rebolchévisation de la LCR

Message par pelon » 07 Jan 2004, 19:16

a écrit :
CONGRÈS LCR
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Le XVe congrès de la LCR, auquel Alternative libertaire était invitée, s'est tenu du 30 octobre au 2 novembre à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). L'essentiel des débats a porté sur les élections régionales et européennes de 2004 et l'alliance avec Lutte ouvrière (LO).

La surprise créée par Olivier Besancenot à l'élection présidentielle de mai 2002, a conduit à un renforcement numérique de la LCR et l'a fait, pour la première fois de son histoire, exister sur le plan électoral. La gestion de ce succès conduit la LCR à une évolution paradoxale : une " rebolchevisation " idéologique de plus en plus associée à un rapport aux institutions de type social-démocrate.

Pour prendre la mesure de cette évolution, il faut se souvenir de la Ligue " poil à gratter de la gauche " d'il y a quelques années, c'est-à-dire de la campagne Juquin en 1988, de la recherche du dialogue avec la " gauche plurielle " en 1996-97, en passant par l'appel à voter Voynet à l'élection présidentielle de 1995. La situation a bien changé depuis la candidature LO-LCR aux élections européennes de 1999, enjeu d'une radicalisation en interne, puis la recomposition de majorité au congrès de 2000, qui a vu la tendance gauche (Révolution) de la LCR intégrer la direction, enfin l'intégration de Voix des travailleurs, héritière du style LO. La LCR d'aujourd'hui n'est donc pas la même qu'il y a cinq ans : durcissant le ton envers la " gauche libérale ", tournant le dos au marécageux appel Ramulaud, faisant même quelques œillades aux communistes libertaires via le livre de Besancenot-Sabado, Révolution.

Mais avec l'histoire qui est la sienne, le gauchissement s'accompagne de velléités avant-gardistes dangereuses pour les mouvements sociaux. Ainsi le sabotage de l'École émancipée, tendance syndicaliste révolutionnaire de l'Éducation, sacrifiée sur l'autel des alliances d'appareil au sein de la FSU. Ainsi l'appel à " une grande manifestation contre les licenciements " en septembre, démarche substitutiste par rapport au mouvement syndical, et qui a échoué faute de partenaires.

Parallèlement à ce retour d'avant-gardisme qui laisse craindre des attaques contre l'autonomie du mouvement social, on voit donc la LCR considérer de plus en plus les élections comme un enjeu stratégique. Le tournant en ce sens date de 1996. Il importe de faire un score, d'avoir des élu(e)s (y compris en réclamant régulièrement le scrutin proportionnel), que ces élu(e)s aient " un bilan ", les subventions d'État afférentes, etc. Partant de là, le jeu des alliances devient vital, même s'il est purement pragmatique, comme avec Lutte ouvrière. Cette alliance est sans doute aussi un moyen pour la direction de la LCR de radicaliser ses troupes face à des tentations réformistes du type Ramulaud, et de donner des repères de classe (au moins en apparence) à de nouveaux adhérent(e)s peu formé(e)s et gagné(e)s essentiellement sur une dynamique électorale.

L'appel à la création d'un " grand parti anticapitaliste " s'adressant à l'ensemble de la gauche alternative sert essentiellement à consoler la tendance minoritaire de la LCR, qui voit dans l'accord avec LO une impasse sectaire. Cela n'aboutira sans doute pas davantage que l'appel similaire lancé en juin 2002, mais ça ne mange pas de pain.

Dans son adresse aux congressistes, Alternative libertaire concluait : " Le jeu est ouvert. Nous attendons davantage les militant(e)s de la LCR dans les luttes sociales de demain, que dans des tractations avec la future néo " gauche plurielle ", ou dans des alliances électorales qui laissent sceptiques. " C'est toujours vrai.

