Après les élections régionales...

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Message par Barnabé » 08 Avr 2004, 06:32

a écrit : Après les élections régionales, quelle politique pour l’extrême gauche ?



Le triomphe de la gauche – le Parti socialiste plus ses alliés radicaux, Verts et Parti communiste – est donc complet : la majorité absolue des voix au deuxième tour, ce qui ne s’était jamais vu à des élections régionales, et la prise en main de l’exécutif dans 24 régions sur 26, du jamais vu non plus pour aucun parti qu’il soit de droite ou de gauche.
Certes le changement de mode de scrutin y est pour une bonne part. Cette fois, encore plus que dans les élections précédentes soit il éliminait les petites formations (entendez celles qui n’ont pas obtenu au moins 10 % des votes au premier tour, la principale victime cette fois-ci étant l’extrême gauche) soit il leur imposait de faire allégeance et s’intégrer à l’une des deux grandes, l’UMP pour la droite, le PS pour la gauche (même s’il est vrai que ni le PCF ni les Verts, pour ne pas parler des radicaux ou autres chevènementistes, n’avaient vraiment besoin d’être forcés par le système pour se coucher devant le PS lorsque quelques sièges de députés, voire quelques postes de ministres sont en jeu ; ils l’ont déjà prouvé).

Trop tôt, trop vite, trop ample.
Il n’empêche. Voilà le PS, qui avait connu son nadir électoral il y a deux ans, remonté au zénith. Décadence et grandeur du système démocratique bourgeois.
On aurait pu s’attendre à ce que nos politiciens de gauche, après ces deux ans de traversée du désert, explosent de joie. Il n’en a rien été. La modestie affichée, pour ne pas dire l’humilité, était au contraire patente. Et pas seulement entre les deux tours où on pouvait la mettre sur le compte de la volonté de ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué et de ne pas effaroucher l’électeur en montrant trop d’arrogance. Mais tout aussi bien après l’écrasant succès du deuxième tour.
Quasi unanime, le PS tout entier, éléphants comme jeunes loups, a donné l’impression que la victoire lui arrivait trop tôt, trop vite et trop ample.
Son embarras est compréhensible. Sa stratégie depuis deux ans (mais c’est celle que droite et gauche appliquent à tour de rôle depuis des lustres lorsqu’elles se retrouvent dans l’opposition) était simple. Après la raclée électorale de 2002, surtout bouger le moins possible, attendre et laisser faire la droite. Attendre que celle-ci s’use et se déconsidère au pouvoir et que, ses méfaits ayant quelque peu fait oublier le triste bilan de la gauche, les électeurs remettent un bulletin dans l’urne en faveur de celle-ci. C’est ce qu’on appelle l’alternance.
Oui, mais voilà ! En multipliant les cadeaux aux possédants et les attaques contre toutes les couches populaires et salariés (des chômeurs aux chercheurs, des travailleurs des services publics aux enseignants), Raffarin a joué un mauvais tour au PS. Eh oui, en y allant aussi fort et aussi dur dans ses « réformes » (ce dont sans doute les socialistes n’étaient au fond pas si mécontents : après tout c’était un sale boulot de moins dont ils n’auraient pas à se charger à leur retour au pouvoir ; et ils n’ont pas bougé le petit doigt pour s’y opposer ou aider les travailleurs à s’y opposer), Raffarin a précipité le mouvement de balancier.
Il avait fallu 5 ans à Jospin pour déconsidérer la gauche et faire que les électeurs regardent à nouveau vers la droite, voire l’extrême droite. Deux ans ont suffi à Raffarin pour que sa politique soit vomie par la majorité des électeurs. Du coup, comme la République était surtout belle sous l’Empire, la gauche est redevenue presque attrayante sous la droite.
Pourtant, en tournant aujourd’hui les yeux vers la gauche, les électeurs ne l’ont pas fait forcément avec plus de confiance qu’ils l’avaient fait deux ans auparavant envers la droite. Ainsi, par exemple, d’après les calculs de Lutte Ouvrière (numéro 1861, 2 avril 2004) une partie des électeurs d’extrême droite du premier tour auraient reporté leurs suffrages sur la gauche au second. Passer en huit jours de Le Pen à Hollande n’indique certainement pas une confiance absolue ni dans le second ni dans le premier. Cela n’indique pas non plus qu’on puisse les classer dans « l’électorat d’extrême droite » (un tel concept supposant pour le moins un vote… un peu plus systématique !). Cela confirme simplement qu’un certain nombre étaient à la recherche du vote le plus efficace possible contre Chirac, Raffarin et leur politique. Puisqu’à l’issue du premier tour c’était la gauche qui était la plus à même de sanctionner celle-ci, va pour la gauche. La même chose d’ailleurs pourrait être dite pour « l’électorat d’extrême gauche » du premier tour, qui au second a en bonne partie voté pour la gauche… et sans doute des abstentionnistes et des votes blancs et nuls du premier tour, eux aussi moins nombreux au second.

