a écrit :
Pom-pom girls altermondialistes
"R pour Radical / A pour Agité / D pour Démocratie, car on est / I inspiré / C parce c'qu'on est Contre / A pour être Actif / dans les Luttes et dans l'amour… R-A-D-I-C-A-L / Ne le dis pas aux cochons / R-A-D-I-C-A-L / Ils te mettront en prison…" Impossible de rater ce slogan.
Sur le continent nord-américain, pas une manifestation ne se déroule sans qu'il vienne rythmer le pas des manifestants. Il a encore été entendu fin novembre à Miami durant les négociations de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA). Un hymne pas vraiment révolutionnaire, mais scandé par des troupes de filles déjantées et hurlé à la manière des "cheerleaders", les majorettes américaines. Sauf que celles-là se moquent du sport et préfèrent combattre la mondialisation, la guerre en Irak ou encore les OGM plutôt que de défendre les couleurs de leur université. Ce sont les Radical Cheerleaders, les mutantes de l'activisme. Au placard les jupes plissées ! Elles dansent en jupette, kilt rouge et maillot noir, enfilent des collants rayés et chaussent des Doc Martins. Parfois les tee-shirts sautent et les seins se libèrent. Quant à leurs pompons, ils sont confectionnés dans des sacs poubelle… "Nous faisons la même chose que les cheerleaders traditionnelles, à savoir motiver les troupes", explique Betsy Houtsen, membre des Radicals de New York. Betsy reconnaît qu'elles ne sont pourtant pas aussi athlétiques, aucun test physique ne conditionnant l'entrée dans l'équipe. Quels sont les critères d'admission ? "Vous n'avez pas besoin d'être actrice, chanteuse ou danseuse. Vous devez juste avoir envie de hurler", informe le site du mouvement. Il n'y a ni règle, ni uniforme, même si les jupettes rouges, les boots et les pulls noirs sont fortement conseillés, pour rester dans les tons de l'anarchisme.
Déjantées peut-être, mais pas cinglées. Créées en Floride par Aimee et Cara Jennings, les Radicals ont vu le jour lors de la convention nationale du Parti démocrate à Chicago en 1996. Sur place, les deux sœurs s'ennuient : manque de folie dans le cortège et, dans les discours, toujours les mêmes slogans. Pas assez de femmes au microphone. L'idée de singer les majorettes germe. Rapidement, des cellules indépendantes les unes des autres s'organisent sur tout le territoire. En 2001, plusieurs dizaines d'entre elles convergent vers Ottawa pour manifester contre le FMI et le G20. Il y a là, les Radicals de New York, les Rocky Mountain Rebels, les Memphis Dirty Southern Belles… Aujourd'hui, il existe plus d'un millier de groupes, répartis aux Etats-Unis, au Canada, en Suède, en Irlande et à Londres. Signe de leur succès, les observateurs parlent désormais de "radical cheerleading", "une nouvelle forme d'activisme avec des pompons, des actions non violentes sous forme de théâtre de rue", explique le site. Bref, une sorte de contestation carnavalesque. Si surprenante que certains organisateurs de manifestations font aujourd'hui appel aux Radicals pour divertir les troupes de mécontents.
Benoît Merlin