Côte d'Ivoire: massacres orchestrés par le pouvoir

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Message par pelon » 02 Avr 2004, 07:21

a écrit :
Côte-d'Ivoire - Des massacres orchestrés par le pouvoir

Jeudi 25mars, à Abidjan, une tentative de manifestation de l'opposition a été violemment réprimée par l'armée et la police du président Gbagbo. Une véritable chasse à l'homme s'en est suivie dans les quartiers supposés abriter des partisans de l'opposition. Les forces de sécurité, appuyées par des miliciens pro-gouvernementaux, des "jeunes patriotes" et des membres du syndicat étudiant Fesci, ont ainsi ratissé les quartiers d'Abobo, Anyama, Treichville et Youpougon, laissant derrière eux des centaines de morts. Rien qu'à la morgue de Treichville, un diplomate étranger aurait dénombré 152 cadavres.

Ce n'est pas la première fois que les milices proches de Gbagbo se livrent à de tels massacres. Ce fut le cas notamment en septembre 2002, lorsque la rébellion du Nord a éclaté.

Aujourd'hui, le pays n'est pas sorti de la crise politique inaugurée par cette rébellion. Depuis, l'autorité du gouvernement ne s'exerce plus que sur la moitié sud -la plus riche- du pays, tandis que l'est et le nord sont aux mains des rebelles. Quant aux accords de Marcoussis, signés sous l'égide de la France en janvier 2003 et dénoncés dès le lendemain par Gbagbo, ils n'ont jamais permis de rétablir la paix, ils ont tout au plus débouché sur un gel temporaire des affrontements armés. Le "gouvernement de réconciliation nationale" n'a jamais vraiment fonctionné. Les membres de l'opposition ainsi que les représentants des groupes rebelles ont d'ailleurs décidé de ne plus y siéger et exigent désormais le départ de Gbagbo.

La colère de l'opposition commence également à monter contre l'attitude de la France qui, tout en se prétendant neutre, apporte son soutien au régime en place. Dès le début du conflit, les 4500 soldats déployés dans le cadre de l'opération "Licorne" se sont surtout opposés à l'avance des troupes rebelles que les armées gouvernementales n'avaient pas réussies à repousser. Bien que présente à Abidjan, l'armée française n'est jamais intervenue pour faire cesser les exactions quasi quotidiennes des milices pro-Gbagbo, et encore moins pour les désarmer. Depuis le 25mars, les troupes françaises n'ont pas plus protégé les quartiers populaires de ces tueurs.

En fait, ces troupes ne sont déployées que pour protéger les intérêts des banques et des entreprises françaises, très nombreuses en Côte-d'Ivoire. Une récente visite de Gbagbo à Paris s'est d'ailleurs soldée par la signature de plusieurs contrats avec notamment les groupes Bolloré et Bouygues. Pour ces gens-là, il importe peu qu'un pays soit dirigé par un dictateur et qu'il orchestre des massacres. Ce qui compte, c'est la bonne marche de leurs affaires.

Et sur ce plan, du Congo au Rwanda, l'impérialisme français s'est rendu complice de plus d'un bain de sang.

Roger MEYNIER

Lutte Ouvrière n°1861 du 2 avril 2004
pelon
 
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Message par Nadia » 02 Avr 2004, 12:48

Ca y est, Gbagbo a accepté la proposition de la France de créer des patrouilles "mixtes" (mi-française mi-ivoirienne) pour "sécuriser" les quartiers d'Abidjan.
Selon Gbagbo, les derniers "troubles" ont fait 37 morts, les opposants parlent de 300 morts, à RFI les journalistes ont parlé de charniers mobiles (quelqu'un trouve des morceaux de corps dans une décharge, le signale, et quand des journalistes arrivent, hop, plus rien).
Nadia
 
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Message par Nadia » 02 Avr 2004, 12:51

a écrit :Côte d'Ivoire : cacao et instabilité politique


L'implosion politique de la Côte d'Ivoire et la privatisation de la filière café cacao de ce pays ouest-africain ont-elles quelque chose à voir. On peut se poser la question. Le pays a en effet commencé à sombrer dans les troubles politiques, coups d'état et violences inter-ethniques en décembre 1999, quelques mois seulement après que l'Etat ait perdu le contrôle de la principale ressource économique du pays. La Côte d'Ivoire n'a pas de pétrole. Elle a du cacao. Lancée par les colonisateurs français, l'activité s'est amplifiée après l'indépendance. Le président Houphouet Boigny en a fait une arme de gestion économique et de contrôle politique du pays. Les paysans recevaient une rémunération garantie par l'Etat. Des territoires de plus en plus vastes étaient gagnés sur la forêt pour y créer des plantations de cacao. Ces territoires drainaient des populations jeunes et nombreuses et une abondante main d'ouvre venue de pays frontaliers, en particulier du Burkina Faso. La Caisse de Stabilisation contrôlait cette activité, affectant à des entreprises exportatrices et à des proches du pouvoir des quotas de cacao.

En 1999, Houphouet Boigny enterré depuis longtemps, pour erradiquer la corruption, pour éliminer une ponction jugée excessive de l'état sur les recettes, les fonctionnaires de la Banque Mondiale imposent le démantèlement de la Caisse de Stabilisation. Les géants mondiaux de la transformation du cacao, les Américains ADM et Cargill, le suisse Barry Callebaut en profitent pour prendre le contrôle de l'essentiel des exportations de cacao. Les paysans eux, sont soumis aux fluctuations et aux incertitudes des cours mondiaux.

Dans un rapport rédigé il y a un an, le ministère français des affaires étrangères estimait qu'en ne contribuant ni à l'amélioration des conditions de vie des ruraux ni à l'endiguement de la crise urbaine, ces réformes libérales à courte vue avaient laissé le champ libre aux frustrations sociales et aux dérives ethniques. Ces politiques de libéralisation, affirme ce rapport, ont eu comme effet indirect de stigmatiser les migrants burkinabés comme bouc émissaires de la crise foncière. En effet, l'abandon brutal et massif des politiques de soutien au secteur agricole et rural et la croissance de l'insécurité économique en milieu paysan ont contribué, écrivent encore les rapporteurs français, à rendre visible la réussite relative de ces exploitants burkinabés et à cristalliser la question foncière autour de l'occupation des terres par les étrangers. » La crise foncière, latente depuis de longues années, venait de la disparition de la forêt ivoirienne et donc des zones où l'on pouvait renouveler les plantations de cacao. Confrontés à la crise économique et à la ruine de l'état en ville, sans solution de repli dans les campagnes, les Ivoiriens étaient donc des proies faciles pour la violence. On le constate aujourd'hui.

Jean-Pierre BORIS

Article publié le 29/03/2004
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Nadia
 
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