Zorglub a écrit :Le premier tome ne s'annonçait pas comme tel dans son titre. Si certains l'ont lu, est-ce chronologique et le premier tome ne va pas jusqu'à 1933 ?
Christiane Hauchère a milité toute sa vie. Révoltée dès le plus jeune âge, elle a rencontré les idées communistes révolutionnaires et les camarades trotskystes au lycée en 1967. Elle a commencé à travailler aussitôt après aux Chèques Postaux, qui ne s’appelaient pas encore la Banque postale, où elle a contribué à la naissance du groupe Lutte Ouvrière. Mutée à Orléans, elle a contribué à créer et à animer le groupe militant de la ville. Elle n’a jamais cessé de défendre ses idées en toutes circonstances : dans son entreprise, à travers toutes les grèves, les mobilisations, le syndicat, dans son quartier de la Source, dans les différentes élections.
Son témoignage est celui d’une époque, celle des années 1970, des revendications ouvrières, des relations avec les militants du PCF et de la CGT, des luttes des femmes – les Chèques Postaux étaient une entreprise presque exclusivement féminine –, et celle de l’évolution des conditions de travail et de l’impact de l’informatisation. Bref, une vie de militante.
LDC mai 2024 a écrit : La route de la liberté de Howard Fast et la Reconstruction aux États-Unis
Les éditions Les bons caractères rééditent La route de la liberté, que nous conseillons à nos lecteurs.
Lorsqu’en 1944 l’auteur américain Howard Fast (1914-2003), alors membre d’un Parti communiste stalinien et soutien de la présidence de Roosevelt, publie ce roman, le mouvement de libération des Noirs est en train de s’élargir aux États-Unis. Sa lecture permet à un large public aspirant à la fin de la ségrégation raciale – pas seulement des Noirs – de se familiariser avec une étape cruciale de l’histoire de l’oppression aux États-Unis : la période de la Reconstruction, qui suit immédiatement la guerre de Sécession (1861-1865) et dure jusqu’en 1877.
La guerre s’est soldée par la défaite complète des États et des armées instruments des grands propriétaires du Sud et l’émancipation de leurs quatre millions d’esclaves noirs. À Washington, le pouvoir est aux mains du Parti républicain, qui s’est constitué pour que l’aristocratie des planteurs du Sud ne puisse plus entraver ni le contrôle de l’État fédéral par la bourgeoisie industrielle ni le développement capitaliste rapide. L’armée fédérale occupe le Sud. De plus ou moins bonne grâce, les généraux permettent aux hommes noirs de jouer un rôle politique dans la reconstitution des pouvoirs locaux, dans la reconstruction du Sud, laissant entrevoir la naissance d’une société moins inégalitaire.
Comment se fait-il alors que, à l’issue de cette période, les Noirs se retrouvent écartés de la vie publique, désarmés, vivant dans la terreur des bandes racistes du Ku Klux Klan naissant, et largement cantonnés à un statut de métayers ne possédant pas la terre qu’ils cultivent, une condition sociale à peine meilleure que leur statut d’esclave précédent ? Comment se fait-il que les États du Sud oppriment à nouveau brutalement la population noire, oppression qui se généralise au-delà du Sud et au sein de l’État fédéral ?
Howard Fast, au travers du personnage de Gideon Jackson, nous donne des clés pour comprendre cette période, les espoirs et les déceptions des Noirs pauvres de Caroline du Sud. Le roman débute en 1867 le jour où Jackson, qui a combattu dans les armées du Nord, vote, son fusil à la main, pour la première fois de sa vie, aux côtés de ses compagnons de la plantation où ils ont été esclaves avant que leur maître ne s’enfuie.
Avec l’espoir d’offrir une nouvelle vie aux siens qui l’élisent comme délégué, Jackson fait son apprentissage politique dans la capitale de Caroline du Sud où se joue en partie leur avenir. Il va apprendre à lire, se cultiver, pour affronter ce monde tandis que les anciens esclavagistes complotent pour reprendre le pouvoir. Il va proposer aux Blancs pauvres de s’allier aux Noirs pauvres contre les riches propriétaires qui monopolisent les meilleures terres.
Le roman d’Howard Fast met le doigt sur le lien entre le pouvoir politique, qui a été un temps à la portée des Noirs, et le pouvoir économique qui leur échappe totalement. La possession de la terre, principale richesse dans le Sud, est la pierre d’angle du pouvoir. Or l’État fédéral, tout en permettant aux Noirs de voter, leur refuse de partager à leur bénéfice les propriétés terriennes des anciens esclavagistes. Si la guerre de Sécession avait bien un caractère révolutionnaire, c’était au bout du compte une révolution antiesclavagiste maîtrisée d’en haut par un État représentant la bourgeoisie et ne poussant pas la remise en cause de la propriété privée des moyens de production au-delà de l’émancipation des esclaves.
