Analyse des résultats par la DN de la LCR

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par alex » 24 Juin 2004, 13:13

Dans le dernier n° de ROUGE :

La direction nationale de la LCR s'est réunie les 19 et 20 juin pour tirer les premiers enseignements des élections régionales et européennes. Le débat ne fait que commencer et devra se poursuivre dans les mois à venir. Toutefois, des éléments de bilan, des pistes à approfondir, peuvent être soumis à la discussion et à la réflexion.

Les élections européennes, avec leurs caractéristiques propres, confirment et amplifient les résultats des dernières élections régionales. L'abstention record de près de 57 % à ces élections européennes confirme que ce phénomène est une donnée permanente de toutes les consultations électorales. Touchant 78 % des moins de 34 ans et 75 % des ouvriers, une telle abstention manifeste la crise de représentation politique que connaît le pays. L'exclusion sociale, l'atomisation des individus, alliées au discrédit de la politique, produisent de l'exclusion politique. Le risque d'une américanisation de la vie politique française est désormais réel.
Hégémonie du Parti socialiste
Avec un succès écrasant du Parti socialiste, un net recul des Verts, une poursuite de l'affaiblissement du PCF et l'échec des listes LCR-LO, le paysage politique à gauche apparaît clairement sous hégémonie PS. L'adaptation libérale de celui-ci, confirmée par son soutien à la Constitution européenne, ne l'empêche pas d'être utilisé par des secteurs des classes populaires pour manifester leur opposition au libéralisme.
Dans ces conditions, les élections européennes se traduisent par une contraction de l'espace électoral à la gauche du PS, au profit de ce dernier. En effet, non seulement les listes LCR-LO ont perdu 460 000 voix par rapport à 1999, mais la perte s'élève à près de 300 000 voix pour le PCF et à presque 450 000 voix pour les Verts. Dans le même temps, le Parti socialiste a gagné 1,1 million de suffrages. "Sanctionner la droite sans amnistier la gauche" disions-nous, il y a bien eu sanction mais aussi amnistie même s'il n'y a pas adhésion.
Que le rejet de la politique libérale du gouvernement Raffarin, exprimé avec force par le mouvement du printemps 2003 pour la défense des retraites, s'incarne dans le succès du PS (et de lui seul), et notamment de Michel Rocard, n'était pas le cadre d'analyse que nous avions développé.
Il faut bien sûr porter un regard critique sur notre campagne électorale, ses limites et ses insuffisances. Mais face à un phénomène d'une telle ampleur, nous avons la conviction que les explications doivent avant tout porter sur l'analyse de la situation politique.
L'enjeu pour la LCR dans ces élections était de faire émerger un pôle électoral crédible susceptible d'initier une dynamique pour la construction d'une nouvelle force anticapitaliste. Cette perspective demeure un objectif, mais ne correspondait pas aux coordonnées de la situation politique. Après le succès d'Arlette Laguiller à la présidentielle de 1995, les régionales de 1998, les européennes de 1999 et surtout la percée de la présidentielle de 2002, nous comptions retrouver une dynamique du même type aux régionales et aux européennes. Nous nous sommes trompés sur les perspectives. Nous avons eu la vision linéaire d'une progression électorale qui nous a conduits à sous-estimer deux faits majeurs.
Le premier, c'est le "traumatisme" du 21 avril qui conduit nombre d'électeurs à voter socialiste, au-delà même de leurs appréciations sur tel ou tel aspect de la politique du PS. Ce réflexe de vote utile, habilement utilisé par les responsables socialistes peut encore jouer lors de la prochaine élection présidentielle.