Guillaume Davranche (AL Paris-Sud)

Laurent Esquerre (AL Paris-Est)
pelon
 
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Message par Mariategui » 07 Jan 2004, 22:18

a écrit :Des critiques parfois justes, mais on pourrait ouvrir un fil sur l'inaction anarchiste...


Tu veux dire le refus des organisations anarchistes de su substituer aux mouvements sociaux en s'érigeant en avant-garde autoproclamée?

Je trouve tout de même l'article plutôt bon, excepté leur critique sur notre démarche "avant-gardiste" que j'ai bien du mal à voir.
Mariategui
 
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Message par Barikad » 08 Jan 2004, 10:23

a écrit :Parallèlement à ce retour d'avant-gardisme qui laisse craindre des attaques contre l'autonomie du mouvement social...

Vraiment, ca m'enerve de plus en plus cette soi disant "autonomie des mouvements sociaux". Qu'est ce que ca veut dire ?
Si c'est l'auto organisation des travailleurs et la democratie ouvriere, OK. Mais cette expression traduit surtout une vrait défiance envers le concept meme de parti politique. Une organisation politique doit proposer une politique aux travailleurs, en quoi c'est ne pas respecter l'autonomie du "mouvement social" (tiens encore un terme qui m'enerve !). Vaut il mieux que les organisations politiques avancent masqués, créent des organisations "paravent"?
:altharion: :altharion: :altharion:
Barikad
 
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Message par mael.monnier » 09 Jan 2004, 12:05

Bonjour,

(Barikad @ le jeudi 8 janvier 2004 à 10:23 a écrit :Vraiment, ca m'enerve de plus en plus cette soi disant "autonomie des mouvements sociaux". Qu'est ce que ca veut dire ?
Si c'est l'auto organisation des travailleurs et la democratie ouvriere, OK. Mais cette expression traduit surtout une vrait défiance envers le concept meme de parti politique. Une organisation politique doit proposer une politique aux travailleurs, en quoi c'est ne pas respecter l'autonomie du "mouvement social" (tiens encore un terme qui m'enerve !). Vaut il mieux que les organisations politiques avancent masqués, créent des organisations "paravent"?


A mon sens, ce que AL veut dire par "retour d'avant-gardisme qui laisse craindre des attaques contre l'autonomie du mouvement social", c'est qu'ils craignent que la LCR se mette au-dessus des masses ouvrières, et que donc les masses ouvrières n'auto-dirigent pas leur luttes mais soient guidées par une soi-disant "Avant-Garde" comme un troupeau de moutons est guidé par un berger. L'expression "autonomie des mouvements sociaux" est donc, comme tu l'as dit, "une vraie défiance envers le concept même de parti politique" qui est une structure hiérarchisée, donc de type bourgeoise, à l'opposé d'une organisation politique organisée en anarchie, donc sans hiérarchie, et qui ne dirige (au sens de mener) pas au sein du mouvement social, mais qui éclaire et qui aide principalement. Pendant la révolution russe, à la différence de Lénine qui a contrôlé et mené les masses au point d'aller jusqu'à leur retirer leur droit de grève, les anarchistes souhaitaient que ce soient les masses qui s'auto-dirigent (Makhno répondait ainsi lorsqu'on lui demandait des conseils : "C'est à vous de le savoir ; cherchez des solutions, organisez-vous, c'est en faisant des erreurs que vous apprendrez à les éviter.").

Enfin, je ne vois pas ce qui vous énerve dans l'expression "mouvement social". Il n'y a pas que les mouvements de grève, il y a aussi d'autres moyens d'action directe : marches de protestation, sit-ins, blocages, boycotts... Ne me dites pas que ces moyens ne mènent à rien : comment les Noirs ont-ils mis fin à la ségrégation dans les bus à Montgomery (Alabama) aux USA ? comment les Noirs ont-ils obtenu la loi sur les droits civiques aux USA ? Dans le social, il n'y a pas que les luttes contre le patronat. Sous l'appellation "mouvement social", on peut ranger toute action dont le but est d'apporter des améliorations à la société : on y trouve donc aussi les luttes contre le patriarcat, contre le racisme, contre la xénophobie, contre l'homophobie, etc.

