a écrit :
Chez Lutte Ouvrière, à l’exception d’Arlette Laguiller en métropole, pas besoin de chercher les grands orateurs. Les candidats locaux, à l’image de Jean-Yves Payet, mènent une campagne plutôt discrète, avec les moyens de bord. Et surtout avec le cœur. Loin des grandes villes, la tête de liste de LO-Maron, s’est surtout fixé pour objectif d’aller à la rencontre des Réunionnaises et des Réunionnais souvent oubliés des grands partis politiques,qui préfèrent tenir salon dans les hôtels de luxe du littoral.
• Jean-Yves Payet en dix dates
5 mars 1967 : naissance à Saint-Benoît.
1977 : première participation à une grève, celle des collégiens.
1979 : engagement avec le PCR et vendeur de Témoignages à l’âge de 12 ans.
1986 : étudiant en métropole. Première rencontre
avec le PCF, LO et la LCR.
1987 : découverte de la misère des ouvriers clandestins,
notamment Mauriciens, avec lesquels il travaille dans le BTP à Paris, pendant ses vacances scolaires.
1988 : première réflexion pour créer un groupe de type
Lutte Ouvrière à la Réunion.
1989 : création de la section CGTR à la chambre d’Agriculture
1997 : pour la première fois, candidat de Lutte Ouvrière à une élection (législatives).
Octobre 2002 : élu secrétaire général de l’UR CGTR-EST.
Décembre 2002 : élu juge au conseil des Prud’hommes à Saint-Denis.
En campagne avec Jean-Yves Payet (Lutte ouvrière-Maron)
Vendredi 27 février, 15 heures. Le rendez-vous est fixé devant le local de la CGTR à Saint-Benoît. Le Dr Yogananda Thirapathi-Appadu (Yoga pour les intimes) du parti Maron est déjà là. Jean-Yves Payet a souhaité sa présence. Lutte Ouvrière et Maron ont en effet décidé d’unir leurs efforts pour conduire une liste commune aux régionales. La tête de liste se pointe avec une dizaine de minutes de retard. Chemise à petits carreaux rouges, pantalon tergal bleu marine et sandales aux pieds, Jean-Yves Payet s’excuse. Le retard du syndicaliste est amplement excusable. “J’arrive de la Sogeccir où avec mes camarades je viens d’éviter quatre licenciements”, dit-il. Tout de suite après, il devait enchaîner par une autre réunion syndicale avec les employés de la clinique de Saint-Benoît. Jean-Yves Payet mène le combat sur deux fronts : syndical en tant que secrétaire général de la CGTR dans l’Est et politique en tant que candidat à plusieurs échéances électorales. “Il faut faire entendre la voix des travailleuses et des travailleurs”, insiste le représentant de LO à la Réunion.
Direction sa Mégane Scenic, qui a manifestement déjà bien servi en dépit de sa relative récente immatriculation. Le temps pour son propriétaire de ranger les larges banderoles rouges et blanches de la CGTR ainsi qu’un drapeau rouge, sans compter quelques bricoles, le Dr Yoga parvient à se faire une petite place à l’arrière de la voiture, et nous roulons vers Sainte-Anne, le quartier de l’Eglise.
A 37 ans, Jean-Yves Payet est un mordu de la politique. Dans son village natal de Cratère dans les hauts de Saint-Benoît, il a d’abord été “nourri” au communisme par un père fervent admirateur de Paul Vergès, qui a mené tous les grands combats de l’après Deuxième Guerre mondiale pour faire triompher le PCR. Il a aujourd’hui 75 ans et assure, d’un pas toujours alerte, la propagande de son fils. “Moi-même, j’ai commencé à militer pour le PCR à l’âge de 12 ans. Je collais les affiches et vendais "Témoignages"…”, raconte Jean-Yves Payet. Mais les années ont passé. Et très vite, le père Payet a eu du mal “à avaler toutes les alliances contre-nature initiées par le PCR”. En 1986, alors qu’il se trouve en métropole pour ses études, Jean-Yves rencontre les responsables du PCF, de Lutte Ouvrière, de la LCR… Il choisit définitivement son camp : ce sera le parti d’Arlette Laguiller.
“Je viens d’un milieu d’ouvriers agricoles. Dans mon quartier, je côtoie la misère. J’ai compris que si je devais mener un combat, ce serait bien celui de la défense des travailleuses et des travailleurs”. Chose promise, chose due. A son retour dans l’île, le technicien agricole commence par créer une section CGTR au sein de la chambre d’Agriculture. Et le combat commence ainsi.
