Serge Chasseuil - une histoire partagée

Serge Chasseuil - une histoire partagée

Message par Gayraud de Mazars » 08 Déc 2025, 16:26

Salut camarades,

L'histoire de Serge Chasseuil rencontre celle des militants morénistes en France...

Serge Chasseuil, une histoire partagée
Dimanche 7 décembre 2025
Par VARQUAT Christian

https://www.europe-solidaire.org/spip.php?article77241

La mort de Serge est une bien triste nouvelle.

J’ai connu Serge début 1982 alors qu’il venait de se faire exclure du PCI lambertiste avec quelques autres militant.es principalement issus du tout petit courant « moréniste » apparu en France. Au tournant des années 70 ils avaient été embarqués avec plus ou moins de réticence dans une recomposition dans le PCI faisant suite à une scission de la LCR. Celle-ci avait été provoquée par des divergences sur le processus de la révolution nicaraguayenne (et des discussions sur le type de parti à construire), mais surtout par une opération entriste des lambertistes dans la LCR. Après l’élection de Mitterrand en 1981, Lambert et ses acolytes n’ont pas toléré un doute de Nahuel Moreno, dirigeant trotskyste argentin rassemblé dans une organisation internationale avec les lambertistes, à propos de l’orientation portée à ce moment par le PCI sur un affrontement inévitable entre le gouvernement Mitterrand « de Front Populaire » et la bourgeoisie sur le modèle du Chili : Moreno avait écrit un texte dans l’été 81 où il voyait une autre possibilité : une intégration suffisante des socialistes et de leurs alliés dans les institutions gouvernementales bourgeoises et une lutte des classes cantonnée, qui ne déboucherait donc pas sur une crise politique ouverte de première ampleur. Au PCI, aucune critique ne pouvait s’exprimer impunément, et Serge, seul « moréniste » élu au Comité Central comme dirigeant de la section d’Angoulême, avait relayé dans la session du CC de septembre 1981, dans une ambiance plus qu’hostile, cette analyse des dynamiques de la situation.

Quelques dizaines de camarades vaccinés du lambertisme se regroupaient alors pour construire un nouveau groupe trotskyste, dont des militant.es de Grenoble avec lesquel.es je me suis retrouvé, refusant une « affaire » montée pour épurer toute dissidence dans cette très grosse section locale du PCI. Serge faisait partie du noyau central de ce petit regroupement à l’échelle nationale, il menait une expérience syndicale importante à Angoulême au Crédit Agricole, mais il s’est laissé convaincre d’aller animer ce qui devenait la LST à Paris. Il a réussi à s’ancrer professionnellement et syndicalement à Thomson CSF devenu Thalès, mais sa Charente lui manquait. Lorsque je montais à la capitale - souvent avec mon camarade grenoblois Jimmy -, nous logions chez Serge, rapprochés par une complicité de provinciaux, et Serge nous initiait aussi à l’histoire de l’est parisien, au Pineau des Charentes, et transmettait son enthousiasme pour les littératures policières et d’aventure. Nous partagions aussi la convivialité politique et humaine de nos quelques ami/es et camarades argentins à Paris.

Malgré les tentatives de faire de la LST un groupe utile dans les combats concrets de notre classe et de la jeunesse, et une orientation internationaliste honorable au quotidien, au bout de quelques années, avec Serge, Jimmy et quelques autres nous avons pris conscience d’être dans une impasse et nous avons décidé de quitter la LST pour rejoindre la LCR en 1987. Au fil des années la proximité que nous avions avec Serge s’est diluée dans les évolutions de vies des uns et des autres, et de nos insertions militantes différentes (Serge militait à Paris 20e puis dans le 92 Sud) alors que je passais de Grenoble à Paris), mais nous nous retrouvions toujours en phase sur les orientations politiques fondamentales, que nous avons poursuivi dans le NPA.

Passionné de trekking dans les montagnes du monde, Serge avait beaucoup souffert du fait que des problèmes oculaires l’avaient privé depuis des années de remonter au-delà de 3000m d’altitude.

