l'histoire de l'éducation populaire

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Valiere » 26 Mai 2004, 14:32

L’EDUCATION POPULAIRE D’HIER ET D’AUJOURD’HUI


L’ANIMATION


F Plusieurs centaines de milliers d’animateurs, 94 OOO équivalents temps pleins dans le secteur associatif sans compter les dizaines de milliers d’animateurs territoriaux ;

F Un début de reconnaissance du temps libre : espace éducatif essentiel et non champ ludique accessoire ;

F Le développement d’un secteur professionnel dans les grandes villes et notamment en Ile de France…..


Voici en résumé la situation de l’animation,


Nous sommes encore loin de l’objectif visé par des mouvements d’éducation populaire comme les FRANCAS qui militent pour que chaque enfant dispose d’un espace éducatif de qualité en relation à la famille et à l’école…

Nous en sommes encore loin… mais nous avons parcouru une longue route en plusieurs dizaines d’années…

- Les centres aérés créés et soutenus par les pouvoirs publics dans les années 50 ;

- la création du BAFA et du BAFD en 1973 ;

- les centres de loisirs qualifiés d’entités éducatives dès 1984 ;

- les Contrats Educatifs Locaux et Contrats Temps Libres ;

- l’existence d’un projet éducatif, condition requise pour qu’une structure soit reconnue


Ces évolutions positives sont la réponse institutionnelle à une demande sociale forte, certes… Mais qui peut nier aujourd’hui qu’il s’agit des premiers fruits de l’action menée par des militants pédagogiques, d’éducation populaire… !?


Les professionnels d’aujourd’hui sont les héritiers et les continuateurs des pionniers de l’éducation populaire

A leur place, dans l’exercice de leur profession, ils poursuivent la mission historique des grands militants qui vise à l émancipation de l’homme, de l’enfant, ce citoyen en construction.




L’EDUCATION POPULAIRE : UNE DEFINITION ?


- L’accès aux savoirs ;

- Le développement des capacités de chacun ;

- La maîtrise d’une situation et non une soumission ;

- La prise de conscience de la place et du rôle des individus ;

- L’accès à une citoyenneté pleine et entière.

Voici cinq principes définissant l’Education Populaire


L’Education populaire vise à la TRANSFORMATION SOCIALE

Passer d’une société inégalitaire à une autre permettant à chacun d’être acteur dans une république fidèle à sa devise : LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE…

Voici là un parti pris et une définition en plein de L’EDUCATION POPULAIRE


AUX SOURCES DE L’EDUCATION POPULAIRE


On pourrait en trouver des traces, en Grèce ou au Moyen Age, certes, mais l’émergence, en France de l’Education Populaire est réellement effective au moment de la construction de la Première république, issue de la révolution française.

Les 20 et 21 avril 1792, Condorcet définit devant l’assemblée législative l’instruction publique , devant relever les défis :

- l’Egalité de tous devant l’éducation ;

- l’éducation permanente tout au long de vie ;

- la gratuité et de l’indépendance de toute autorité politique.

Condorcet trace là les premiers jalons de l’école publique et de l’accès de tous les citoyens au différents savoirs, les transformant en acteurs conscients de leur vie et de la cité .

La distance est grande entre les principes énoncés et la réalité.

Ce combat va être poursuivi, à leur manière par des milliers et des milliers de militants qui vont œuvrer pour la transformation de la société


LES TROIS MATRICES DE L’EDUCATION POPULAIRE

Pendant presque deux siècles : trois courants vont construire l’Education populaire, trois forces différentes, divergentes, s’alliant parfois, se concurrençant la plupart du temps.

LA PETITE BOURGEOISIE REPUBLICAINE

La petite bourgeoisie républicaine a jeté les bases du premier mouvement : la Ligue de l’Enseignement, née en 1866, de la volonté de militants comme Jean Macé.
Il s’agissait de lutter pour l’instruction pour tous dans le cadre de l’école laïque et au-delà dans des activités non encore appelées complémentaires.
Pour la bourgeoisie parlementaire, il fallait consolider la république naissante, unifier le territoire et former des citoyens, bons pères, bons ouvriers et bons citoyens, étant prêts à défendre la patrie.

En 1868, de nombreuses écoles pratiquent l’enseignement gymnastique et militaire. Ces bataillons scolaires, apparus en France après la défaite de 1870 vont se développer grâce à l’action de la Ligue.

Il fallait assurer l’éducation militaire des jeunes ayant dépassé l’âge scolaire.
L’instruction était alors continue entre la fin de la scolarité et le service militaire.

Il s’agissait de conformer l’enfant, le jeune… Il y avait là une convergence entre les orientations du gouvernement républicain et un grand mouvement d’éducation populaire, qui dès 1880 sera reconnu d’utilité publique…

LA CLASSE OUVRIERE EN CONSTRUCTION

Le droit syndical étant reconnu en 1884 avec la loi Waldeck ROUSSEAU, de nombreuses associations de secours mutuels voient le jour.

En 1898 se mettent en place des universités populaires qui vont se développer sur tout le territoire.

La volonté affichée est le rapprochement entre les intellectuels et les ouvriers dans le cadre d’une pratique d’échanges et de savoirs.

Un pacte républicain est, de fait co-signé par la bourgeoisie républicaine et les organisations politiques et syndicales de la classe ouvrière : Asseoir l’école laïque et construire la république.

