Les enfants de la Volga - Convoi vers Samarcande I. Gouzel

Les enfants de la Volga - Convoi vers Samarcande I. Gouzel

Message par com_71 » 19 Sep 2024, 10:21

D'abord, un autre livre de l'auteur de "Zouleikha ouvre les yeux", qui romance ici "Les allemands de la Volga", en terre russe, dans les 1ères années de la révolution. (LIBRETTO)
Pour un article historique couvrant des périodes plus récentes, cf.

https://www.persee.fr/doc/homig_1142-85 ... 205_1_2897
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Les enfants de la Volga - Convoi vers Samarcande I. Gouzel

Message par com_71 » 02 Oct 2024, 08:12

Ensuite, "Convoi vers Samarcande". Qui parmi les lecteurs ici arrive à réaliser ce que signifie la famine... ? Famine poussant des humains aux confins du cannibalisme, voire de l''auto-cannibalisme - des enfants mangent littéralement leurs doigts.
4e de couverture, dans l'air du temps a écrit :Dans les années 1920, en URSS, la famine fait rage dans la région de la Volga. Le gouvernement soviétique met sur pied des convois d’évacuation pour sauver les enfants. C’est l’un de ces trains que l’officier de l’Armée rouge Deïev prend en charge, avec à son bord cinq cents enfants, qu’il doit acheminer de Kazan, la capitale du Tatarstan, jusqu’à Samarcande. Pour atteindre le Turkestan, terre d’abondance épargnée par la famine, il faut faire un long voyage de milliers de kilomètres à travers les forêts de la Volga, les steppes de l’Oural, puis les déserts d’Asie centrale.
Au cours de ce périple, Deïev et ses passagers rencontrent des femmes et des hommes qui les aident et les nourrissent – héros du quotidien, bandits ou fonctionnaires au double visage. Avec la commissaire Blanche et l’infirmier Boug, il tente de protéger les enfants de la faim, de la soif, de la peur et du choléra. Deïev devra faire face aux fantômes de son passé, aux crimes commis au nom du pouvoir soviétique, et à la cruauté de son pays, pour lequel la vie humaine a si peu de valeur. Par son courage et sa bonté, cet homme sauve des centaines de vies ; en s’élevant contre les crimes de l’État soviétique, il montre un chemin possible vers la rédemption.

L'auteure n'est pas communiste, mais cette présentation est mensongère. Comme dans "Zouleikha ouvre les yeux", ce n'est pas le "pouvoir soviétique" qui est dénoncé, mais l'extrême brutalité, inhumanité, de la période. Deïev et ses camarades ne s'élèvent pas contre "les crimes de l’État soviétique". Ils agissent, pour la plupart, au nom du pouvoir, dans un dénuement total de moyens, pour essayer de sauver quelques vies. Et pour cela, il est nécessaire que les quelques bribes d'aliments disponibles ne soient pas livrées au pillage, même s'il faut sortir son revolver...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Les enfants de la Volga - Convoi vers Samarcande I. Gouz

Message par com_71 » 02 Oct 2024, 08:21

Lien - valable un mois - vers les 3 ouvrages, en .epub
https://transfert.free.fr/77rhWW6
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Les enfants de la Volga - Convoi vers Samarcande I. Gouz

Message par Zorglub » 02 Oct 2024, 10:23

Merci com.
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Re: Les enfants de la Volga - Convoi vers Samarcande I. Gouz

Message par Zorglub » 01 Nov 2025, 21:02

Magnifique, Zouleikha ouvre les yeux, une écriture de scénario, mais avec une certaine poésie.

La vie misérable à tous points de vue d'une petite femme dans un village tatar va être bouleversée par la dékoulakisation. Percluse de soumission, à son mari, à sa belle-mère aussi débile qu'haineuse, de superstition, de religion (musulmane ici), le bouleversement va être total, dépaysement et conception du monde, dans des conditions terribles, même pour elle.

De soldat engagé dans l'Armée rouge en 1918, l'autre protagoniste sera un salopard officier du GPU, qui, avec les épreuves et les purges, s'humanisera un tant soit peu.

On voit donc son évolution; l'évolution du pays, que le parasitisme et la brutalité staliniennes n'empêche qu'en partie le développement des acquis de la révolution, et, en parallèle, l'évolution de Zouleikha. Elle ouvre les yeux, à la fois spectatrice, mais aussi actrice, parce qu'elle verra enfin le monde, et sans voile religieux. C'est la justesse et la force de l'autrice montrer une émancipation dans un camp de travail stalinien. Avec la force de l'héroïne, la vie se fraie un chemin.

On s'attache à Zouleikha.

C'est ce que reprocheront certains, la relation malsaine, « immorale », entre bourreaux et victimes. Ils se montrent surtout incapables d'une vision non-binaire, a fortiori quand il s'agit de l'émancipation d'une femme.

D'autres ont critiqué une édulcoration des conditions des camps, incapables, là encore, de voir quand la dureté de la vie n'est pas explicitement décrite, elle reste en arrière-plan. L'anti-communisme n'est pas loin, au contraire du livre.

Comme l'a évoqué com, il y a une postface d'un certains Georges Nivat, grand spécialiste de la littérature russe, qui est intéressante, notamment pour son anti-communisme déformant l'histoire.

La préface, de Loudmila Oulitskaïa, écrivaine contemporaine, à ne pas confondre avec l'autrice de Le sablier, Ekaterina Olitskaïa, que j'ai évoquée ici. La préfacière salue l'arrivée d'une écrivaine russe de langue non russe, à l'image de Tchinguiz Aïtmatov qu'elle cite, l'auteur de Le premier maître, auteur kirghize.

Un grand roman hautement recommandable. Je comprends la mise à dispo de com et j'ai ouï-dire confirmant qu'il en était de même pour les deux autres.

Elle sentira que la douleur qui a inondé le monde n’est pas partie, mais qu’elle lui a accordé un peu de répit.
Zorglub
 
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