Ce que je disais :
(Maël Monnier @ lundi 10 mai 2004 à 10:40 a écrit :
Lorsque tu auras compris que ce ne sont pas les élèves qui sont "inadaptés" mais que c'est le système scolaire qui est inadapté, tu comprendras un peu mieux la logique du système capitaliste, qui est de tout formater, de tout normaliser et d'éjecter les dissidents, les "hors-normes". A titre d'information, à Summerhill, une expérience a été menée où des élèves en difficulté scolaire étaient envoyés dans une école où maîtres et élèves étaient mis sur un pied d'égalité et où les grandes décisions étaient débattues lors d’une assemblée hebdomadaire selon un principe autogestionnaire. Les élèves y travaillent, leur niveau général est correct, comme purent le constater des inspecteurs du ministère britannique de l’Éducation. Lorsqu’ils décident de passer un examen, la plupart réussissent : on peut y trouver un garçon qui apprit à lire à douze ans, tout occupé qu’il était de mécanique et d’électricité, et qui, adulte, devint ingénieur. Et je ne vois pas pourquoi (contrairement à tous ces réacs anti-68ards ou qui se sont assis sur les idéaux de 68 comme bon nombre de gauchistes) cette expérience ne pourrait pas être généralisée. Le système capitaliste ne tiendrait pas le choc et c'est justement une raison pour le faire.
[...]
on pourrait très bien fonctionner avec des classes de 60 élèves, c'est une question d'organisation : le système actuel fonctionne uniquement de maître à élèves, et laisse de côté la relation entre les élèves qui pourrait avoir lieu parce que le but du système actuel est que les élèves soient en concurrence les uns avec les autres (avec ses effets inévitables : la triche et la fraude aux examens), ce qui est stupide car les élèves pourraient s'entraider les uns les autres, s'éduquer les uns les autres en fonctionnant en groupes et se stimuler réciproquement, le rôle du maître étant de coordonner l'avancement de l'ensemble des groupes pour qu'il n'y ait pas de dispersion excessive, d'inviter les groupes qui vont vite à aider les autres groupes qui sont plus lents (encore que la lenteur puisse être une bonne chose), et de fédérer les résultats, les questions des différents groupes.
Ce qu'objecte Terouga :
(Terouga @ lundi 10 mai 2004 à 14:20 et 14:26 a écrit :
Je suis partisan de TOUTES les expériences qui pourraient améliorer l'alphabétisation et la culture des élèves, mais garre aux établissements "auto-gérés", chassez la hiérarchie, elle revient au galop ! Quand on dépouille les enseignants de leurs pouvoirs (ho le vilain mot) et que les sanctions deviennent rares, les parents d'élèves puissants, etc. Que se passe-t-il donc ? A un ordre "républicain" (oh le vilain mot) se superpose un ordre de bande, de racket, du plus fort en somme.
En ZEP (comme ailleurs) il s'agit de traiter 1 seul pourcent de délinquants-violents ! Ni plus, ni moins. Même les gosses de milieu très populaire (à qui j'enseigne) sont adpatés au système. Pourquoi donc "comprendre" (sic) les violences de 1 % de gens néfastes qui, par leur comportement, n'enbêtent pas les bourgeois du centre-ville, mais leurs cousines studieuses ???
Les expériences de l'après 68 (Libres enfants de...) ont montré leurs limites : si certains petits peuvent effectivement s'épounouir dans un système différent il faut donc ménager au collège unique des structures parallèles associées qui permettent de vider le collège d'éléments inadaptés, puis perturbateurs et parfois carrément dangeureux...
Autre chose sur Summerhill, un de mes proches (partisans de ce genre d'expérience) avait lu des bilans 20 ans après le début et plutôt mitigé !
Outre le fait que le droit d'inscription est très élevé certains jeunes sont encore TOTALEMENT illétrés à 16 ans ! Seuls les petits souffrant de lourds problèmes psychologiques trouvent un mieux à s'autogérer.
En clair, si ça marche quelque peu, c'est bien parce que le tri par le fric est incontournable au début...
