Eleanor Marx (1855-1898), quand l’époque vous rattrape

Eleanor Marx (1855-1898), quand l’époque vous rattrape

Message par Gayraud de Mazars » 21 Fév 2025, 17:41

Salut camarades,

Voilà sur France Inter, une émission à écouter qui me semble pas mal du tout...

Eleanor Marx (1855-1898), quand l’époque vous rattrape
Publié le dimanche 23 février 2025

Eleanor Marx en 1867.jpg
La fille cadette de Karl Marx
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Fille cadette de Karl Marx, le théoricien du socialisme et du communisme, Eleanor Marx naît à Londres. Sur les traces de son père, elle s’engage en politique. Elle porte une attention particulière au sort réservé aux femmes, tout en subissant une certaine maltraitance dans sa vie personnelle.

Karl Marx est célèbre mais qui connaît sa fille ? Expulsée de Prusse pour écrits subversifs, la famille Marx s’exile en Angleterre, où elle vit d’abord pauvrement à Londres. C’est dans ce contexte que naît, en 1855, Eleanor Marx, surnommée Tussy. Passionnée de littérature et de théâtre, elle tient à son indépendance financière. Ainsi, elle travaille brièvement comme enseignante avant de publier des articles dans la presse et d’effectuer des tâches de dactylo. Mais la politique l’emporte… Elle devient rapidement secrétaire de son père, théoricien du socialisme et du communisme. Elle défend et diffuse sa pensée dans ce Londres, capitale européenne du capitalisme industriel exploitant une classe ouvrière exponentielle. Eleanor Marx participe à la construction d’un parti prolétarien en Angleterre et à la vie de L’Internationale ouvrière. Elle intervient en public, rédige des textes, milite main dans la main avec le monde ouvrier lors de mouvements de grève. La jeune femme devient même une des figures les plus populaires du mouvement socialiste britannique, jusqu’aux Etats-Unis, où elle entreprend une tournée de conférences.

Eleanor Marx se montre particulièrement attentive aux conditions de vie et de travail des femmes. Elle est témoin de la situation des mères de famille, ouvrières ou sans travail, maltraitées et dépendantes des hommes au sein du couple et dans le labeur. Elle dénonce la prostitution, le regard moraliste de la société victorienne, le mariage comme transaction commerciale. Elle analyse la division du travail sur la base des sexes : mal payé à l’extérieur et non payé au sein du foyer pour les femmes. Fidèle à l’analyse du capitalisme de son père et à l’idée de la primauté de l’économique, elle préconise l'abolition de la société de classes pour supprimer la domination intellectuelle, financière et sexuelle. Elle s’agace d’ailleurs que les militantes féministes de son époque, qui souhaitent obtenir des droits politiques, ne remettent pas en question l’organisation sociale. Cependant, en traduisant le roman Madame Bovary du français Gustave Flaubert et la pièce de théâtre, Une Maison de poupée, du norvégien Henrik Ibsen, elle prouve que le triste sort de la femme bourgeoise l’intéresse aussi.

Mais, malgré une volonté de vivre libre, Tussy éprouve de grandes difficultés dans sa quête d’émancipation. Sa vie personnelle reflète de nombreuses contradictions et elle demeure malgré tout une femme de son époque. Malgré sa clairvoyance et sa détermination, elle subit les hommes. En effet, son père refuse de la voir se marier avec un réfugié français ayant participé à la Commune de Paris. Tussy porte toute sa vie le poids d’un père, certes aimant mais omniprésent. Elle doit s’occuper de lui lorsqu’il est vieillissant, préserver et défendre son héritage intellectuel. Et puis, elle se choisit finalement un compagnon bien peu recommandable. Edward Aveling, fumeur d’opium, dépensier, endetté et coureur, s’absente souvent et la rend malheureuse. En 1898, elle découvre qu’il s’est secrètement marié à une jeune actrice. S’il revient toujours vers elle, c’est pour qu’elle le soigne lorsqu’il est malade, lui soutirer de l’argent et être sûr d’hériter du patrimoine culturel et financier que représente l’œuvre de Karl Marx. En 14 ans, Eleanor Marx n’a jamais eu le courage de le quitter, subissant toutes ses frasques. Et, victime d’un chantage, elle commet l’irréparable.

Aujourd’hui, deux questions se posent. Eleanor Marx constitue-t-elle malgré elle une pionnière du féminisme ? Et peut-on échapper à son époque ?


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
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Gayraud de Mazars
 
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