Un score en demi-teinte pour le Front national
L'euroscepticisme affiché tout au long de la campagne par le Front national s'est soldé, diman- che 13 juin, par un résultat mitigé. En recueillant 1 648 868 voix (9,81 % des suffrages exprimés), le parti d'extrême droite a, certes, nettement amélioré son résultat par rapport aux élections européennes de 1999 (1 005 285 voix et 5,7 % des exprimés), mais à l'époque il abordait la consultation notablement affaibli par la scission qui allait conduire Bruno Mégret à fonder le Mouvement national républicain (MNR).
Avant cette crise, le FN avait recueilli aux européennes, en 1984, 1989 et 1994, entre 2 et 2,2 millions de voix (de 10,5 à 11,7 % des exprimés) et enlevé 10 ou 11 sièges.
Le FN, qui avait 5 élus, en compte désormais 7, loin des objectifs de Jean-Marie Le Pen, qui espérait "de 12 à 14 députés". Le délégué général, Bruno Gollnisch, se voulait plus réaliste en tablant sur 10 sièges. "Nous n'avons pratiquement pas été invités, car le gouvernement assurait la promotion de M. de Villiers, qui était en quelque sorte l'opposition de Sa Majesté", a ironisé M. Le Pen avant de remettre ses espoirs de succès à demain : "Depuis vingt ans, mon euroscepticisme n'a cessé de grandir comme celui du corps électoral, et il y a bien un moment où nous serons en phase."
Par rapport au premier tour des élections régionales du 21 mars, le FN perd plus de la moitié de ses suffrages. Le recul le plus cinglant (- 58 % des voix) affecte la liste du Sud-Est conduite par M. Le Pen, qui doit se contenter de 12,18 % des suffrages et de deux élus. Les dissensions internes, liées à l'éviction de Marie-France Stirbois, ont pu entraver la dynamique de la campagne de M. Le Pen. Ironie du sort, c'est en Vaucluse, fief de son opposant interne Jacques Bompard, que le président du FN enregistre son meilleur résultat départemental (18,16 %). M. Gollnisch a lui aussi subi un échec dans l'Est, avec 12,17 % des suffrages, un seul élu et une perte en voix de 52 % par rapport aux régionales.
Dans le Nord-Ouest, Carl Lang, avec 12,86 % des voix, n'a pas réussi à devancer l'UMP tout en assurant l'élection de 2 députés. Comme prévu, le FN n'obtient qu'un seul siège dans le Sud-Ouest, où Jean-Claude Martinez recueille 8,75 % des voix. En Ile-de-France, Marine Le Pen est la seule élue avec 8,58 % des suffrages. La consolation pour le mouvement de M. Le Pen vient de l'effondrement du MNR, qui totalise 0,31 % des voix, contre 3,28 % en 1999.
Elie Barth