“JE T’AI VU À LA TÉLÉ HIER SOIR”
Le Dr Yoga, interniste au CHI de Saint-Benoît (à ne pas confondre avec interne, car “l’interniste est à la médecine ce que le décathlon est au sport”, c’est-à-dire un spécialiste complet), a attrapé le virus de la politique plus récemment, en participant à “Akoz”, un mouvement altermondialiste, avant de rejoindre Attac. Mais dans sa jeunesse, il avait pris part, en 1975, à la grande révolte des étudiants à Maurice, son île natale, avant de s’expatrier pour une quinzaine d’années dans le nord de la France afin d’étudier la médecine. Depuis, il s’est marié à une Réunionnaise, a eu trois enfants, et s’est installé à la Réunion.
Chez Elise, cité de l’Eglise à Sainte-Anne, tout comme chez Mme Voisin, du côté de Bras-Canot (chemin Prévoisy), Jean-Yves Payet, accueilli avec le sourire, tient le même langage. Dans son collimateur : le grand patronat, “ces exploiteurs” qui seraient, selon lui, à l’origine des malheurs des travailleuses et des travailleurs. “Quand nous arrivons chez les gens, nous les écoutons d’abord. Pas question de passer en coup de vent et de déballer notre programme”, souligne Jean-Yves Payet. Mais il parvient malgré tout à faire passer les principaux messages, en leur parlant simplement, sans se projeter dans 10 ans-20 ans. “Les Réunionnaises et les Réunionnais veulent du concret. Ils souhaitent un logement décent, un petit travail pour pouvoir éduquer et faire grandir correctement leurs enfants. Ils ne demandent pas aux politiques d’aller décrocher la lune”.
Au cours de sa campagne, Jean-Yves Payet fustige à tour de rôle les emplois précaires (CES, CIA, CEC, CEJ…), dénonce “la politique de casse sociale de Raffarin”, stigmatise la Loi d’orientation pour l’outre-mer (Loom) de Lionel Jospin, “qui n’est autre que le petit frère de la loi programme” de Brigitte Girardin et dont l’objectif, toujours selon lui, consiste “à multiplier les cadeaux en direction des grands patrons”. Jean-Yves Payet ne fait de cadeau ni à la droite ni à la gauche qu’il accuse de mener “une politique de régression sociale”.
Dans les quartiers populaires des hauts de Saint-Benoît, on l’écoute religieusement. “On t’a vu à la télé hier soir”, lui lance-t-on avec un brin d’admiration.
Son credo à lui : “Rendre publics et accessibles aux travailleurs et à la population les comptes bancaires réels des grandes entreprises, privées ou publiques, comme ceux des gros actionnaires, qui n’hésitent pas à utiliser les profits dégagés grâce au travail des hommes et des femmes sous-payés pour spéculer en Bourse”.
Jean-Yves Payet est convaincu que “l’argent existe à la Réunion pour mettre les gens au travail, mais il est mal utilisé. Ou alors il ne profite qu’aux patrons. Les collectivités reçoivent chaque année plus de 5 milliards de francs.”
• Les propositions de Lutte Ouvrière-Maron
Ces “mesures d’urgence” préconisées par Jean-Yves Payet et ses dalons de Maron tiennent lieu de programme pour les régionales.
“Il faut garantir l’emploi en commençant par interdire les licenciements collectifs dans les entreprises qui font du profit sous peine de réquisition de ces entreprises. Dans les entreprises dépendant de grands groupes et qui se disent prétendument en difficultés, il faut prendre les capitaux placés ailleurs, sur la fortune personnelle des patrons et des gros actionnaires, pour assurer leurs salaires aux travailleurs”.
“Il faut arrêter les exonérations de cotisations sociales patronales et supprimer les subventions accordées aux entreprises. Et il faut qu’avec l’argent ainsi économisé, l’Etat crée des emplois utiles qui manquent dans les hôpitaux, dans les maisons de retraite, à l’Éducation nationale et dans les transports en commun”.
“Il faut arrêter toutes les privatisations et étendre le service public partout aux entreprises qui font du profit sur les besoins élémentaires de la population : distribution de l’eau, industrie pharmaceutique. Il faut aussi que l’Etat embauche directement pour construire des logements à loyers abordables, des crèches et des garderies, ainsi que des installations collectives dans les quartiers populaires”.
