, en tendant à constituer un véritable “ casier sanitaire ”: non seulement il retracera un historique du parcours de santé, mais l’usage d’un identifiant dérivé du numéro de sécu rendra possible le rapprochement des données de santé avec d’autres données personnelles du patient,
- constitue une mesure inéquitable et injuste pour les citoyens, du fait de l’obligation de présenter le dossier médical personnel à chaque praticien de santé sous peine de non-remboursement total ou partiel des actes : seuls les plus aisés financièrement pourront s’en libérer s’ils le souhaitent.
Aussi, convaincus que les progrès des technologies de l’information et de la communication peuvent être utilisés au bénéfice des personnes, mais que cela suppose, en lieu et place d’une exhaustivité hypothétique et d’une transparence absolue du dossier médical, des échanges d’information contextualisés en rapport avec les circonstances du soin, les sous-signés estiment que le dossier médical informatisé doit être réalisé dans le respect des droits fondamentaux des personnes. Cela implique de :
- supprimer toute disposition qui conditionne le remboursement des actes et prestations à la présentation obligatoire du dossier ;
- renoncer à identifier le dossier médical par un numéro dérivé du numéro de sécurité sociale ;
- promouvoir un dispositif où le dossier médical informatisé correspond à des sous-dossiers distincts, par exemple en fonction des différents professionnels ou établissements interlocuteurs du patient ;
- établir des règles pour gérer ces sous-dossiers et faciliter la communication entre professionnels de santé, selon des droits d’accès et des échanges électroniques d’information respectant les volontés de chaque patient ; des dispositions particulières peuvent être prévues pour les situations d’urgence médicale.
Signatures à envoyer à la Ligue des droits de l’Homme - service communication :
E-mail : [url=mailto:communication@ldh-france.org]communication@ldh-france.org[/url], 138 rue Marcadet 75018 Paris, Fax : 01 42 55 51 21, Tél : 01 56 55 51 00.