Le deuxième, ce sont les effets contradictoires de la lutte contre la réforme des retraites. Les résistances sociales restent un des traits majeurs de la période. Elles s'expriment dans le rejet du libéralisme et de la droite gouvernementale. La lutte des intermittents, celle des "recalculés" ou encore les actions à EDF-GDF témoignent, entre autres, de cette combativité maintenue. Mais l'accumulation depuis plusieurs années de vagues de luttes qui se terminent sans victoire ou par des défaites, pèse sur le moral et la conscience de centaines de milliers de salariés. Dans certains secteurs, parmi les plus mobilisés au printemps 2003, s'est progressivement imposé un climat de démoralisation que nous avons mal apprécié. Face à l'impossibilité de faire reculer le gouvernement sur le terrain social malgré des millions de grévistes, le terrain électoral a pu représenter une solution crédible. Au lendemain des régionales, la nomination de... Raffarin et l'absence de réaction face aux attaques contre la Sécurité sociale ont sans doute contribué à renforcer l'abstention.
Ces faits renvoient à un phénomène plus substantiel. Si la crise sociale et politique continue à travailler le pays, si le décalage entre le pays "réel" et la représentation politique peut déboucher sur des explosions sociales, nous sommes confrontés à des obstacles majeurs dans l'expression d'une conscience anticapitaliste, d'un mouvement pour la rupture avec le capitalisme. Une analyse plus sobre des possibilités et des limites de la situation nous aurait permis de tempérer certaines formulations qui exagéraient nos possibilités.
Dès lors, les mauvais résultats de l'extrême gauche ne peuvent être imputés à l'accord LCR-LO ou à une éventuelle campagne en extériorité à la gauche. D'abord, c'est oublier que tant aux élections régionales qu'aux élections européennes nous avons mené une vigoureuse campagne contre la politique menée par le gouvernement et ses conséquences désastreuses pour le monde du travail. Mais surtout, cela ne permet pas d'expliquer pourquoi le PCF et les Verts reculent alors que le PS obtient un de ses meilleurs résultats. Si ces difficultés n'étaient que la résultante de notre orientation, d'autres forces, même de manière déformée, occuperaient l'espace et rencontreraient un certain écho. Nous devons aussi, même s'il faut être prudent, mettre en relation, ces tendances et les signes négatifs qui accompagnent l'évolution du mouvement syndical.
Unité d'action et gauche anticapitaliste
Il nous faut maintenant surmonter notre échec. Si nos résultats renvoient à des difficultés dans la formation d'une conscience anticapitaliste, les résistances sociales face aux attaques du gouvernement et du Medef demeurent une donnée fondamentale de la période. Notre intégration dans les luttes sociales, comme notre politique contre la droite et le gouvernement sont autant de points d'appui. L'indépendance par rapport à la gauche à visée gouvernementale demeure une nécessité. Il ne saurait être question de participer ou de soutenir tout projet de gestion des institutions capitalistes, mais indépendance politique ne signifie pas hostilité au peuple de gauche. Combiner une politique d'unité d'action de l'ensemble des forces sociales, syndicales et politiques contre la politique du gouvernement avec la volonté de faire émerger une gauche anticapitaliste est bien, plus que jamais, une nécessité.