L'anarchie rendue possible par la fortune privée... Triste morale
Ma réponse :
Ce n'est pas parce que c'est autogéré, que c'est le bordel. Et inversement, on peut avoir le bordel sous une organisation hiérarchique. A Summerhill, il y a des règles adoptées démocratiquement en assemblées générales, qui peuvent être révisées et qui sont adoptées à la majorité, règles qui doivent ensuite être appliquées. Un élève peut prendre une sanction contre un enseignant et un enseignant peut prendre la même sanction contre un élève (les sanctions sont employables des deux côtés, ce qui fait que la relation est égalitaire). Selon un visiteur cité sur le site de l'école de Summerhill, il doit y avoir des disputes à Summerhill, mais il n'en a pas vu. Il se peut que des élèves plus âgés se positionnent en tant que rois par rapport aux plus jeunes, mais il n'en a pas perçu le moindre soupcon. Ce qu'il a vu, ce sont des enfants d'âge différents qui se cotoient dans la bonne humeur, les élèves plus âgés qui prennent soin des plus petits, des enfants qui discutent sans considération de leur âge. Il arrive que les nouveaux venus, qui viennent la plupart du temps d'écoles hiérarchiques essayent de mettre le bazar souvent par rébellion vis-à-vis de l'ancien système où ils ne pouvaient pas se rebeller, mais ils finissent par se calmer et par s'intégrer.
Je n'ai ensuite jamais dit que les enseignants ne devaient plus avoir de pouvoir : j'ai dit que les élèves et les enseignants devraient être mis sur un pied d'égalité, c'est-à-dire que ni les élèves, ni les enseignants ne doivent prédominer. Ensuite, je n'ai aucunement parler des parents d'élèves : les parents n'ont PAS à décider de la vie de "leurs" enfants, c'est aux enfants de décider de leur vie. Les parents n'ont donc rien à objecter sur le contenu des cours, pas plus que la société.
Vis-à-vis des droits d'inscription, l'école fait tout ce qu'elle peut pour qu'ils soient le plus pas possible, et ils sont parmi les plus bas du Royaume-Uni, et un fond a été créé pour les familles aux revenus limités pour accorder des bourses à leurs enfants. Et ton argument sur le fric pour dire que cela marche est complètement stupide (désolé) : un enfant de pauvre ou un enfant de riche, c'est exactement la même chose si on l'isole de sa famille d'origine et si on les place dans des conditions identiques. Vis-à-vis de l'illetrisme, c'est le problème de l'enfant après tout et puis au nom de qui il faudrait que TOUS les enfants sachent lire et écrire ? C'est du totalitarisme que d'avoir une telle vision. On peut être intelligent et se passer de la lecture et de l'écriture : l'intelligence manuelle vaut tout autant que l'intelligence purement intellectuelle.
Dire qu'il n'y a qu'1% d'enfants inadaptés au système actuel, c'est FAUX. Personnellement, si tu m'avais eu en classe tu aurais pu dire que j'étais "adapté" mais ce n'était pas le cas. Cela me faisait terriblement chier d'avoir à apprendre par coeur les dates de règne des rois au Moyen-Age ou les noms de ville du Japon ou encore les formules mathématiques, de suivre les cours de flute et de poésie, de lire certains romans barbants qu'ils fallaient ensuite travailler pendant des lustres, etc. ? C'est comme de dire qu'il n'y a qu'1% des travailleuses et des travailleurs qui sont inadaptés au système capitaliste (celles et ceux là qui finissent à en service hospitalier psychiatrique par exemple). Et je te ferais remarquer aussi que les militants révolutionnaires n'excèdent probablement pas 1% de la population, faudrait-il alors en conclure que le système étatique et économique actuel est adapté et que les révolutionnaires ne sont que des agitateurs qu'il est bon de réprimer ?
Enfin, le système de Summerhill peut très bien être généralisé (à moins que l'on refuse la démocratie directe, l'égalité et la liberté et que l'on préfère un système dictatorial), les enfants réagissant positivement à la liberté et à l'autogestion. Lorsque cela ne marche pas, c'est parce qu'il y a des tensions entre le système scolaire et la vie de famille de l'enfant. Occasionnellement, certains cherchent à faire la loi, et ils sont alors exclus s'ils perturbent la vie des autres enfants en créant la peur ou en répandant des influences négatives, et généralement, c'est que l'école ne les intéresse pas. Les conflits sont résolus lors des assemblées générales, et généralement celles et ceux qui cherchent à faire la loi finissent par se calmer.
A titre d'information, une école libertaire existe en France, sur l'île d'Oléron : l'école Bonaventure.