Tout… sauf prendre ses responsabilités !
Voilà donc qu’une majorité d’électeurs s’est prononcée contre la politique Raffarin en même temps qu’elle a investi la gauche du pouvoir dans les régions. Ce n’est peut-être pas beaucoup, mais pas rien non plus. Les dirigeants du PS, comme l’ont montré leurs premières réactions, n’ont pourtant pas l’intention de surestimer l’honneur qui leur est fait ni les responsabilités dont les électeurs les ont investis.
Inutile sans doute de souligner le ridicule de l’indignation montrée à l’annonce du maintien de Raffarin au poste de premier ministre. « Faute » affirmait l’un, « autisme et surdité du président » a ajouté un autre, « bras d’honneur aux électeurs » a renchéri un troisième, et tous de hurler au « scandale ». Les propos n’ont pas manqué de vigueur. Ils n’ont fait que souligner les faiblesses des propositions. Car si « Chirac n’entend pas », la conclusion à tirer ce serait que les lamentations ne suffisent plus. Et à des gens qui viennent de recueillir les suffrages de la majorité, le problème posé est de comment lui faire entendre autrement que par la voix des urnes. Mais halte-là ! Si la renomination de Raffarin est un scandale c’est parce que Chirac « prend le risque d’aggraver la crise de confiance (…), les tensions et les conflits ».
Il est clair en fait que le PS entend bien camper sur la ligne de conduite adoptée depuis deux ans : laisser la droite faire le sale boulot, se contenter de le déplorer et attendre 2007, années des élections présidentielles et législatives, pour avoir une chance de revenir au pouvoir.
Cette stratégie n’est pas seulement due à un respect excessif pour la légalité républicaine, comme le suggèrent certains commentateurs (pour s’en féliciter évidemment). C’est d’abord et avant tout parce que le PS n’a aucune autre politique dans ses cartons que celle qu’applique aujourd’hui Raffarin. Les plans de licenciements qui s’ajoutent les uns aux autres ? Mais c’est Jospin qui le premier a affirmé que le gouvernement ne pouvait rien devant les décisions du grand patronat de fermer une usine ou de jeter une partie des travailleurs à la rue. Réformes des retraites ? Elle avait été élaborée il y a quinze ans sous Rocard et Mitterrand ; et Jospin s’est bien gardé de revenir sur les premières mesures Balladur augmentant le nombre d’annuités pour le privé. Réforme de l’assurance maladie ? Tous les présidentiables de 2007 (Strauss-Kahn, Fabius ou autres) affirment qu’elle est nécessaire, même s’ils ajoutent maintenant qu’elle doit être juste… mais sans dire comment.
L’aveu est en fait venu de Hollande lui-même. Au soir du premier tour il annonçait que maintenant que les électeurs l’avait choisi, le PS… allait se mettre de toute urgence à la définition de son programme. Et trois jours après, il annonçait la mise en place de la commission chargée d’élaborer le projet socialiste pour 2007. Ainsi le PS a appelé les électeurs à repousser la politique de Raffarin mais sans en avoir une autre à proposer ? Sans même savoir ce qu’il veut faire ? Une belle naïveté si ce n’était une grosse roublardise. Car lorsque Hollande nous explique que ça va être, dans les mois et années à venir, la tâche du parti de définir programme ou réformes « justes », il s’agit simplement de lanterner et berner ses électeurs actuels. Donner du temps au temps disait, paraît-il, le retors Mitterrand. Hollande fait mieux : il donne du temps à Chirac et Raffarin, le temps de faire passer les réformes contre lesquelles s’insurgent aujourd’hui les travailleurs. Et dans trois ans, si les électeurs sont assez bons pour revoter pour le PS, alors celui-ci nous expliquera qu’on ne peut revenir sur ces réformes déjà entérinées… exactement comme Jospin n’est pas revenu sur les réformes Balladur à propos des retraites.