Donc les organisations politiques n'ont pas lieu d'avancer masquées, bien au contraire. Dans les mouvements de grève, les militant-e-s de LO, de la LCR, du PT, du PCF, ... avancement masqués et défilent sous leur badge CGT, FO, Sud, ... ou sans rien s'ils ne sont pas syndiqués (c'est moins vrai pour le PCF qui n'hésite pas à distribuer des tracts, des 4 pages, etc.), et je ne vois pas pourquoi, autant s'afficher (certes quand on est PS, c'est difficile, mais là il faut assumer aussi... PCF cela marche encore pour tromper les masses, mais PS non).

Fraternellement,
Maël Monnier
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Message par reval71 » 09 Jan 2004, 12:36

Ce qui me gène franchement dans de tels discours sur "l'autonomie du mouvement" c'est que toujours les gens qui pronent de tels méthodes ne font que mener le dit mouvement au mieux dans des voies de garage , au pire vers des défaites sanglantes.
Je ne vois pas en quoi aussi bien LO que la Ligue ont été dirigistes lors des mouvements de mai juin, soyons serieux, pour être dirigiste il aurait fallu que nos deux organisations pèsent d'un réel poids sur la mobilisation des travailleurs , or ce n'était vraiment pas le cas.

Si ça avait été le cas, et je me bats pour que ce le soit lors des prochains mouvements, nous sommes des militants politique, et je ne vois vraiment pas pour quel raison nous devrions taire nos idées et notre vision du combat politique sous prétexte "d'autonomie du mouvement". C'est, de plus, vraiment prendre les travailleurs pour des abrutis que de considérés qu'ils puissent être manipulés, spoliés de leurs revendications (surtout dans des périodes de lutte) .

Je ne pense pas que dans les mouvements nous avancions a visage couvert comme tu peux le prétendre (je me demande d'ailleur où tu a pu aller chercher ça ailleur que dans les journaux qui lors de chaque mouvement ne manquent pas de ce gargariser avec le complot Trotskiste).Et je dit par contre qu'il serait criminel , sous pretexte "d'autonomie du mouvement" de ne pas avancer clairement nos idées. Militer c'est convaincre , et on ne convaint pas les gens en ce taisant mais en argumentant.

a écrit : "C'est à vous de le savoir ; cherchez des solutions, organisez-vous, c'est en faisant des erreurs que vous apprendrez à les éviter."


Contrairement aux anarchistes, les marxistes sont capables de tirer des leçons de l'histoire. N'oublie pas que dans les révolutions les erreurs se payent par le sang et pas la vie. Si nous pensons qu'il faille que les travailleurs , pour vaincre s'organisent dans un parti ouvrier révolutionnaire c'est parce que sans ces organisation , a chaque fois que la classe ouvrière est allée au charbon , elle a prie une rouste et que la seule fois ou elle y est allée en rangs serrés, elle a vaincue. tout le reste n'est que de l'idealisme petit bourgeois.
reval71
 
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Message par Mariategui » 09 Jan 2004, 13:17

a écrit :parti politique" qui est une structure hiérarchisée, donc de type bourgeoise, à l'opposé d'une organisation politique organisée en anarchie, donc sans hiérarchie, et qui ne dirige (au sens de mener) pas au sein du mouvement social, mais qui éclaire et qui aide principalement.


