Petite histoire à propos de feu François de Massot :
D'abord une citation de l'article de G. Kaldy dans Voix Ouvrière, en compte-rendu de la conférence d'avril 1966 du C.I. (Healy-Lambert)
Dans cette conférence où la longueur des discours ne cachait guère le vide des propos, nous passions pour des trouble-fête quand nous tentions d'entamer la discussion des problèmes réels. En réalité, il n'y eut pas de discussion. Tout comme l’Internationale en 1943, son débris d’aujourd’hui a refusé la discussion. Et d’une manière qui, elle aussi, était bien caractéristique.
Notre intervention, à défaut de convaincre, a eu au moins l’avantage de faire comprendre au C.I. leur propre texte préparatoire. Ils ont compris ce que nous espérions qu’ils avaient compris : à savoir qu’affirmer que la IVe Internationale n’existe plus, impose l’obligation de rechercher les causes de sa faillite. Ils ont compris en un mot que ce qu’ils ont écrit, contient en germe notre critique, entraîne notre analyse.
Mais il faut croire que cette analyse, ils sont incapables de la faire. En effet, en plein milieu de la conférence, plutôt que d'entamer l’analyse, ils ont préféré revenir sur leur propre texte !
Par le biais d’un amendement à partir d’une phrase secondaire, ils ont complètement changé l'esprit de leur propre projet de résolution. Voici la phrase d’origine :
« L’opportunisme petit-bourgeois sous la forme d’une tendance révisionniste cristallisée, pénétrant toutes les sections du mouvement trotskyste, a détruit la IVe Internationale comme organisation fondée sur le Programme de Transition, et exige aujourd’hui une rupture complète avec les méthodes théoriques, politiques et organisationnelles des révisionnistes » .
L’amendement proposait de modifier cette phrase en commençant par :
« La IVe Internationale s’est défendue et a remporté une victoire sur l’opportunisme petit-bourgeois qui... etc. »
Alors que dans la rédaction originale il est dit que l’Internationale a été détruite, d'après l’amendement, cette même Internationale est bel et bien vivante et qui plus est, elle a remporté une victoire !
C’est nous qui devions leur dire que si cet amendement est voté, c’est l'ENSEMBLE du texte qui se trouve modifié, y compris la conclusion ou l’on dit que :
« La IVe Internationale fondée par Léon Trotsky n’existe plus » et y compris le titre où l’on parle de la « reconstruction de la IVe ».
II est vrai que l'un des chauds partisans de l’amendement, rédacteur du journal « La Vérité », s’est rendu compte qu’il n'est guère logique de reconstruire quelque chose qui n’a jamais été détruit, et avec un profond sens des nuances, il a, proposé de remplacer le mot « reconstruire », devenu inadéquat, par le mot, « rebâtir ».
Nous n’étions pas les seuls à perdre notre latin dans ces subtilités. C’était le cas aussi, et sans mauvais jeu de mots, du traducteur. Finalement, celui-ci, qui traduisait jusque là le mot « reconstruction » par l’anglais « rebuilding », s’en est sorti avec brio en traduisant le mot « rebâtir » cette fois par le gallicisme « reconstruction ».
Nous avions ainsi appris à une conférence qui a été convoquée à l’origine, pour discuter des tâches de la RECONSTRUCTION de l'Internationale, que cette Internationale n'a pas été détruite, et que grâce au C.I., la continuité de l’Internationale a pu être sauvegardée !
https://www.marxists.org/francais/4int/ ... _bilan.htmLe camarade, bien embarrassé, qui tenait le rôle de traducteur, était, selon toute vraisemblance, François de Massot !
Cf. aussi (en anglais), la brochure publiée par le SWP américain :
https://www.marxists.org/history/etol/d ... h-Intl.pdf(À noter l'humour dans la représentation d'un stock de briques important en première page !)