L’extrême gauche dans la mêlée ?
Au risque de passer pour d’incorrigibles optimistes, il nous semble que l’extrême gauche au sortir de ces élections régionales n’est pas dans une plus mauvaise situation, loin de là.
Certes, bon nombre de militants et de sympathisants, en particulier de ceux qui ont fait la campagne, sont quelque peu déçus des résultats. Et les commentaires de la gauche, soulagée après avoir un moment craint que le score de l’extrême gauche empiète sur le sien, ont parlé de notre « stagnation », voire notre « insuccès ». Pourtant cette inquiétude avant les élections et même ce soulagement après (soulagement que l’extrême gauche n’ait recueilli… que 5 % de voix, grosso modo un score équivalent à celui des élections régionales précédentes, et qui avait été jugé alors par les mêmes souvent comme une « percée » sur la scène politique) montrent que l’extrême gauche est bien devenue une force politique avec laquelle il faut compter.
Certes bon nombre d’électeurs, y compris de ceux qui regardent l’extrême gauche avec sympathie ou avaient voté pour elle dans des élections précédentes, ont préféré cette fois porter leur suffrage sur la gauche. Mais les réactions recueillies par les militants révolutionnaires dans les milieux populaires et surtout les entreprises ne nous indiquent aucun désaveu de l’extrême gauche pour cela. Nul reproche, ou bien peu, même de ces électeurs de gauche, pour nous être présentés contre la gauche ; nul reproche d’avoir divisé, comme en d’autres temps pas si lointains ; nul reproche même des électeurs d’extrême gauche du premier tour, qui sans aucun doute sont pourtant allés en nombre voter pour la gauche au second, de la consigne de vote, ou plutôt de l’absence de consigne, pour le deuxième tour. C’est dire que leur vote pour la gauche n’est pas sans réserve. C’est dire que les illusions en celle-ci et les attentes sont limitées.
Ce sentiment semble d’ailleurs partagé par… les dirigeants du PS eux-mêmes. Ainsi, si l’on en croit Le Monde du 1er avril (et ça n’avait pas l’air d’un poisson), Hollande aurait déclaré devant la presse : « je ne suis pas favorable à ce que la rue prenne la place des urnes ». C’est avouer publiquement ses inquiétudes sur l’impatience éventuelle des électeurs comme ses doutes sur les illusions de ceux-ci dans l’utilité de leur seul vote.
Mais pour nous, c’est surtout l’indication de la politique que l’extrême gauche peut développer dans la période qui vient.
D’abord continuer bien entendu de défendre une ligne de lutte de classe sans concession contre tous les adversaires du monde du travail, le patronat, le gouvernement et tous leurs serviteurs politiques. Les prochaines élections européennes sont une occasion de redévelopper une politique sans compromission et indépendante de tous les partis gouvernementaux de droite et de gauche.
Ensuite démystifier les formules lénifiantes, faites pour noyer le poisson, par lesquelles le PS (dans sa volonté de se distinguer, le PCF tentant d’être un peu plus incisif et un peu plus précis… sans toujours y parvenir) prend une posture d’opposant, voire de « résistant » à l’actuel gouvernement sans avoir à risquer quoi que ce soit.
Il faut, nous dit-il, revenir sur les « réformes injustes ». Il faut « rénégocier les mesures antipopulaires ». Des « réformes justes » ? Sans préciser lesquelles, ce ne sont là que des formules qui, bien trop souvent par le passé, ont annoncé concessions ou trahisons.
« Renégocier » des mesures anti-populaires ce serait exiger :
le retour aux 37 ans et demi d’annuités pour le droit à la retraite pour tous ;
le refus des déremboursements des dépenses de santé et de toute augmentation des cotisations salariales pour la Sécu ;
l’abolition des mesures scélérates et réductions d’indemnité qui ont frappé les chômeurs ;
l’arrêt de toutes les subventions au patronat et les crédits publics consacrés entièrement à l’embauche et à l’amélioration dans les services publics ;
l’annulation de tous les plans de licenciement ;
l’augmentation de 300 euros mensuelle pour rattraper les baisses réelles de salaires depuis 20 ans.
Revenir sur les « réformes injustes » ce serait imposer ces revendications.
La gauche s’apprête à nous demander d’infliger à la droite « une nouvelle raclée électorale » (Mélenchon, ce représentant de la gauche du PS dixit) aux prochaines européennes, en votant pour elle sur un programme aussi vague, sans consistance et surtout sans plus d’engagement que pour les régionales. L’extrême gauche aurait donc tout intérêt à entreprendre, sans attendre la campagne officielle de ces européennes (mais ce serait une bonne manière de la préparer), une campagne systématique sur ces objectifs ci-dessus à proposer au mouvement ouvrier tout entier.
Car, s’il ne peut être question d’alliance électorale avec des partis de gouvernement, même s’ils se disent de gauche, sous peine d’édulcorer, obscurcir ou embrouiller le message des révolutionnaires, cela ne signifie pas que l’extrême gauche ne doit pas se mêler dans la rue (comme dans les grèves ou dans toutes les luttes) à tous ceux, quels qu’ils soient, qui disent vouloir combattre ce gouvernement, le patronat et leur politique réactionnaire. Plus même, ne serait-ce que pour prouver à tous les travailleurs et militants de gauche, syndicalistes, associatifs, qu’elle est prête à l’unité avec eux, mais l’unité dans la lutte, elle pourrait prendre les devants et le leur proposer, en profitant de la crédibilité qu’elle a acquise ces dernières années et que les résultats des élections régionales n’a nullement annulée, en tout cas auprès de ces militants.
Pourquoi, par exemple, LO et LCR ne proposeraient-elles pas à tous les partis de gauche, syndicats et associations qui entendent défendre salariés ou chômeurs d’organiser ensemble les manifestations du premier mai prochain ? Il y a deux ans beaucoup d’entre ces organisations participaient ensemble à un premier mai qui dans les faits a été un soutien au vote Chirac. Deux ans plus tard, un premier mai de défense des revendications du monde du travail, contre Chirac cette fois, dont elles disent toutes être revenues, ne devraient pas être plus difficile pour elles. Ce pourrait être un premier pas pour commencer à inverser le rapport des forces et se préparer à infliger « une raclée à ce gouvernement », une vraie. Et mettre les bonimenteurs de la gauche au pied du mur.

