"Violence des echanges en milieu tempéré"

Message par Fan_Bizet » 18 Jan 2004, 15:17

Ce film raconte les premiers pas dans le metier d'un jeune consultant en entreprise. Il apprend à "degraisser" et à "couper des têtes"

Très instructif sur la façon dont les patrons gèrent leurs entreprises...
Fan_Bizet
 
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Message par interluttant » 18 Jan 2004, 19:12

comment est ce film ? La bande annonce de allociné (http://www.allocine.fr/film/fichefilm_g ... 28735.html) ne m'a pas fait une super impression.
Ceux qui l'ont vu peuvent-il en dire plus ? Est-ce un film à montrer aux travailleurs ? Le film montre-t-il autre chose que les états d'âme d'un petit bourgois jeune cadre sup ? Est-il aussi bien que "ressources humaines" ?
dites :60:
interluttant
 
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Message par Fan_Bizet » 18 Jan 2004, 20:24

(interluttant @ dimanche 18 janvier 2004 à 19:12 a écrit : comment est ce film ? La bande annonce de allociné (http://www.allocine.fr/film/fichefilm_g ... 28735.html) ne m'a pas fait une super impression.
Ceux qui l'ont vu peuvent-il en dire plus ? Est-ce un film à montrer aux travailleurs ? Le film montre-t-il autre chose que les états d'âme d'un petit bourgois jeune cadre sup ? Est-il aussi bien que "ressources humaines" ?
dites :60:
Je ne le trouve pas aussi bien fait que ressources humaines. Par contre un aspect du capitalisme est très bien montré: dans la gestion des entreprises, on se fiche totalement des personnes, seule compte la rentabilité. Pour accepter le role de consultant, il faut faire une croix sur un quelconque sentiment de solidarité avec les travailleurs. On comprend que ceux qui parviennent au sommet, sont les plus impitoyables. Instructif de ce point de vue.
Fan_Bizet
 
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Message par magdalene » 19 Jan 2004, 23:06

Vite vite vite, précipitez-vous le voir.

Ca a quand même de la gueule un réalisateur qui s'intéresse à comment un jeune gars vit le fait de lourder 80 travailleurs (et c'est à sa capacité à le faire qu'il sera jugé comme consultant qui a de l'avenir). Un film cynique comme la vraie vie.

Bref : :t3xla: :t3xla: :t3xla:
magdalene
 
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Message par faupatronim » 20 Jan 2004, 10:01

(magdalene @ lundi 19 janvier 2004 à 23:06 a écrit : Vite vite vite, précipitez-vous le voir.

Ca a quand même de la gueule un réalisateur qui s'intéresse à comment un jeune gars vit le fait de lourder 80 travailleurs (et c'est à sa capacité à le faire qu'il sera jugé comme consultant qui a de l'avenir). Un film cynique comme la vraie vie.

Bref : :t3xla: :t3xla: :t3xla:
Ca ressemble pas à du Chantal Goya quoi... :hinhin:
faupatronim
 
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Message par Quartz » 08 Fév 2004, 11:55

Fan Bizet 18 janvier 2004
a écrit : Ce film raconte les premiers pas dans le metier d'un jeune consultant en entreprise. Il apprend à "degraisser" et à "couper des têtes"


J' ai la possibilté de le faire passer dans un ciné-club. Peux-tu me donner le réalisateur ?
Quartz
 
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Message par zejarda » 08 Fév 2004, 17:24

Voila quelques info.


a écrit :Violence des échanges en milieu tempéré

Jean-Marc MOUTOUT

France - 2004 - 1h39

avec Jérémie Rénier, Laurent Lucas, Cylia Malki, Olivier Perrier, Martine Chevallier, Pierre Cassignard…

Scénario d’Olivier Gorce
et Jean-Marc Moutout.
 

C’est un film grave, beau, intelligent, sensible, intense. Rien n’y est anodin ou futile, tout y fait sens et si on réagit au quart de poil à chaque séquence, c’est qu’il met dans le mille de ce qui nous préoccupe leplus fort: l’évolution de la société, le devenir de nos vies, de nos valeurs les plus fondamentales et la façon dont cette évolution interfère dans nos relations humaines, y compris nos relations d’amour. L’être humain n’est définitivement pas divisible en petites cases étanches. Chaque choix que l’on fait en entraîne une cascade d’autres, façonne le bonhomme… Chacun construit son identité en fonction de ses engagements.