Je ne l’avais quasiment pas revu depuis son départ à la retraite en Charentes, mais sa disparition me touche beaucoup, et je transmets toute ma solidarité à ses proches, à sa fille Alice, à Claudine qui avait partagé une partie de sa vie, à Jean Louis son ami et camarade de toujours, à Alexandre avec qui il a échangé énormément dans la dernière période...


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Re: Serge Chasseuil - une histoire partagée

Message par Gayraud de Mazars » 08 Déc 2025, 16:33

Salut camarades,

dans Inprecor cet article...

Serge Chasseuil est parti
Vendredi 5 décembre 2025
Par Alexandre Raguet

https://inprecor.fr/serge-chasseuil-est-parti

Serge Chasseuil, mon ami et mon camarade, est parti. Il rencontrait des difficultés de santé qui l'avait éloigné du militantisme ces derniers mois, d'où son absence des divers rendez-vous charentais.

Serge était un militant. Il avait l'internationalisme chevillé au corps. Encore ces dernières années, il tenait à apporter sa solidarité avec les peuples, notamment avec les Palestiniens mais aussi avec les Ukrainiens. Il regrettait toujours qu'il n'y ait pas suffisamment de monde dans ces luttes qui lui semblaient essentielles dans la période. Défendre les peuples contre l'injustice capitaliste, impérialiste ou colonialiste était sa marque de fabrique.

Il avait commencé à militer dans les années 70, très jeune. À la Ligue communiste, à la LCR puis au NPA. Son internationalisme l'avait poussé à des rapprochements avec le courant morériniste en Argentine, pays qu'il affectionnait tant. Mais malgré quelques désaccords avec la direction de la LCR sur le Nicaragua, il était resté fidèle sur le long terme à son parti qui revendiquait un marxisme ouvert et concret.

Militant syndical, il a animé durant des années la section CFDT de son entreprise Thalès en région parisienne. Il défendait une ligne lutte de classes qui a malheureusement disparu de la CFDT.

À la retraite, il est revenu vivre en Charente, où il était né près de Cognac. Il nous parlait souvent de Genté, de ses premières luttes lycéennes à Angoulême. Retraité, il retrouvait son camarade Jean-Louis, compagnon de lutte et ami des premières heures, lui aussi militant de la LCR puis du NPA.

J'ai été formé politiquement par Serge. Il avait "le nez" comme on dit et surtout n'hésitait jamais à passer à l'action. Pour lui il ne servait à rien de parler s'il n'y avait pas de concret. Avec lui nous avons parcouru les communes de Charente (et pas seulement de Charente) pour présenter la candidature de Philippe Poutou aux maires. Il a largement contribué dans le département, avec Gérard (photo ci-dessous avec un parrainage obtenu) à ce que nous puissions nous présenter. Il fut aussi des luttes contre les mégabassines et, en réalité, de toutes les mobilisations sur tous les sujets.

Les personnes se rendant au marché Victor Hugo à Angoulême connaissent forcément son visage puisqu'il a été au rendez-vous quasiment tous les dimanches pour vendre le journal du NPA lorsqu'il le pouvait encore. Les lecteurs du journal connaissent un peu Serge puisque, durant des années, il a participé à animer la rubrique Culture, avec notamment de nombreux articles sur la Bande-dessinée. Il était féru de BD et du Festival et signait de ses pseudos "S. Cachi" ou "Sylvain Chardon".

Passionné également de voyage et de marche en Montagne, il a parcouru, avec notre ami Jean-Louis, les Andes et l'Himalaya, entre autres. Nous discutions il y a peu d'aller en Amérique latine. Mais la vie en a décidé autrement.

Serge nous manque terriblement. Son départ est difficile à encaisser. C'est celui d'un camarade mais aussi d'un ami.

J'apporte toute ma tendresse à ses proches, sa fille, sa famille et à son ami Jean-Louis.

Bon vent camarade.


Fraternellement,
GdM
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