Vendredi 2 avril 2004
Barnabé
 
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Message par Pélagiste » 08 Avr 2004, 11:35

J'ai pas encore eu le temps de lire tout l'article mais là :
a écrit :Car, s’il ne peut être question d’alliance électorale avec des partis de gouvernement, même s’ils se disent de gauche, sous peine d’édulcorer, obscurcir ou embrouiller le message des révolutionnaires, cela ne signifie pas que l’extrême gauche ne doit pas se mêler dans la rue (comme dans les grèves ou dans toutes les luttes) à tous ceux, quels qu’ils soient, qui disent vouloir combattre ce gouvernement, le patronat et leur politique réactionnaire. Plus même, ne serait-ce que pour prouver à tous les travailleurs et militants de gauche, syndicalistes, associatifs, qu’elle est prête à l’unité avec eux, mais l’unité dans la lutte, elle pourrait prendre les devants et le leur proposer, en profitant de la crédibilité qu’elle a acquise ces dernières années et que les résultats des élections régionales n’a nullement annulée, en tout cas auprès de ces militants.
Pourquoi, par exemple, LO et LCR ne proposeraient-elles pas à tous les partis de gauche, syndicats et associations qui entendent défendre salariés ou chômeurs d’organiser ensemble les manifestations du premier mai prochain ? Il y a deux ans beaucoup d’entre ces organisations participaient ensemble à un premier mai qui dans les faits a été un soutien au vote Chirac. Deux ans plus tard, un premier mai de défense des revendications du monde du travail, contre Chirac cette fois, dont elles disent toutes être revenues, ne devraient pas être plus difficile pour elles. Ce pourrait être un premier pas pour commencer à inverser le rapport des forces et se préparer à infliger « une raclée à ce gouvernement », une vraie. Et mettre les bonimenteurs de la gauche au pied du mur