Guillaume Liégard
alex
 
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Message par alex » 24 Juin 2004, 13:15

Direction nationale de la LCR
Le combat continue !

Un ordre du jour plutôt copieux pour la réunion de la direction nationale (DN) de la LCR qui s'est tenue les samedi 19 et dimanche 20 juin...
Quelle appréciation peut-on porter sur la situation politique à l'issue des scrutins du printemps 2004 ? Quel bilan tirer des campagnes menées par la LCR lors des élections régionales et européennes ? Quelles mesures prendre pour régler les problèmes financiers que connaît l'organisation, les résultats obtenus par les listes LCR-LO ne nous permettant pas d'être remboursés des frais de campagne ?
L'échec électoral que nous avons connu soulève naturellement une multitude de questions légitimes : les résultats décevants de l'extrême gauche s'expliquent-ils par la conjonction d'une série de facteurs politiques - au demeurant sous-estimés lors du dernier congrès de la LCR, à l'automne 2003 - tels que la volonté des électeurs d'utiliser le vote PS pour sanctionner le gouvernement Raffarin, l'absence de crédibilité électorale et institutionnelle des révolutionnaires, le traumatisme du 21 avril consécutif à l'élimination de Jospin et, en ce qui concerne les européennes, l'abstention massive des ouvriers et de la jeunesse, catégories où se recrutent majoritairement nos électeurs ? Une majorité de la DN s'est retrouvée sur cette analyse, matérialisée par le vote (à 56 %) d'une résolution réaffirmant par ailleurs la validité des choix politiques et électoraux effectués (lire p. 8).
Pour d'autres camarades (environ un tiers de la DN), la cause de l'échec est aussi à rechercher, de manière significative, du côté de l'orientation et du profil adoptés pour notre campagne, principalement la nature de l'accord électoral conclu avec Lutte ouvrière et l'absence de consigne de vote pour le second tour des régionales : nous nous serions marginalisés en nous excluant nous-mêmes de la mobilisation électorale antidroite. Enfin, une troisième position (environ 15 % de la DN) considère que nous avons pâti de ne pas avoir situé l'alliance avec LO dans une perspective plus vaste et plus durable de convergence des révolutionnaires.
Chacun avait bien conscience que, au-delà du bilan des élections, cette discussion avait également des prolongements sur la définition de nouvelles perspectives pour l'organisation, dans la situation politique qui s'ouvre. Chaque intervenant a souligné la nécessité d'aller au fond des explications. Pas question, donc, de clore prématurément le débat : celui-ci doit se poursuivre lors d'un stage de DN, en septembre prochain. Et un bulletin de débat, ouvert à l'ensemble des militants, permettra l'expression la plus large de l'organisation.
C'est à l'unanimité que la DN a approuvé la proposition de lancer immédiatement une souscription de 350 000 euros ainsi qu'une campagne de recherche de prêts, afin de faire face aux échéances de règlement des dépenses de campagne et de donner à la LCR les moyens de poursuivre ses activités, au coeur des luttes de résistance contre les attaques du Medef et de la droite.
Une résolution fixant le cadre des interventions de la LCR dans les semaines et les mois à venir, pour aider à organiser la résistance du monde du travail et reprendre l'offensive, a été adoptée à 85 %. Pas question d'attendre 2007 ! Il faut, dès aujourd'hui, mettre un coup d'arrêt aux attaques antisociales et transformer le désaveu électoral essuyé par le gouvernement en crise politique ouverte, concrétisant l'exigence d'une dissolution d'une Assemblée nationale désormais illégitime. L'enjeu est de taille puisqu'il s'agit, dans un climat marqué par la division et le manque de détermination, voire la passivité des appareils syndicaux, d'oeuvrer à la mobilisation unitaire, en défense du service public d'EDF, de la Sécurité sociale et du droit à la santé, contre les licenciements et le développement de la précarité. Enfin, alors que les 25 gouvernements des pays de l'Union européenne ont fini par adopter in extremis un projet de Constitution totalement cadenassé dans le carcan des politiques libérales et antisociales, la LCR a décidé de s'adresser à l'ensemble des courants politiques qui partagent son refus du libéralisme pour développer une vaste campagne en faveur d'un référendum permettant que s'exprime massivement un non de gauche, un non anticapitaliste.

François Duval
Rouge 2070 24/06/2004
alex
 
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Message par Alceste » 24 Juin 2004, 15:46

Y a quand meme quelque chose qui est marrant dans tout cela.
Ils sortent toutes les explications possibles de la situation... toutes! Il n'y en a qu'une qui manque à la liste: rien sur un éventuel rejet de l'union européenne!
L'ensemble des peuples d'europe se sont abstenus de se déplacer pour ces élections, le plus souvent de maniere spéctaculaire, et pour la LCR, peinard, cela n'a aucun rapport! Chacun a surement de bonnes raisons nationales...

Mais pourquoi ne pas le dire l'évidence: que partout en europe c'est l'union européenne, ses institutions et ceux qui y sont, qui ont été condamnés?
Peut-etre parcequ'il ne faut pas briser cette belle illusion (ou cette sinistre falcification...): l'europe de Maastricht serait un point d'appui pour le proletariat...
Alceste
 
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Message par Barikad » 24 Juin 2004, 18:59

(wolf @ jeudi 24 juin 2004 à 17:02 a écrit :
Si c'est pour avoir une majorité PS PCF à l'assemblée, fort bien. mais 'est en totale contradiction avec la politique antérieure de la ligue.

Je ne te le fais pas dire :x
Barikad
 
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