“Il faut relever le taux de l’impôt sur les bénéfices, ainsi que sur les tranches supérieures de l’impôt sur le revenu, imposer plus lourdement les spéculations boursières et supprimer les impôts indirects qui frappent plus les pauvres que les riches”.Jean-Yves Payet rappelle que “toutes ces mesures impliquent la transparence sur les comptes en banque des grands patrons. Les salariés, les consommateurs, toute la population pourraient ainsi avoir un contrôle sur le fonctionnement de ses comptes généreusement abondés par les fonds publics, mais qui restent aujourd’hui secrets”.
a écrit :Technicienne agricole à Saint-André, Corinne Gasp dit avoir intégré Lutte ouvrière “pour aider les plus démunis à vivre et non plus survivre”. Parachutée au Tampon, elle a commencé samedi sa campagne, à une semaine tout juste des élections.
Le Tampon 4 : Le monde selon Gasp
Mère de deux enfants, Corine Gasp, 33 ans, s’absentera cette semaine de son Est natal pour aller battre la campagne sur les terres d’André Thien-Ah-Koon. A une semaine des élections, la candidate de LO reconnaît que son objectif premier n’est pas tant de remporter ces élections que de “faire passer auprès de la population des idées révolutionnaires pour reconstruire un véritable parti des travailleurs”.
DES SOINS MÉDICAUX POUR TOUS
Onze autres camarades portent comme elle les couleurs d’Arlette Laguiller pour ces cantonales. Douze candidats au total, dont cinq femmes, qui à l’inverse de bon nombre de leurs adversaires, ont le verbe plutôt discret à quelques jours seulement des élections.
Une affiche jaune et blanche sans photo et une profession de foi commune à tous, ça se passe comme ça chez Lutte ouvrière. “Dans toutes les communes, les problèmes sont les mêmes”, constate Corinne Gasp, qui soutient donc le même programme que ces camarades candidats. “Je suis favorable à l’ouverture des comptes bancaires des grosses entreprises, à une meilleure distribution des profits et à un service public de meilleure qualité”. Issue du milieu agricole, la candidate met plus particulièrement l’accent sur les conditions de vie des agriculteurs, dont certains, déclare-t-elle, “ne touchent même pas le Smic”. Le coût des soins médicaux est également dénoncé : “J’ai rencontré des retraités de 70 ans qui payaient 100 euros par mois pour bénéficier d’une mutuelle complémentaire. Tout le monde n’aurait-il pas le droit d’être soigné de la même façon ?”
Inconnue ou presque du paysage politique, Corinne Gasp, dont ce sont les premières élections, espère pouvoir tirer profit de ce handicap sur ses adversaires en incitant les électeurs, au gré de ses rencontres sur le terrain, “à ne pas voter pour un homme ou une femme en particulier mais pour des idées”.
Coralie Cochin
a écrit :
Saint-Paul 3 et 4 : Lutte Ouvrière pose ses jalons
La gauche révolutionnaire réunionnaise, regroupée au sein de Lutte Ouvrière, a parachuté deux candidats sur les troisième et quatrième cantons de Saint-Paul. Au Guillaume, c’est Esther Hoarau qui défendra les couleurs du trotskysme, branche plutôt en vogue au sein d’idéologie communiste, et dont on dit qu’elle prend actuellement sa revanche sur ses cousines, notamment marxistes. D’ailleurs, les rangs locaux de LO -une soixantaine de militants-, sont principalement composés de déçus du PCR et de la gauche dite gouvernementale en général. A cet égard, Esther Hoaurau et sa camarade Marie-Anésie Missyle, candidate sur le quatrième canton, évoquent la “trahison de la gauche”, accusée d’avoir été diluée dans le libéralisme. Sur le fond du programme, l’argumentaire de LO s’articule sur une rhétorique anti-gouvernementale, pour dénoncer la remise en question d’un certains nombre d’acquis et de droits sociaux. Conformément à une logique internationaliste et se positionnant sur le créneau d’une lutte de classe, Esther Hoarau et Marie-Anésie Missyle, envisagent le scrutin cantonal dans une optique strictement départementale, et n’évoquent donc pas les problèmatiques spécifiques des cantons dans lesquels ils se présentent. Toutes deux sont d’ailleurs originaires de l’Est. Pour Esther Hoarau et LO, à l’audience pour l’instant confidientielle sur l’île, il s’agit avant tout de “gagner des militants et de diffuser nos idées”.
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