Eh puis quoi encore ?


a écrit :« une raclée à ce gouvernement »

ça me rappel "battre le patronat et le gouvernement dans les urnes et dans la rue"...

Pour les urnes, la goche s'en est chargée aux régionales et espère recommencer en 2007.
Pour la rue c'est pas nous qui allons contribuer à leur redonner un crédit qu'ils n'ont toujours pas chez les travailleurs, meme après le vote sanction des régionales.
S'ils veulent venir le 1er mai, pourquoi pas.
Mais nous on ira sous notre drapeau, pas pour reconstruire la goche !


a écrit :Et mettre les bonimenteurs de la gauche au pied du mur

Les dirigeants nationaux où locaux du PS n'ont pas de scrupules et ceux qui viendront le 1er mai se sentiront bien dans ces manif.
Sauf s'ils devaient etre virés par les travailleurs ... ce qui n'est pas la situation aujourd'hui.
Pélagiste
 
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Message par Barnabé » 08 Avr 2004, 22:06

a écrit : a me rappel "battre le patronat et le gouvernement dans les urnes et dans la rue"...

Pour les urnes, la goche s'en est chargée aux régionales et espère recommencer en 2007.
Pour la rue c'est pas nous qui allons contribuer à leur redonner un crédit qu'ils n'ont toujours pas chez les travailleurs, meme après le vote sanction des régionales.
S'ils veulent venir le 1er mai, pourquoi pas.
Mais nous on ira sous notre drapeau, pas pour reconstruire la goche !


Bon sur les urnes, il me semble qu'on est clair:
a écrit : il ne peut être question d’alliance électorale avec des partis de gouvernement, même s’ils se disent de gauche

Et évidemment parmi nos premières tâches il s'agit de continuer à dénoncer la politique de la gôche, de défendre notre politique propre etc.:
a écrit :
D’abord continuer bien entendu de défendre une ligne de lutte de classe sans concession contre tous les adversaires du monde du travail, le patronat, le gouvernement et tous leurs serviteurs politiques . Les prochaines élections européennes sont une occasion de redévelopper une politique sans compromission et indépendante de tous les partis gouvernementaux de droite et de gauche .

Maintenant le problème est de savoir si cela suffit, ou du moins si c'est tout ce que l'on peut faire. Car la vrai question c'est, comment apparaître comme une perspective politique, comment amener sur notre terrain les militants syndicalistes, pc qui voient venir les attaques et qui à la fois se rendent compte que leurs directions ne leur propose concrètement rien pour les combattre, mais qui en même temps peuvent tomber dans le panneau de croire que la gauche plurielle est réellement une opposition à la politique du gouvernement. On peut penser qu'on a pas les moyens de faire autrechose que de la propagande pour nos idées, la dénonciation de la politique des autres. Je pense que l'on peut en plus proposer une politique à tous ces militants (en fait leur proposer notre politique), proposer des objectifs de luttes, en gros le plan d'urgence. Et oui faire des démonstrations politiques à ces militants, cela passe aussi à dire aux organisations du mouvement ouvrier: "vous prétendez vouloir lutter contre les attaques de Raffarin, et bien retrouvons nous dans la rue pour imposer l'interdiction des licienciement, le retrait des attaques contre la sécu, le retour au 37,5 ans pour tous etc."
Cela reviendrai à "leur redonner du crédit"? Moi je crois surtout que cela nous permettrait de montrer que nous sommes les plus déterminés à lutter contre le gouvernement, les seuls en fait à proposer concrètement des objectif de lutte. Pour le reste "frapper ensemble, marcher séparément" comme disait l'autre, et ne pas taire nos critiques. Je n'aime pas sortir les grands mots, mais ça s'appelle le Front Unique Ouvrier (en tout cas ça y ressemble surement vachement plus que des appels à voter pour eux).
La seule question qui se pose, c'est: "sommes nous aujourd'hui en position de mener efficacement cette politique". En terme de forces militantes il est certain que nous ne pouvons pas impulser grand chose (sinon éventuellement extrêmement localement). Par contre je pense qu'en terme d'influence, oui l'extrême-gauche proposant aux organisations ouvrières un programme de lutte cela pourrait avoir un certain poids, au moins auprès du milieu militant ouvrier, et que oui, cela mettrait les dirigeants de la gauche au pieds du mur (et je ne sais pas si Hollande, Buffet et Thibaut se sentiraient particulièrement bien dans une manif dont les mots d'ordre sont "non à toute réforme de la sécu", "37,5 annuités de cotisation pour tous", "interdiction des licenciements").
Barnabé
 