«Le petit chaperon rouge croise Blanche Neige dans la forêt… Il n’y a plus que cinq nains, et Blanche Neige pleure: on a eu un audit Mac Gregor, Simplet et Grincheux viennent d’être virés…» plaisante un employé. Les contes de fées ne sont plus ce qu’ils étaient….

Philippe vient d’être embauché dans un grand cabinet de consultants. Réussir dans ses études ne semble pas lui avoir été très facile, et s’il a été choisi par son chef (Laurent Lucas), c’est bien parce que celui-ci devine en lui la revanche à prendre, la volonté farouche de se faire une place, de réussir coûte que coûte…Pourtant, tel qu’il nous apparaît, Philippe, il ne semble pas idéal pour le rôle violent qui va lui être dévolu: tendre, sensible aux injustices, spontanément du côté du faible et de l’opprimé... Ce n’est pas un hasard si Eva s’entiche de lui. Leur relation d’amour est forte, digne et néanmoins sensuelle. Il est à ce moment de sa vie où tout se décide, où tout peut changer, où les jeux ne sont pas faits encore.

Ce premier poste est inespéré pour le provincial sans relations qu’il est, il lui ouvre une voie royale vers la réussite professionnelle. Cette première mission, qu’il aborde avec enthousiasme, est de préparer le rachat, encore confidentiel, d’une usine par un grand groupe. Il interroge, observe, analyse l’organisation: comment baisser les coûts, tout en obtenant une meilleure productivité? Peu à peu, de bilan de compétence en chronométrage des tâches, il plonge dans les problèmes des uns et des autres, rencontre les chefs et réalise qu’il n’y a pas de restructuration sans compression, sans mise à la retraite anticipée, sans élimination des plus faibles. Ça le remue, ça le chavire, travaille ses nuits, hante sa relation avec Eva à qui il n’est pas question de cacher les choses. Face à tous ces drames humains qui couvent, confronté à tous ces personnages forts qui commencent à comprendre ce qui se trame (ce n’est pas parce qu’on a 17 ans de boîte qu’on devient stupide!), Philippe est déstabilisé, Philippe souffre. Il souffre parce qu’il est proche encore de tous ces gens dont son audit va bouleverser la vie, parce qu’il voit encore ce qu’ils ont en commun, qu’il n’a donc pas, pas encore, extirpé le sentiment de solidarité qui lui vient malgré lui… Il n’a pas mis entre eux et lui la distance cynique de son chef, et se cherche des raisonsde ne pas prendre la fuite: «si je me casse, un autre le fera et je bousille ma carrière!» dit-il à Eva qui n’est pas prête à admettre de telles concessions…
Remarquables! ils sont tous saisissants: Jérémie Rénier, qui tient là son plus beau rôle depuis ses débuts dans La Promesse, Laurent Lucas, ambitieux, cynique et pourtant pas si antipathique qu’il devrait l’être, Cylia Malki en amoureuse intransigeante… Tous les seconds rôles sont forts, importants, contribuent à la richesse du film: du cuisinier au syndicaliste en passant par la chef, chacun doit, pour garder sa place, remettre en question celle des autres et la subtilité de leur rôle est de laisser transpirer le conflit profond qui les écartèle entre individualisme et conscience collective… Taraudés par l’amertume de ne pas avoir réagi assez tôt devant les signes d’une évolution qu’ils auraient pu percevoir: «On aurait pu éviter ça si on s’était mobilisés plus tôt…». Violence des échanges en milieu tempéré nous plonge dans un univers impitoyable: marche ou crève, suis le mouvement général ou exclus-toi tout seul, obéis ou renonce… C’est un constat radical sur le climat qui prévaut désormais dans la plupart des boîtes, sur l’idéologie qui sous-tend de plus en plus le monde du travail: à noter la séquence, particulièrement impressionnante, où les «consultants», entre eux, se chauffent en scandant leur slogan «work hard play hard» comme des troupes se préparent pour la guerre, se conditionnent pour éliminer tout état d’âme… et il paraît que dans la réalité, c’est bien pire!
On pense aux beaux films de Laurent Cantet, à Ressources humaines et à L’Emploi du temps encore plus. Mais peu à peu le cousinage s’estompe. Le contexte est proche mais s’est alourdi de quelques années de libéralisme de plus et les héros sont différents…


J'ai bien aimé ce film, et je recommande de le voir.
zejarda
 
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Message par Quartz » 08 Fév 2004, 18:57

Merci :smile:
Quartz
 
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Message par magdalene » 09 Fév 2004, 00:47

Quartz, s'il a un debat apres, raconte nous les reactions.
magdalene
 
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