Des syndicalistes enseignants, des militants pédagogiques vont organiser des patronages laïques, des cours du soir.
Les colonies de vacances vont se développer : l’objectif premier étant sanitaire.

L’EGLISE

La bataille scolaire fait rage…. Le combat est rude entre l’Etat républicain et l’Eglise …
Les enjeux sont essentiels : les premiers veulent construire l’enfant, citoyen républicain… les autres le bon chrétien…
Les patronages se développent à la fin du 19 ème siècle…
.
Les patronages ne peuvent pas être compris sans la mise en rapport concurrentiel des réseaux catholiques (l'Eglise, avec l'Union des associations ouvrières catholiques, dite "l'Union des œuvres") et laïques-républicains (l'Ecole, avec la Ligue de l'enseignement et les Caisses des écoles).Gérard Cholvy recense "en 1900 4 168 patronages catholiques, 90 protestants et quelque 1 500 patronages laïques. Peut-être faut-il doubler ces chiffres pour 1914, tout en étant prudent sur le contenu"

Marc SANGNIER va créer un mouvement le sillon qui va se développer…

Les différents mouvements d’éducation populaire vont parfois se rencontrer.. avec des conséquences non maîtrisées par les initiateurs.

Marc SANGNIER dans son œuvre d’éducation populaire, de l’épanouissement de l’individu, du chrétien social va se trouver en porte à faux par rapport à l’Eglise.
Quand il va conseiller aux catholiques de rejoindre la CGT… Il aura passé le Rubicon et devra se soumettre ou se démettre… Il choisira la deuxième alternative

LE DEVELOPPEMENT DU TEMPS LIBRE ET SES CONSEQUENCES

Après la première guerre mondiale, le monde connaît une crise révolutionnaire sans précédent….
En France, les lois sociales de 1919 instaurent :

- le principe des 3 huit : huit heures de travail, huit heures de loisirs et huit heures de sommeil…
- le statut des conventions collectives

Les accords de 1936 revalorisent les salaires, rétablissent les libertés syndicales, instaurent la semaine de 40 heures et les congés payés…

Les initiatives se multiplient : le ciné club, les mouvements de jeunesse, le scoutisme….
De nouvelles associations vont se créer : les auberges de jeunesse, les Maisons de la culture, les CEMEA…

Certains commentateurs comme Luc CARTON considèrent que la différenciation action syndicale et éducation populaire débute à cette époque.

Une définition de l’Education Populaire est apportée par Léo LAGRANGE, le sous-secrétaire d'État aux loisirs et au sport le 25 juillet 1936 :

" Qu’on m’entende bien ! Il ne s’agit point de distribuer une culture au rabais qu’on aurait baptisée populaire pour en marquer la pauvreté, mais au contraire de créer pour les larges masses dans l’ordre de l’esprit, l’instrument de leur libération et de leur dignité. "





L’ACCES AUX LOISIRS POUR TOUS LES ENFANTS

Pendant la résistance, les grands mouvements d’éducation populaire se rencontrent, discutent, élaborent…
Une grande idée germe dans plusieurs cerveaux :

Pourquoi ne pas utiliser les méthodes actives notamment celles du scoutisme auprès d’une population très large ?
Les éclaireurs de France, les CEMEA, la ligue, le SNI ( syndicat des instits) et la CGT vont ensemble créer un grand mouvement d’enfants : les FRANCAS et FRANCHES CAMARADES…

Si le grand mouvement d’enfants ne se développe guère, par contre les centres aérés se multiplient ainsi que les premiers centres de loisirs qui seront peu à peu reconnus par la Jeunesse et Sports.

Les colonies de vacances vont évoluer avec une dimension éducative, ce sera l’œuvre des CEMEA, des organisateurs tels que la Ligue de l’Enseignement, les comités d’entreprise…
L’enfant n’est plus considéré comme un être à protéger mais comme un être social en construction.
L’objectif visé par les Francas est : « l’Emancipation de chaque individu, le plus libre possible, dans la société la plus démocratique possible »…

Cette lutte pour un temps libre, de proximité a connu quelques avancées grâce aux politiques publiques qui ont relayé une demande très forte des mouvements d’éducation populaire, œuvre collective et individuelle de nombreux militants..

La reconnaissance de la fonction éducative du temps libre et celle des droits de l’enfant sont des avancées considérables…Si les pouvoirs publics et les Municipalités ont pris le relais en ce qui concerne l’organisation des loisirs de proximité, la mission historique des mouvements d’éducation populaire est loin d’être épuisée…
Les réductions budgétaires gouvernementales nous font craindre pour l’avenir des associations qui voient leurs moyens fondre alors que les tâches à accomplir restent immenses.

L’accessibilité de tous les enfants et jeunes à des loisirs diversifiés est l’un des enjeux éducatifs et sociaux de ce début de troisième millénaire…

La laïcité est pour nous une valeur humaniste fondamentale qui doit permettre de faire vivre une mixité sociale, riche des diversités dans le respect du développement de la personnalité de chaque enfant.

L’animateur est un éducateur qui doit, par son comportement, apprendre aux enfants à vivre ensemble, par delà les différences sociales et religieuses…

La laïcité est un des fondements républicains essentiels, à préserver et à défendre contre toutes les dérives communautaristes.
Valiere
 
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