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Message par gipsy » 09 Avr 2004, 22:28

D'autant plus que même si l'extreme gauche n'a pas obtenu les résultats électoraux que certains de nos detracteurs nous prédisaient (et ces 5 pourcents n'ont été une surprise que pour eux) et bien l'EG apparait comme une force politique nationale( certes la quatrième mais tout de même) et est dans une meilleur situation maintenant pour proposer cette politique qu'il y a qq mois. Le retour des "responsabilités" entre les mains du ps les ennuie. Ce serait la logique continuité d'un epolitique de campagne commune si LO et LCR s'attelaient à cette tâche.
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Message par pelon » 09 Avr 2004, 22:34

Non, l'EG n'est pas une force politique même si certains journalistes jouent à se faire peur ... et essaient de vendre du papier. L'EG n'est ni forte électoralement, ni numériquement. Elle n'est pas une force homogène et elle pèse peu y compris dans la classe ouvrière.
Simplement, certaines des idées popularisées par la campagne d'Arlette de 1995 sont maintenant un peu connues et pourraient compter en cas de mobilisation importante évoluant politiquement.
pelon
 
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Message par Barnabé » 09 Avr 2004, 22:56

a écrit :  Non, l'EG n'est pas une force politique même si certains journalistes jouent à se faire peur ... et essaient de vendre du papier. L'EG n'est ni forte électoralement, ni numériquement. Elle n'est pas une force homogène et elle pèse peu y compris dans la classe ouvrière.

Et bien, c'est là où je ne suis pas tout à fait d'accord. En fait je crois qu'on est dans une situation un peu paradoxale. Bien sûr non sommes loin de représenter une force militante comparable au PC. Mais nous avons une audience, une influence au delà de ce que nous sommes en terme de force militante. En particulier le milieu le plus conscient parmi les travailleurs, les militants ouvirer, politiques ou syndicaux savent qu'on existe, peuvent écouter ce qu'on dit, surtout dans la période actuelle, où bien des militants attendraient de leur direction une politique contre les attaques du gouvernement et ne voient rien venir. Evidemment, cela ne fait pas toute la classe ouvrière, évidemment aussi notre première tâche la où nous sommes est de nous adresser à l'ensemble de notre classe, à défendre nos idées, et aussi à essayer de combattre les illusions qui pourraient exister envers les appareils réformistes.
Maintenant, je crois que cette petite influence (à défaut d'un crédit réel) qu'on a chez les travailleurs les plus conscients, on devrait essayer de voir si elle ne nous permet pas de proposer une politique, au delà des interventions locales. Et oui je crois qu'un appelle de l'extrême-gauche à l'ensemble des organisations ouvrières pour faire par exemple du premier mai une mobilisation pour l'interdiction des licenciements, pour le retour aux 37 ans et demi de cotisation pour tous, et contre la casse de la sécu, ne passerai pas inaperçu, pourrait entrainer des militants, et au moins nous mettrait dans une meilleur position pour intervenir dans les luttes à venir (qui pour une très large part de dépendent pas de nous).
Barnabé
 
