par Cyrano » 29 Avr 2004, 22:44
Mon message du mercredi 28 avril 2004 à 13:55 était un peu lapidaire sur certains points. Alors, évidemment, les bourrins tapent du sabot illico.
Avoir conscience de sa force collective, c'est classe !
M'étonnant de l'étonnement de Friedrich qui ne comprend pas que les travailleurs « doivent retrouver la "conscience de leur force collective" », j'avais écrit :
« C'est écrit par une personne qui se revendique de l'héritage révolutionnaire d'Octobre ? La conscience de classe, aux chiottes ! »
Je voulais dire : pendant qu'on y est, quand on ne comprend pas ce qu'est, pour les travailleurs, la conscience de leur force collective alors autant aller jusqu'au bout et nier aussi l'existence possible d'une conscience de classe.
Je n'arrive pas à voir pourquoi Friedrich fait son Kesako sur cette formule :
« "Conscience de leur force collective" ? Kezako ? Concretement c'est quoi ? Les travailleurs n'ont jamais eu "conscience de leur force collective" »
Oui, disons alors que les travailleurs doivent renouer avec des luttes qui leur permettront d'accroître leur confiance dans leur propre force ? Ce qui leur permettra d'avoir conscience de la force collective qu'ils représentent ? Est-ce que comme ça, ça va ?
La conscience de classe, la poule et l'œuf
Mais la réponse de Friedrich est elle aussi un peu lapidaire :
« La conscience de classe n'est jamais sortie d'ailleurs que des organisations de classe et des conquêtes ouvrières (syndicats, Iere internationale, IIe inter., revolution d'octobre, IIIeme inter., IVeme etc, la sécurité sociale, etc.) c'est leur constitution qui crée la conscience de classe et leur destruction qui entraine la perte de conscience de classe. »
DAISY remarque justement que la constitution de cette conscience de classe est un processus dialectique :
« Et la constitution spontanée des organisations de classes, qui entrainent l'élaboration d'une conscience de classe ? Un peu shématique ton truc, non ? Qui de la poule ou de l'oeuf... »
Et puis, ne pas oublier :
« L'existence d'organisations syndicales et politiques issues des luttes ouvrières signifie une certaine conscience de classe. A leur tour, elles peuvent devenir des obstacles à un développement ultérieur de la conscience de la classe ouvrière. » (Stéphane Just, "Défense du trotskysme", 1965)
La conscience, la réflexion
Cette histoire me rappelait quelque chose, mais quoi ? Ça m'a pris du temps, j'ai retrouvé… Ça cause de camarades qui devraient réfléchir davantage :
« Mais si ces camarades réfléchissaient davantage, ils verraient que le problème n'est pas aussi simple. S'il suffisait de coller des timbres sur d'autres cartes, de payer des cotisations à une "bonne" organisation, il y a longtemps que la classe ouvrière se serait émancipée, ou en tout cas ne serait pas là où elle est aujourd'hui. Quand ces ouvriers auront adhéré à la nouvelle organisation, en quoi la situation, telle qu'elle résulte aujourd'hui de la collaboration anti-ouvrière de l'Etat, du patronat et des stalino-réformistes, sera-t-elle modifiée au profit des ouvriers ? Sortir de la situation actuelle, c'est changer le rapport de forces entre la classe ouvrière d'une part, ses exploiteurs et leurs serviteurs de l'autre. Pour cela, il faut l'activité consciente et la solidarité des travailleurs dans l'usine, une meilleure capacité de combat et d'union, un niveau plus élevé de conscience de classe. C'est sur ce terrain de l'activité réelle de la classe ouvrière que se trouve la solution, et non pas dans la multiplication des organisations syndicales. »
(A. Mathieu (Barta), "Lutte de classes", N°62, 27 MAI 1946)
1946 ! La révolution russe datait d'à peine trente ans…