Chérèque hélas !

Message par pelon » 08 Jan 2004, 15:21

a écrit :
Entretien avec François Chérèque, secrétaire général de la CFDT
LE MONDE | 07.01.04 | 13h44
"Continuer à baisser les impôts est une erreur", estime le responsable syndical.
Le texte de cet entretien a été relu et amendé par M. Chérèque.

Le président de la République a annoncé, le 31 décembre 2003, une loi de mobilisation sur l'emploi en 2004. Est-ce, à vos yeux, le bon instrument pour traiter de cette question ?

Je suis surpris que, devant l'aggravation du chômage, le premier réflexe des responsables politiques soit toujours de faire une loi. Le gouvernement Jospin l'avait fait, avec la loi de modernisation sociale, critiquée par la droite... qui commet la même erreur ! Une loi de droite ne créera pas d'emplois, pas plus qu'une loi de gauche n'a empêché les licenciements. Le chef de l'Etat bouscule aussi le point le plus positif de la réforme Fillon sur le dialogue social, qui consiste à donner toute sa place à la négociation avant la loi.

Comme toujours, le calendrier politique et électoral n'est pas celui du social et de l'économique et on a l'impression que le gouvernement veut presser le pas à cause des élections régionales et européennes. Pour autant, c'est une bonne nouvelle que M. Chirac fasse enfin de l'emploi la priorité de 2004. Nous le lui demandons depuis deux ans.

Qu'y a-t-il à négocier avec l'Etat ?

L'Etat et les partenaires sociaux peuvent conclure un pacte sur l'emploi, assorti d'objectifs quantitatifs précis, comme cela se fait ailleurs en Europe, notamment en Espagne.

Un tel pacte comporterait un volet négocié par le patronat et les syndicats, par exemple sur le droit au reclassement, l'emploi des seniors, l'égalité professionnelle, des dispositions fiscales, des mesures de traitement social, ainsi qu'un effort national pour la formation.

La CFDT réclame, en outre, une politique de l'emploi coordonnée en Europe avec quatre volets : une politique fiscale européenne plus favorable à l'emploi - or, aujourd'hui, il y a un vrai risque de dumping social accru via la fiscalité des entreprises ; un investissement sérieux dans la recherche et des politiques industrielles pour créer les emplois de demain et, enfin, de grands travaux d'infrastructures.

Pensez-vous pouvoir aboutir rapidement dans la négociation avec le Medef sur les restructurations ?

Nous y sommes disposés, même si les discussions sont difficiles. Le Medef cherche à les circonscrire à la gestion des licenciements. Ce n'est pas notre choix. Nous voulons garantir un emploi durable à chacun, c'est-à-dire une carrière professionnelle qui permette d'évoluer, de changer d'entreprise si besoin, voire de métier.

La CFDT a participé activement à la création du plan d'aide au retour à l'emploi en 2000 et à celle du droit individuel à la formation en 2003. Nous souhaitons parfaire ce dispositif en créant un réel droit au reclassement. Il suppose d'anticiper les restructurations, de responsabiliser les grandes entreprises à l'égard de leurs sous-traitants et, en matière de reconversion des sites, de traiter les salariés des PME comme ceux des grands groupes.

Le patronat demande davantage de flexibilité. Que pouvez-vous négocier avec lui ?

Aujourd'hui, 40 % des personnes qui entrent en chômage sont en fin de contrat à durée déterminée. Je ne vois pas comment on pourrait aller plus loin et j'y suis opposé. D'autant que le gouvernement a créé un "titre emploi service entreprise" qui présente toutes les allures de la flexibilité maximale. La mobilité, pour nous, ce n'est pas la précarité. Les salariés doivent pouvoir vivre des mobilités positives et non plus contraintes.

Le chantier de l'emploi des seniors semble délaissé...

Même si le patronat et les entreprises pratiquent souvent le double langage dans ce domaine, il faudra bien l'ouvrir pourtant. Nous pourrions le faire à l'occasion de la négociation sur la pénibilité, que je souhaite voir débuter au premier trimestre de cette année.

Et pour les moins de 25 ans ?

Les jeunes au chômage doivent pouvoir se former ou bénéficier d'un contrat de travail ou d'insertion. Le gouvernement doit le leur proposer. Et pour que chaque jeune puisse avoir un égal accès à la formation, où qu'il réside, nous pensons que la politique d'insertion doit rester du domaine de l'Etat, tout comme la formation des adultes avec l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA).

La CFDT a lancé une grande campagne de communication sur les "résultats obtenus en 2003". Pourquoi ?

Pour démontrer que l'action de la CFDT apporte des résultats. Les départs précoces à la retraite des salariés qui ont commencé à travailler jeunes vont concerner, dans les cinq ans qui viennent, un demi- million de personnes. Avec la réduction du temps de travail, c'est la mesure sociale la plus forte de ces dernières années.

Au moins 180 000 chômeurs ont basculé au 1er janvier en fin de droits, avec le dernier accord Unedic que la CFDT a négocié. N'avez-vous pas d'états d'âme ?

Le devoir des partenaires sociaux est de donner à l'assurance-chômage la possibilité de vivre. Or un déficit de 15 milliards d'euros menaçait l'Unedic de cessation de paiement des prestations versées aux chômeurs. Nous avons augmenté les cotisations et choisi de garder le système d'indemnisation le plus favorable d'Europe en ne rétablissant pas la dégressivité des allocations. A l'Etat de prendre le relais en apportant les compléments nécessaires. Les partenai-res sociaux ne sont pour rien dans la réforme de l'allocation de solidarité spécifique, que la CFDT a condamnée. Compte tenu des difficultés actuelles, continuer à baisser les impôts est une erreur. Il faut mobiliser ces moyens pour répondre à la première attente des chômeurs : trouver un emploi.

Propos recueillis par Rémi Barroux et Claire Guélaud

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 08.01.04
pelon
 
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