Ce genre de débat n'a pas un grand intéret à mon avis dans la mesure où il est impossibe de décrire une direction politique qui ne prenne pas les formes d'une structure organisée et donc avec des hiérarchies fonctionnelles. Tu avoueras qu'une expression comme "une organisation politique organisée en anarchie" frisse la schizofrénie comme concept et montre bien la incapacité intellectuelle de penser une structure fonctionnelle de mobilisation en termes strictement horizontaux. D'ailleurs, les mouvements anarchistes que je connais (FA, CNT, un tout petit peu la AL) ont un fonctionnemennt assez proche de la LCR, et de LO, dans leur fonctionnement: dirigeants élus lors de congrés réguliers par les militants du mouvements sur la base de leur action et des textes de débats produits, et aussi dans l'action. Je crois que la notion d'"avant-garde du prolétariat" a beaucoup perdu de son sens originel. À l'origine, il n'y avait pas de coupure entre le prolétariat en lutte et son avant-garde dans la mesure où l'avant-garde était censé être issu du mouvement et du prolétariat. Cette fraction de masses qui luttaient était souvent la plus politisée et elle faisait souvent parti des partis révolutionnaires (en Russie, l'avant-garde ouvrière était composée de militants mnechéviques et bolchéviques au début, après, l'équilbre de force allait changer). Bref, il n'y avait pas de raison d'opposer le prolétariat et les militants politiques les plus radicaux puisqu'il faisaient partie de la même classe et ils étaient issus du même combat. e la même facon, on ne pouvait pas dire qu'ils se substutuaient aux masse dans la mesure où ils étaient acceptés comme dirigeants par le prolétariat. Mais effectivement, il y a un problème lorsque la direction du mouvement se rigidifie et empêche la mobilité des directions et des points de vues. Lorsque le dirigeant n'est plus élu parcequ'on croit ponctuellement qu'il est le plus capable mais on l'élit toujours parcequ'il est le meilleur, ou il est dans tel ou tel parti. Effectivement, il y a dans ces circonstances un danger de rupture entre les masses et l'"avant-garde". Cela dit, cette situation me paraît être à des années lumières de la situation actuelle ou en mai-juin où effectivement pas mal de militants de l'EG ont un rôle moteur ou dirigeant.



a écrit :
a écrit :"C'est à vous de le savoir ; cherchez des solutions, organisez-vous, c'est en faisant des erreurs que vous apprendrez à les éviter."



Contrairement aux anarchistes, les marxistes sont capables de tirer des leçons de l'histoire. N'oublie pas que dans les révolutions les erreurs se payent par le sang et pas la vie. Si nous pensons qu'il faille que les travailleurs , pour vaincre s'organisent dans un parti ouvrier révolutionnaire c'est parce que sans ces organisation , a chaque fois que la classe ouvrière est allée au charbon , elle a prie une rouste et que la seule fois ou elle y est allée en rangs serrés, elle a vaincue. tout le reste n'est que de l'idealisme petit bourgeois.


Lorsque tu sais que Makhno a été tué par l'Armée rouge, cette phrase est assez craignos. Au delà du débat sur l'individu et son rôle en Ukraine, ce qui justifiait à mon avis l'écrassement de son armée pour assurer la survie alimentaire de Moscou et Leningrad (excusez l'anachronisme) et donc de la révolution prolétarienne, tu devrais faire gaffe aux formulations, le "les erreurs se payent par le sang" (anarchistes, tenez vous bien) me laisse pensif. Sinon, reval soulève véritable point: la négation du politique et d'une organisation forte a entraîné toujours la défaite du prolétariat. Cela pour moi est un acquis, ce qui ne nous empêche pas de penser aux nécessaires garde-fous et normes de fonctionnement nécessaires pour rendre plus difficile la bureaucratisation de cette organisation.

Fraternellement, Mariategui.
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Message par Mariategui » 09 Jan 2004, 13:40

:oops: À bon?, Je ne savais pas, Je croyais qu'il avait été tué dans une bataille entre les verts et les rouges. Salaud d'anarchiste qui m'a dit que makhno avait été tué par l'armé rouge. Ca m'apprendra à ne plus jamais leur faire confiance.

En signe de contrition, j'utilise mes premiers smileys (qu'est ce que les déteste)
:fouet: :fouet: :fouet:


Fraternellement mariategui.
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