Place Maurice Audin

Message par alex » 27 Mai 2004, 09:49

Audin, «un symbole pour toutes les victimes de la torture pendant la guerre d'Algérie»

Bertrand Delanoë a inauguré mercredi au Quartier latin une place au nom du mathématicien et militant du parti communiste algérien tué par des militaires français en 1957.
Par Judith RUEFF mercredi 26 mai 2004 (Liberation)

Sur la photo, un jeune homme, cheveux bouclés et chemise blanche, les yeux levés au ciel: Maurice Audin, prof de maths à Alger, mort sous les tortures des parachutistes français. Il aurait eu 72 ans cette année. Rue des Ecoles, à quelques encablures de la Sorbonne à Paris, sa femme, Josette, est sagement assise. A côté, Henri Alleg, l'auteur de «La Question», le premier livre sur la torture pendant la guerre d'Algérie. Le maire de Paris est venu inaugurer mercredi une place qui porte le nom du militant du parti communiste algérien assassiné en 1957. En pleine bataille d'Alger, les militaires français sont venus chercher Maurice Audin chez lui. On n'a jamais retrouvé son corps. «Tout le monde s'indigne de ce qui s'est passé en Irak, tant mieux, mais il serait bon que l'on reconnaisse nos propres erreurs», murmure Josette Audin. Pierre Vidal-Naquet, historien et militant anticolonialiste, qui dévoila «L'affaire Audin» en 1958, (le livre est paru aux Editions de Minuit) revient sur le cas Audin.Un nom sur une plaque, c'est important?C'est très émouvant. On s'est battu pendant des années dans le silence et dans le vide. On nous répétait qu'Audin s'était évadé, on nous a servi tous les mensonges possibles et imaginables. Le ministère de la Justice nous a condamnés lorsque nous avons révélé la vérité quelques mois après l'assassinat. Il y a même eu des reportages qui expliquaient que nous avions tout inventé! Sur le plan judiciaire, l'affaire a été classée en 2002. (Le parquet juge les faits prescrits et estime que le non-lieu rendu en 1962 revêt «l'autorité de la chose jugée», ndlr). Il nous reste donc l'action politique. Grâce à cette place Audin à Paris, l'affaire n'est pas morte.Le cas Audin est-il emblématique?L'objectif du comité Maurice Audin, quand nous l'avons créé et aujourd'hui encore, est d'en faire un symbole pour toutes les victimes de la torture pendant la guerre d'Algérie. Son assassinat, le 21 juin 1957, témoigne des heures les plus sombres de cette guerre, alors que les parachutistes «nettoient», comme on disait à l'époque, la capitale de l'Algérie française. N'oublions pas que la pratique de la torture a fait des dizaines de milliers d'autres victimes, algériennes pour la plupart.Quarante-sept ans plus tard, qu'attendez-vous encore?Aujourd'hui encore, la République n'a pas reconnu solennellement l'assassinat. Et l'Etat français n'a pas exprimé de repentance concernant les faits de tortures en Algérie, comme il l'a fait pour la rafle du Vel'd'Hiv de l'été 1942.
alex
 
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