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Message par gipsy » 09 Avr 2004, 22:58

a écrit :Non, l'EG n'est pas une force politique même si certains journalistes jouent à se faire peur ... et essaient de vendre du papier

Certes j'ai suivi cela d'Allemagne mais pour le coup les journalistes n'ont pas ds ces élections joué à se faire peur me semble t il. A tel point que le moment des résultats venu iol était question des résultats de toutes les composantes de l'échiquier politique... sauf de l'EG qui n'a pourtant pas obtenu un score minable.

a écrit :L'EG n'est ni forte électoralement, ni numériquement


Bien sur que l'EG n'est pas forte numériquement.
Mais même ds la LDC il y a un long laius pour expliquer que certes les présidentielles el législatives 2002 étaietn exceptionnelles, mais qu'il existait un courant de 5 pourcents des votants depuis 1995 qui régulièreemnt placait dans l'urne un bulletin de vote révolutionnaire. Ne peut on pas là parler de l'EG (1 Millions d'électeurs régulier )en tant que force politique ?DEs gens, sensibles aux idées popularisées par LO et reprise à son compte par la LCR, qui ont des attentes du coté de l'EG.
Ou alors , et je pose la question , de quoi parle t on lorsqu on parle de force politiques?
gipsy
 
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Message par pelon » 09 Avr 2004, 23:44

Je n'ai pas écrit que 1 000 000 d'électeurs étaient négligeables. Une force politique, c'est autre chose.
pelon
 
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Message par Barnabé » 10 Avr 2004, 00:11

Sinon en complément de la tribune de la LdC, et sur le même axe, la tribune de la fraction dans la dernière LO:
a écrit :
Tribune Lutte Ouvrière n°1862 du 9 avril 2004

Sanction électorale. Et maintenant?

La droite a été sanctionnée. Elle n'a évidemment pas été évincée. C'est donc la même politique qui va continuer, et le seul frein sera celui que les travailleurs pourront imposer par leur lutte.

D'autant plus que le PS a joué très exactement le rôle qu'il reproche tant et si mal à propos à l'extrême gauche: pas de projet, pas de programme, pas d'alternative aux attaques de la droite et des patrons, pas même l'objectif de revenir sur les mesures adoptées par le gouvernement Raffarin, pour ne pas parler bien sûr de celles de ceux qui l'ont précédé. Rien donc qu'un rôle protestataire et un bulletin de vote destiné à sanctionner la droite. Bien des électeurs ne l'ont pas pris autrement.

Alors qu'il y a deux ans beaucoup s'étaient servi des candidats d'extrême gauche pour désapprouver la politique pro-patronale du gouvernement de gauche, cette fois ils se sont servi de la gauche pour sanctionner la droite là où ça lui fait mal, c'est-à-dire en lui faisant perdre des places. Et pour cet objectif les partis de l'ex-gauche plurielle ont semblé les mieux placés. Le score des listes LO-LCR n'est donc pas un désaveu, ni de sa politique ni du choix que les deux organisations ont fait de se présenter ensemble. Une fraction de l'électorat vient malgré tout de se prononcer en leur faveur: c'est réjouissant pour l'avenir.

Car, maintenant les élections passées, l'extrême gauche a vraiment l'opportunité de montrer son utilité, y compris à ceux qui le 21 mars ont trouvé plus utile de voter pour la gauche. À condition que LO et LCR poursuivent dans la même direction, en démontrant qu'elles étaient sérieuses quand elles invitaient les travailleurs à faire de la politique sur un autre terrain et que le couple d'extrême gauche formé à l'occasion n'est pas le simple produit de marketing décrit par nos adversaires et destiné à disparaître dès la fin des échéances électorales.

Un programme plus urgent et actuel que jamais

Raffarin maintenu avec le même ordre de mission, au mieux un changement de style, c'est dans les mois qui viennent, les semaines peut-être, que la question est posée de comment réagir.

La gauche a prévenu qu'elle n'avait ni objectifs pour les travailleurs ni intention d'en trouver avant... 2007. Les centrales syndicales, tout en se félicitant du désaveu du gouvernement, se sont réjouies plus encore de ses ouvertures à leur égard.

