La groupie Roig au seul service de la Chiraquie
Le profil
C'est une chiraquienne à part entière, qui tutoie le président, trimbale une réputation de gagneuse depuis qu'elle a écrasé Elisabeth Guigou aux élections municipales de 2001. Marie-Josée Roig, 64 ans, maire d'Avignon, est une femme à part dans la Chiraquie : elle a reçu l'annonciation. C'est à elle que Jacques a répondu «oui» quand elle lui a demandé, en février 2002, s'il serait candidat à la présidentielle. «Un moment inoubliable», a raconté au Figaro celle qui se définit comme une «groupie» du Président. Grand-mère, mère de deux enfants, divorcée - comme quoi l'idée de la famille évolue à droite -, plus en pointe sur le sujet des intermittents (festival oblige) ou du logement social (Avignon compte 40 % du logement social du Vaucluse) que sur celui des allocations familiales, elle a dû accueillir sa nomination au poste «famille et enfance» comme l'avait fait son prédécesseur, Christian Jacob : avec l'idée de servir le Président, et rien que ça.
L'état des lieux
Christian Jacob s'y était attelé avec les recettes du syndicaliste agricole qu'il n'a jamais cessé d'être : en ne tenant compte que du rapport de force en présence. Il s'est allié les bonnes grâces de la puissante Unaf (Union nationale des associations familiales), qui cogérait le ministère et l'expertise de la Caisse d'allocations familiales. Il a mis en place cette année une vaste réforme des allocations pour la petite enfance, rebaptisées «Paje» (prestation d'accueil du jeune enfant), réussissant l'exploit de décrocher 1,2 milliard d'euros pour la financer. Les pauvres ne devaient pas y perdre, les familles les plus aisées y gagnaient et les vaches, pensait-il, seraient bien gardées. Las! en février, il est apparu que 40 000 mères monoparentales avaient été sciemment sacrifiées dans l'opération : elles allaient perdre le bénéfice de l'API (allocation parent isolé). Durement chahuté à l'Assemblée et par l'ensemble des acteurs sociaux, Christian Jacob reconnaissait son «oubli» et promettait de le réparer. Cette faute de justice sociale, touchant des mères vivant avec moins de 530 euros par mois, a entaché le seul grand chantier qu'il ait mené en deux ans.
Les attentes
Marie-Josée Roig récupère la préparation de la prochaine conférence de la famille, consacrée au sujet fourre-tout de l'adolescence. C'était un souhait du président Chirac. Elle l'exécutera, avec d'autant plus de bonne volonté que cette affaire ne coûtera rien, ou presque. Elle devrait être associée au gigantesque chantier de la réforme des tutelles (la France compte 600 000 majeurs protégés), qui sera piloté par la chancellerie, et à celui de la revalorisation du mariage civil. On peut parier que la nouvelle ministre ne sera pas plus sensible que Christian Jacob aux revendications des associations homosexuelles qui aspirent à devenir des interlocuteurs du gouvernement.