(stef @ Monday 16 December 2002, 03:04 a écrit :Puisque Pelon y tient, voici l'aperçu qu'il nous donnait de l'activité des militants de la IV en 1940-45 :
a écrit :On parle des trotskystes pendant la guerre. Petit rappel pour ceux qui connaissent moins.
Au début de la guerre, 2 organisations se réclamaient du trotskysme : l'"officielle", le POI dirigée par Naville et le PCI de Raymond Molinier et Pierre Frank. Elles entrèrent toutes les 2 dans le PSOP de Marceau Pivert (sur les conseils de Trotsky) mais connurent malgré tout une désagrégation rapide.
La section "officielle" fut désertée par Naville et dirigée alors par un jeune, Marcel Hic. Elle s'appela un temps "Comités français de la IVème" avant de redevenir le POI. après le défaite de l'armée française en 1940, son CC adopta à l'unanimité une résolution qui faisait une différence entre les ailes collaboratrice et "indépendante" de l'impérialisme français et au nom d'une lutte nationaliste, disait "c'est à la fraction française de la bourgeoisie que nous tendons la main". Quelques semaines plus tard le POI proposait de céer des "comités de Vigilance Nationale". Comme déviation nationaliste, cela se posait là.
L'autre organisation trotskyste était donc l'héritière du PCI d'avant-guerre. Raymond Molinier et Pierre Frank étaient partis pour l'Angleterre (Frank arrêté en Angleterre où il restera enfermé dans un camp de concentration jusqu'à la fin de la guerre). Cette organisation était connue en 1942 sous le nom de son journal, "La Seule Voie" et puis à partir de 43 comme le CCI (comité communiste internationaliste). Une partie de la direction du CCI, Henri Molinier et Foirier était convaincue que l'URSS était devenue un capitalisme d'Etat fasciste, successeur du capitalisme. Soutenus par la direction du CCI, Henri Molinier et Foirier entrèrent donc dans une organisation fasciste.
D'où ce trait d'humour
parfaitement déplacé :
a écrit :
La fusion de 1944 se présentait donc dans les meilleures conditions.
Pourquoi ? Non pas parce que tu fais de "
de l'humour sur les trotskystes morts pendant la guerre". Relis : ce n'est pas parce que ce que j'ai écrit. Mais parce qu'en ne conservant que les cotés les plus dingues d'une politique menée par des gamins perdus dans une tourmente sans la moindre liaison avec une direction expérimentée, ils ont fait ce qu'ils ont pu...
Et ce qu'ils ont pu ce n'est pas seulement ce que tu dis. C'est aussi - dès qu'ils en ont eu les moyens politiques - un travail politique anti-impérialiste qui leur a coûté cher..
Et c'est justement à cause de ce redressement que les questions ont pu se clarifier et au bout du compte, le PCI construit.
Occulter un de ces aspects, c'est faire de ces organisations un groupe de paumés complets bons à rien. Ca je ne l'accepte pas.
Pour le reste - comme je l'ai écrit - la politique suivie par le PCI d'alors se discute. C'est le moins qu'on puisse dire.
Mais encore faut-il partir de ce que ces militants ont combattu leur bourgeoisie et pas collaborré avec elle.
Et je répète aussi que je ne crois pas une seconde que l'UC a refusé la réunification parce que le PCI n'était "pas assez ouvrier". Elle l'a fait à cause de son programme.
Conclusion : Ducros persiste et signe !
Citer les aspects les plus dingues des trotskystes pendant la guerre, c'est montrer jusqu'où est allée la décomposition de la 4, dans l'isolement et après la mort de Trotsky, ce n'est pas faire de l'humour.
Se servir des morts pour cacher une politique fausse, ce n'est pas très "digne" : ce n'est pas ce que tu veux faire, je l'espère car le procédé a largement été utilisé par le PCF, "le Parti des fusillés". Ces jeunes là, je les respecte aussi et ne va pas me faire un faux procès : je ne tire pas un trait dégalité entre les trotskystes et les communistes. Je veux discuter des déviations des organisations trotskystes pendant la guerre y compris de leurs causes et j'ai commencé à le faire.
LT a souvent représenté le rempart de nombreuses dérives même s'il n'a pas pu tout empêcher.
Malheureusement, il n'a pas eu le temps de construire des ourganisations suffisamment solides politiquement pour résister à la tourmente. Staline a de son côté fait ce qu'il fallait pour éliminer les quelques cadres expérimentés du trotskysme dont évidemment LT.
Maintenant je reste écoeuré que l'on m'accuse de me moquer de militants comme Marcel Hic (comme des militants morts en Amérique du Sud même si je pense que la politique qu'ils ont suivi était érronée).
Pour ceux qui ne connaissent pas : Marcel Hic, jusqu'à son arrestation fin 43, dirigea La Vérité clandestine. Journaliste, il fut arrêté dans l'agence Havas où il travaillait. A fresnes, il retrouva Rousset, Filiatre, Fournié, autres militants du POI. Il fut torturé par des Français rue des Saussaies, par des Allemands avenue Foch et déporté avec ses camarades en janvier 1944. Il passa de Buchenwald à un camp plus dur , Dora puis à Elrich qui était encore pire. Comme Filiatre il avait malheureusement déclaré à l'administration de Buchenwald, contrôlée par des communistes allemands, son appartenance à la 4ème internationale. Rousset ne l'avait pas fait (lire "Les jours de notre mort"). Faible physiquement, assigné au travail de terrassier, il mourut le 28 décembre 1944. Qui aurait à coeur de faire de l'humour sur Hic et de tous ces trotskystes (souvent jeunes, pas tous) qui militèrent dans des conditions difficiles et y dont certains y laissèrent leur vie.
Tout ceci est dit et reconnu par Lutte Ouvrière et ne nous empêche pas de dire que la fusion de 1944, telle qu'elle s'est faite : précipitation, volonté de tirer un trait rapidement sur le passé n'était pas le meilleur moyen de reconstruire l'internationale.