Qui d'autre donc que l'extrême gauche peut souligner et préciser que "revenir sur des mesures injustes", suivant la vague formule de Hollande, c'est revenir à 37 ans et demi de cotisations pour une retraite complète pour tous, annuler toutes les mesures scélérates contre les chômeurs, interdire tous les plans de licenciements et rattraper le retard pris depuis vingt ans par les salaires? Qui d'autre peut marteler et rappeler que des "négociations", dont la perspective fait briller les yeux des Thibault, Mailly et Chérèque, sont un piège s'il n'est pas affirmé par avance que les salariés n'accepteront aucune diminution de leurs droits, et en particulier aucune réforme de la Sécurité sociale qui reposerait sur l'augmentation des cotisations des salariés ou un moindre remboursement des soins? Qui d'autre enfin s'est prononcé depuis longtemps pour l'arrêt de toute subvention aux patrons et l'obligation de consacrer l'argent public aux services publics, leur amélioration et l'embauche du personnel nécessaire?

LO et LCR ont défendu ensemble ce programme pendant les élections régionales. Elles s'apprêtent à le défendre ensemble aux prochaines européennes. Qu'est-ce qui peut bien les empêcher de le défendre ensemble, avant, après ou entre deux élections?

La main tendue à ceux qui veulent réagir

Nous allons sans doute vérifier assez rapidement si les résultats électoraux ont contribué à renforcer le moral des travailleurs, comme les réactions de satisfaction recueillies les 22 et 29 mars dans les entreprises ou les milieux populaires peuvent le laisser espérer. À défaut des organisations syndicales ou des partis de gauche c'est le gouvernement lui-même qui semble prêt à le tester, en maintenant son cap et ses coups fourrés: de la privatisation d'EDF-GDF à la casse du code du travail, sans oublier surtout celle de la Sécurité sociale.

Il y a déjà quelques propositions de se préparer à affronter ses attaques. Ainsi le PCF radicalise ses revendications sur le sujet et propose la mise en place des comités "Touche pas à ma sécu". Ici ou là des militants PCF, mais aussi syndicalistes, en particulier CGT, d'Attac, de la LCR, auraient même commencé à les mettre sur rails. Opération uniquement publicitaire pour le parti ou feu vert à ceux, critiques ou non envers sa direction, qui piaffent d'impatience de faire quelque chose pour ne pas voir la santé subir le même sort que les retraites?

C'est aussi le rôle de l'extrême gauche de tester la volonté réelle des militants comme des organisations de gauche et du mouvement ouvrier d'organiser la contre-offensive. À elle de trouver les gestes et les propositions qui permettent de démasquer les faux semblants des véritables volontés de lutter et de s'allier à ces dernières, quelles que soient nos divergences avec elles par ailleurs. Force politique encore limitée mais pourtant reconnue, elle a quelques moyens de le faire: depuis la collaboration à ces comités de défense de la Sécu là où ils regroupent des militants et travailleurs réellement dévoués à organiser la riposte jusqu'à la reprise au vol des propositions de montrer la force des salariés dans la rue. Par exemple Thibault veut faire une grande journée du 1er mai prochain. L'extrême gauche peut proposer explicitement de participer à son succès comme à son organisation.

G. M.
Barnabé
 
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Message par Quartz » 10 Avr 2004, 20:31

Citation Barnabé vendrei 9 avril
a écrit :En fait je crois qu'on est dans une situation un peu paradoxale. Bien sûr non sommes loin de représenter une force militante comparable au PC.


C' est bien justement le problème. Il existe en France des dizaines de villes importantes où les travailleurs ne connaissent pas en chair et en os un militant d' extrême gauche. Beaucoup connaissent l' E.G, qu' à travers Arlette ou Besancenot, et grâce à la télé une fois tous les 5 ou 7 ans. Notre influence électorale n' a rien à voir avec la force politique que l' on représente. La force d' un parti, ça s' apprécie d' abord par le nombre de miltants qu' il possède. Et ne crois pas, les militants du P.C, même si nos scores électoraux les agacent , ils savent eux, que ce qui comptent c' est les bonhommes qui sont présents sur le terrain. Et ils sont encore là.
Quartz
 
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