« Berlinguer, la grande ambition » d'Andrea Segre

« Berlinguer, la grande ambition » d'Andrea Segre

Message par Gayraud de Mazars » 13 Oct 2025, 18:27

Salut camarades,

A voir sans doute ! même si cela n'était pas mon communisme et plus tard un PCI sabordé...

« Berlinguer, la grande ambition » d'Andrea Segre : une certaine idée du communisme

Le réalisateur italien Andrea Segre dresse le portrait d’un grand dirigeant politique qui, de 1972 à sa mort en 1984, a dirigé le PCI, premier parti politique d’Italie alors.

Publié le 7 octobre 2025
Dans le journal L'Humanité
Par Marie-José Sirach

https://www.humanite.fr/culture-et-savo ... communisme

« E’MORTO » titrait sur cinq colonnes à la une l’Unita, le journal du Parti communiste italien, au lendemain de la disparition d’Enrico Berlinguer, le 12 juin 1984. L’Italie pleure alors un grand dirigeant politique, un homme d’État, un incorruptible. Dans les rues de Rome, 1,5 million d’Italiens lui rendront hommage. Autour de sa dépouille, monteront la garde tour à tour les ouvriers de La Fiat, les dockers, mais aussi Ettore Scola, Federico Fellini et un Marcello Mastroianni effondré.

Loin d’un biopic de facture classique, le film s’attache à la peinture d’une période particulière, du coup d’État de Pinochet au Chili en 1973 à l’assassinat d’Aldo Moro en 1978. Ce n’est pas un hasard si le film commence par le renversement de Salvador Allende, une expérience originale d’un socialisme démocratique dans le continent sud-américain. En Italie, entre 1965 et 1975, l’extrême droite multiplie les attentats contre les communistes. Berlinguer comprend que le PCI ne peut gouverner seul au risque de provoquer un coup d’État avec l’aval de la CIA. Et dans un même mouvement, il refuse l’idée d’un socialisme à la soviétique, rompt avec Moscou et pose les bases d’un communisme qui se conjugue avec démocratie et liberté.

Un angle mort de l’histoire du communisme italien

À travers un montage subtil entre fiction et images d’archives, le film d’Andrea Segre rend palpables la tension politique, le climat de guerre froide, le niveau de violence, l’espoir suscité par « le compromis historique » proposé par Enrico Berlinguer à Aldo Moro, un des leaders de la Démocratie chrétienne. Une période charnière qui verra le pays basculer d’un terrorisme d’extrême droite à un terrorisme d’extrême gauche au moment même où la perspective d’une solution politique semblait à portée de main.

Si le film fait écho à ceux de Marco Bellocchio ou de Nanni Moretti, il se distingue par sa capacité à remettre sur le métier un angle mort de l’histoire du communisme italien. Bien plus qu’un film historique, c’est un film pertinent qui fait écho à la période que nous traversons aujourd’hui, en Italie, en France, en Europe, partout dans le monde où les forces de gauche sont à la peine.

La Grande Ambition regarde l’histoire droit dans les yeux. Le jour des obsèques de Berlinguer, ils sont des millions à pleurer la mort d’un grand leader politique, humaniste, visionnaire. Tous pleurent aussi l’espoir d’une société nouvelle qui semble tout à coup inatteignable. Alors on se surprend à caresser l’espoir un peu fou, à rêver et imaginer cet Avenir radieux cher à Nanni Moretti.


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2853
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: « Berlinguer, la grande ambition » d'Andrea Segre

Message par Zorglub » 13 Oct 2025, 20:34

Les stals s'adoubent entre eux. GdM fait le passe-plat.

La « grande ambition » étant de servir de rabatteurs à la DC et de ramener la classe ouvrière au calme.
...[Berlinguer] pose les bases d’un communisme qui se conjugue avec démocratie et liberté.

Et mon cul c'est du poulet ?

Extrait d'OVNI 78 :
Le dénommé « décret Moro » du 21 mars, avant une longue série de lois spéciales, introduisit l’interpellation « d’identification ». On pouvait être emmené et retenu dans les locaux de la police jusqu’à vingt-quatre heures et interrogé en l’absence d’avocat. Plus encore : le décret laissait toute latitude aux enquêteurs sur les écoutes téléphoniques, même préventives, sans indices de délit.
Des années plus tard émergeraient des témoignages sur les tortures administrées à des suspects, comme le supplice « de l’eau et du sel » qu’infligea un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur surnommé De Tormentis à Rome et dans d’autres villes d’Italie. Le sujet était déshabillé et immobilisé sur une table, puis on lui enfonçait un tuyau dans la bouche et on le contraignait à ingurgiter des litres d’eau alternant avec des poignées de sel. « La lutte contre le terrorisme ne pouvait pas se mener code pénal en main, déclarerait De Tormentis des années plus tard. Il fallait rétablir une forme d’auctoritas, par tous les moyens. »
Pendant toute la durée de la séquestration, et plusieurs mois encore après sa conclusion, il n’y aurait aucun débat parlementaire sur les lois spéciales, sur la gestion de l’urgence, sur ce qui se passait. Ce que les BR elles-mêmes, dans un de leurs communiqués, ne manquèrent pas de faire remarquer : « Il n’a échappé à personne que le quatrième gouvernement Andreotti a été marqué par le retrait définitif de tout pouvoir au Parlement. »



Du PCI à la DC, après avoir sauvé la mise à la bourgeoisie après la guerre, ce sera ensuite avec les BR, ils ont transformé la lutte de classe en pour ou contre la démocratie bourgeoise et son Etat.
Après l'enlèvement de Moro, Rome, 16 mars 1978, grande manif de l'union sacrée, DC, PCI et CGIL.
Le chantage des BR et celui de l’État

titrerait Lotta Continua le lendemain.
La classe ouvrière au lieu de se défendre était sommée de défendre l'Etat ou d'applaudir aux attentats.


CLT n°54 :
Le PC, à peine entré dans la majorité gouvernementale, fut donc mis à dure épreuve. Son leader Berlinguer eut à soutenir le gouvernement Andreotti, et à expliquer qu'il était désormais en faveur de l'austérité. En même temps il dut affirmer le soutien de son parti à la lutte contre le terrorisme, et lorsqu'il appela les militants de son parti à des grèves ou des manifestations, ce fut au nom de la « défense de l'État ».
[...]
Mais pour la classe ouvrière, le mal était fait. La poussée à gauche avait sans doute atteint son point culminant en ces années 1975-1978, et en se compromettant dans la politique d'austérité anti-ouvrière, le PC - et par ailleurs les dirigeants syndicaux - avaient aidé la bourgeoisie à passer une période difficile.
Zorglub
 
Message(s) : 1319
Inscription : 27 Fév 2009, 01:26


Retour vers Livres, films, musique, télévision, peinture, théâtre...

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 23 invité(s)