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Jean-Marie Messier en garde à vue
lundi 21 juin 2004 (Liberation.fr - 19:03)
Annoncée, la mise en examen de Jean-Marie Messier ne devrait plus être qu'une question d'heures. Depuis ce matin, l'ex-président de Vivendi Universal (VU) est en garde à vue à Paris dans le cadre de l'enquête sur les pratiques financières de la multinationale du temps où il en était le maître tout-puissant. Jean-Marie Messier s'est rendu à la convocation des enquêteurs de la brigade financière dans le XIIIe arrondissement afin d'être entendu dans ce dossier sur de présumées manipulations boursières.
Près de deux ans après le début de l'enquête, l'étau judiciaire s'est donc resserré sur l'ancien «tycoon» qui avait fait d'une ancienne société spécialisée dans la gestion de l'eau et de l'environnement (Messier a pris les rênes de CGE en 1996) un géant franco-américain de la communication (Vivendi Universal en 2000) avant de démissionner en juillet 2002.
Revente illégale d'actions, maniplulation de cours et fausses informations
Depuis plusieurs semaines, les enquêteurs et les juges Henri Pons et René Cros remontent les paliers de la hiérarchie de l'équipe financière de VU. Fin mars 2004, deux anciens responsables de VU, le trésorier adjoint François Blondet, le trésorier Hubert Dupont-Lhotelain et un dirigeant bancaire, le président du directoire de Deutsche Equities (dont les activités sont intégrées dans Deutsche Bank) Philippe Guez, avaient été mis en examen. Depuis, Jean-Marie Messier, - dont le domicile parisien et la demeure des Yvelines avaient déjà fait l'objet de perquisitions en décembre 2002 -, avait lui-même demandé à être mis en examen, «par solidarité avec ses subordonnés et afin de pouvoir s'expliquer», selon son avocat Olivier Metzner. «Nous attendons» déclarait son avocat il y a quelques jours.
Le 4 juin dernier, c'était au tour de Guillaume Hannezo, l'ex-directeur financier du groupe et très proche de Jean-Marie Messier, d'être mis en examen pour «délit d'initié, complicité de manipulation de cours et diffusion de fausses informations». Les faits reprochés à l'ancien bras droit «J2M» concernent des reventes d'actions du groupe en décembre 2001 effectuées juste avant l'effondrement du titre. La manipulation de cours concerne, elle, le rachat de 21 millions de titres de VU entre le 17 septembre et le 2 octobre 2001 pour 1,7 milliard d'euros, après les attentats du 11 septembre à New York et Washington.
Jusqu'à 48 heures de garde à vue
Ce rachat avait été effectué en contradiction avec la réglementation boursière, qui interdit tout rachat d'action quinze jours avant la publication des résultats financiers, les limite à 25% des volumes échangés et interdit les achats à la clôture. Cela a donné lieu à une plainte d'actionnaires de VU. Enfin, la diffusion de fausses informations concerne la présentation présumée inexacte de la situation de la trésorerie de ses filiales Cegetel, Maroc Télécom et Elektrim.
Jean-Marie Messier qui partage sa vie entre la France et New York où il développe ses nouvelles activités de conseil devrait avoir à s'expliquer sur tous ces points face aux enquêteurs puis être présenté aux juges parisiens en charge de l'affaire. D'après son avocat, il se prépare depuis longtemps déjà à cette mise en examen et compte bien se défendre pied à pied. La garde à vue de Jean-Marie Messier peut durer jusqu'à 48 heures.
mais comme le rappelait P. Briançon le journaliste qui a écrit "Messier Story" sur France Info : on a vu bien des PDG passer en garde à vue, sans que cela ne porte à conséquence. leur carrière est toujours assurée.