a écrit :Le petit mea culpa de la LCR
E. F.
[05 avril 2004]
«On a sous-estimé la vraie lame de fond contre la droite.» C'est le seul mea culpa concédé par le porte-parole de la ligue communiste révolutionnaire (LCR), Alain Krivine, à propos des régionales. Pour le reste, «pas de changement», a-t-il commenté à l'issue de la réunion de la direction nationale (le «Parlement» de la LCR) ce week-end. Les listes LO-LCR n'ont pas confirmé la percée de la présidentielle de 2002 (10%), mais Krivine veut surtout retenir que l'extrême gauche dispose «d'un socle établi de 5% d'électeurs». L'alliance avec Lutte ouvrière sera donc reconduite pour les européennes de juin, un scrutin proportionnel à un tour plus favorable aux petits partis. Les minoritaires de la LCR n'ont obtenu ni que leur organisation «s'adresse» à d'autres forces de gauche ni qu'elle place le «non à la Constitution européenne au coeur de la campagne». «On va pas faire une liste commune avec le PCF», objecte Krivine.
Sur d'autres points, le discours du porte-parole de la LCR est plus ambivalent. D'abord, il récuse la thèse soutenue par le minoritaire Christian Picquet, selon laquelle l'absence de consigne de vote entre les deux tours «a donné le sentiment que la LCR restait extérieure au mouvement de rejet de la droite». Une thèse formulée encore plus crûment par le conseiller municipal de Clermont-Ferrand Alain Laffont : «On a dit aux gens : premièrement on aura du mal à avoir des élus, deuxièmement on est les pires ennemis de la droite, mais quand il s'agit de l'éliminer on est aux abonnés absents. Notre positionnement était illisible.»
«L'absence de consigne de vote a peut-être joué, mais de manière très marginale», pense Krivine. Mais il prend quand même soin de préciser : «On n'a jamais appelé à l'abstention, on a laissé les électeurs choisir.» La résolution adoptée ce week-end parle de «battre le gouvernement dans la rue et dans les urnes». Le souci des dirigeants de la LCR est surtout de prouver que leur organisation n'est «pas du tout isolée». Aussi insistent-ils sur leur participation «à toutes les mobilisations en cours». Pour les européennes, la LCR fera campagne sur le slogan altermondialiste, «Une autre Europe est possible». Pour rattraper les électeurs perdus...