Nord - Pas-de-Calais

[Barikad]

Les chefs de file locaux du PS s'emploient à transformer les élections régionales en «législatives bis»
Nord - Pas-de-Calais : le PS essaie de nationaliser la campagne

Lille : Jean Valbay
[18 février 2004]

«Mobilisation générale, résistance» : c'est en termes guerriers que le Parti socialiste est parti à la bataille électorale dans le Nord - Pas-de-Calais, donnant l'impression de devoir défendre la forteresse assiégée que constitue le conseil régional qu'il dirige depuis sa création voici trente ans, à l'exception de la parenthèse écologiste (1992-1998) dont il faisait néanmoins partie.


En réalité, ces mots d'ordre adressés aux militants sont plus offensifs que défensifs. Ils visent avant tout le gouvernement Raffarin. C'est contre lui que Marc Dolez, premier secrétaire de la fédération du Nord, appelle à se mobiliser les 21 et 28 mars pour «résister au gouvernement le plus réactionnaire de la VeRépublique» et, selon la formule de Pierre Mauroy, «lui donner un carton rouge». Les chefs de file du PS entendent transformer les élections régionales en une sorte de «législatives bis». «Une campagne de combat afin que les giboulées de mars emportent le printemps de Raffarin», s'exclame Jack Lang, candidat dans le Pas-de-Calais, qui dénonce encore «cette droite voulant cadenasser la société à tous les étages».


Nationaliser les élections régionales, les socialistes ne sont pas les seuls à vouloir le faire. C'est aussi le cas du Front national, des communistes emmenés par Alain Bocquet et de l'extrême gauche vers laquelle les regards se tournent. Ensemble, LO et LCR ont dépassé les 12% au premier tour de la présidentielle quand le PCF atteignait juste les 5%. D'où le risque d'un maintien et d'une quadrangulaire (FN, UMP, gauche, extrême gauche) susceptible d'hypothéquer les chances socialistes. Il n'est donc pas étonnant de trouver du «Besancenot» dans les propos des dirigeants socialistes qui, cette fois, ne vont plus pêcher dans l'électorat centriste.


Ce penchant les incite même à dresser une image si noire du Nord - Pas-de-Calais qu'il est facile à l'opposition régionale et aux candidats UMP et UDF de leur rappeler qu'ils dirigent la région depuis trente ans. Président sortant, le sénateur socialiste Daniel Percheron ne tombe pas dans ce travers. Il rappelle seulement : «Auparavant nous étions à la fois partis de gouvernement national et régional, aujourd'hui nous sommes dans l'opposition et, si l'Etat baisse la garde, l'ambition régionale devient beaucoup plus difficile.»


Tête de liste de l'UMP, le ministre de la Fonction publique, Jean-Paul Delevoye ne joue pas cette carte-là. Tout en assumant l'action gouvernementale, il a centré sa campagne sur des thèmes régionaux. C'est ainsi qu'il propose trois contrats : pour l'emploi, pour la santé et pour la qualité de la vie, sur lesquels le Nord - Pas-de-Calais compte de sérieux retards. «Ne pas pleurer sur les malheurs d'hier ; construire les bonheurs futurs», a-t-il déclaré devant les 117 membres de sa liste réunis à Lille. Jean-Paul Delevoye estime que «la région subit la crise plus qu'elle ne la maîtrise et, alors que les socialistes ont raté le passé, il ne faut pas rater l'avenir. Ne pas juger sur les discours mais sur des actes». Cette formule laisse sceptique Daniel Percheron qui, faisant référence à Lionel Jospin, constate que «l'on ne gagne pas une élection sur un bilan». Va donc pour les projets !


Le PS a rayé du sien celui de la nouvelle autoroute A 24 reliant la frontière belge à la région parisienne, via Béthune et Amiens. Les Verts, qui se cantonnent aussi aux problèmes régionaux, y sont opposés et le PS espère qu'ils seront en état de fusionner au second tour pour reconstituer une liste sur le schéma de l'ex-gauche plurielle.

C'est aussi sur l'aménagement du territoire, l'environnement, la santé et l'emploi que met l'accent la sénatrice Valérie Létard, leader de l'UDF, qui entend bien se limiter au cadre régional et ne pas politiser les élections des 21 et 28 mars.


Elections dans lesquelles veulent s'engouffrer les chasseurs, les écologistes indépendants (MEI), les mégrétistes (MNR) et peut-être d'autres encore. Bref, pas moins de dix listes annoncées dans le Nord - Pas-de-Calais pour un scrutin qui, s'il ne passionne pas les électeurs d'après les sondages, intéresse vivement les candidats.