Lors de sa publication en 1944, La route de la liberté offrait un tout autre regard sur l’époque de la Reconstruction que les discours officiels, les manuels scolaires ou les films d’Hollywood. Pour entraver le plus possible la contestation grandissante de la ségrégation raciale, l’idéologie officielle présentait alors la Reconstruction comme une période d’excès, pendant laquelle l’utopie de l’égalité raciale des républicains radicaux de Washington avait permis à des Noirs illettrés, vagabonds avides de vengeance ou simples d’esprit, d’être propulsés sur le devant de la scène politique, pour servir de couverture à des escrocs corrompus venus du Nord pour piller le Sud (les carpetbaggers). Les Blancs du Sud qui avaient tendu la main aux Noirs étaient désignés par le terme méprisant de scalawag, équivalent de traître. Mais heureusement, disait le discours dominant, des citoyens vertueux s’étaient dressés pour mettre fin à cette folie, en commettant certes quelques excès, emportés par le port de la cagoule blanche du Ku Klux Klan, présentés comme cherchant à sauver leurs femmes blanches de violeurs noirs imaginaires. Heureusement encore, ce désordre venant de Washington avait cessé, permettant la réconciliation des Blancs du Nord avec ceux du Sud, mettant fin au malentendu à l’origine de cette affreuse guerre qui n’aurait jamais dû éclater, et le retour des Noirs à leur place, inférieure bien sûr, à coups de lynchages. Cette propagande était servie au peuple américain : le film raciste Naissance d’une nation (D.W. Griffith, 1915), projeté à la Maison-Blanche, en est un exemple.
Ce roman, dynamitant les mensonges du pouvoir sur la Reconstruction, fut alors lu par des millions d’Américains. Traduit en plus de 80 langues, il connut un large succès, notamment auprès des peuples colonisés, pour lesquels la lutte des Noirs américains faisait écho à leur propre combat pour la libération nationale.
4 mai 2024
La Ligue des communistes, pour laquelle Marx et Engels écrivirent le Manifeste du parti communiste fin 1847, regroupait des ouvriers et des intellectuels révolutionnaires allemands. La Ligue inscrivait son action dans le cadre de l’internationalisme, comme le Manifeste le souligne dans le vibrant « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » qui le conclut. La répression des révolutions de 1848 dispersa ses militants et ses idées dans toute l’Europe, dans les organisations ouvrières et socialisantes qui s’y multipliaient. Une fois digéré l’échec des révolutions de 1848, nombre de ses militants créèrent en 1864, l’Association internationale des travailleurs, la Première Internationale.
Arrivé comme journaliste en Russie en 1917, trois mois après le renversement du tsar, Albert Rhys Williams y séjourne quatorze mois. Attiré par la révolution « comme par un aimant », il prend fait et cause pour elle. Il raconte avec enthousiasme ce qu’il voit : l'activité des soviets d’ouvriers, de soldats et de paysans, les manifestations contre la guerre, la prise du pouvoir par la classe ouvrière dont il a pu observer la transformation. « Pour la première fois, écrit-il, les esclaves et les exploités choisissent sciemment le temps de leur délivrance, proclament l’insurrection et s’emparent du gouvernement d’un sixième du monde. »
Il décrit avec admiration les écoles, les bibliothèques et les maternités qui jaillissent de toute part, les affiches sur L’hygiène, l'art ou la science, qui couvrent les murs. À lire son récit, on mesure pleinement la puissance émancipatrice que représenta la première révolution ouvrière victorieuse et l'espoir qu'elle suscita dans le monde entier : devant lui, devant nous, un monde nouveau émerge.
Arrêté à Vladivostok par les troupes occidentales débarquées aux côtés des armées blanches pour tenter de renverser le nouveau pouvoir soviétique, il est libéré, puis regagne les États-Unis.
Changer la vie ? Changer les hommes ? Après la révolution ouvrière de 1917, les bolcheviks se posaient ces questions de façon concrète et urgente. Comment, dans ce pays arriéré à peine sorti du servage, aider des dizaines de millions d’ouvriers et de paysans à vivre mieux et autrement ? Comment faire pour que la femme échappe à des siècles de servitude domestique et sociale ? S’appuyant sur les échecs et les succès de multiples expériences en cours à la ville et à la campagne, Trotsky, qui dirigeait alors l’URSS avec Lénine, examine dans ces textes (1923-1927) ce qui pourrait transformer le mode de vie quotidien tout en ouvrant la voie vers la société de l’avenir, le socialisme.
Ajout de textes de Léon Trotsky jamais traduits en français
En annexe : La Révolution dans les mœurs de Victor Serge
Introduction, notes et traduction de Pierre Laffitte
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