La gauche peut-elle demander le seul départ de Raffarin ?
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Cela a commencé dimanche soir, avec Marie-Georges Buffet. Les Verts 
ont embrayé. Maintenant, tout le PS s'y met, derrière François 
Hollande. Le message des urnes serait que Raffarin doit partir. Il 
est certes sympathique de constater que les leaders de gauche ne 
tombent pas dans le légalisme législatif aveugle, et sont capables de 
comprendre qu'il y a un problème quand, pour la troisième fois en 
quelques semaines, un gouvernement reçoit une claque d'une telle 
ampleur.
Mais peut-on se contenter du départ de Raffarin, et que voudrait dire 
ce seul mot d'ordre ? Cela signifie-t-il que Marie-Georges Buffet, 
François Hollande, et tous les autres, se résignent à cette majorité 
parlementaire, qui joue les godillots de Chirac au Parlement ? 
Réclament-ils l'arrivée à Matignon de Nicolas Sarkozy, de Jean-Louis 
Borloo ou de Villepin ? Veulent-ils épargner Chirac ? Sont-ils prêts 
à laisser le Medef continuer d'être le vrai gouvernement du pays, et 
à se contenter de remaniements à droite ?
On ne peut en effet s'arrêter à mi-chemin. Si, à juste titre, les 
dirigeants des partis de gauche considèrent que cette majorité n'est 
plus légitime, qu'elle l'entend, au détriment de l'avis populaire 
exprimé lors des derniers suffrages, continuer à casser le modèle 
social issu du Conseil National de la Résistance, et marchandiser 
toute la société, alors elle doit en tirer toutes les conclusions.
C'est la dissolution de l'Assemblée nationale qui doit être à l'ordre 
du jour, et la démission de Chirac.
Ce sont ces perspectives qu'une gauche qui se veut (re)conquérante 
doit ouvrir. Il ne s'agit pas, en paraissant épargner Chirac, d'avoir 
l'air de protéger encore et encore des institutions totalement 
dépassées de la Cinquième, qui font qu'un Président de la République, 
qui n'avait fait que 19 % au premier tour, qui est corrompu, dirige 
un pays comme un monarque, au détriment du Parlement, et transforme 
un premier ministre en potiche.
Mais très sincèrement, la gauche gouvernementale veut-elle, au-delà 
des effets de manche, créer la crise ? On peut en douter pour 
plusieurs raisons. Certains cyniques font le calcul, à travers 
l'offensive libérale du gouvernement, que plus les agressions contre 
les salariés seront féroces, plus ceux-ci, dont aujourd'hui peu sont 
prêts à voter pour un Fabius ou un Strauss-Kahn, le feront en 2007.
Donc, l'essentiel, c'est de respecter le calendrier, en 
s'encanaillant à réclamer le départ de Raffarin, sans le souhaiter 
vraiment.
Pourtant, demander aujourd'hui la dissolution de ce parlement 
réactionnaire serait plus utile que de s'acharner sur le seul 
Raffarin. Qu'a à perdre la gauche ?
Il est vrai que ce n'est pas parce que les électeurs, encore 
traumatisés par le 21 avril, votent massivement PS qu'ils partagent 
le programme d'un parti, qui n'a pas tiré, comme d'ailleurs 
l'ensemble de la gauche, les conséquences du choc du 21 avril. Mais 
ils sont pragmatiques, ils votent utile.
D'autre part, si aujourd'hui Chirac, pour quelque raison, n'était 
plus en état d'exercer son mandat présidentiel, quel serait le, ou 
la, candidat(e) crédible, capable de porter un projet qui rassemble 
tout son camp pour battre le candidat de droite, probablement Nicolas 
Sarkozy ? Hollande ? Delanoë ? Fabius ? Strauss-Kahn ?
Nous on préfère des Montebourg ou des Mélenchon, mais vu le rapport 
de forces internes au PS, cela parait un peu utopique...
Faute de l'homme et du projet politique, que les salariés comptent 
donc avant tout sur leurs propre mobilisation pour faire reculer 
l'offensive du baron Seillière et du frère Sarkozy, autour de 
l'assurance maladie solidaire ou d'EDF, entre autres.
Et que les républicains de gauche, en se liant encore davantage au 
mouvement social, travaillent à une perspective politique qui ne 
laisse pas le pays dans la seule alternance où les sociaux-libéraux 
remplacent les libéraux-sociaux. Borloo-Sarkozy-Bayrou, ou Fabius-
Mamère-Hollande...
Faute de crise politique majeure, que personne ne souhaite dans le 
landernau politique, eux aussi disposent donc de deux ans pour cela...
Mais il arrive que le scenario des stratèges politiques soit parfois 
bouleversé par le mouvement des masses...
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