ROME (Reuters) - Trains, avions, écoles et même la Scala de Milan - tous les secteurs de la vie italienne étaient touchés vendredi par la grève générale de quatre heures décrétée pour protester contre la réforme des retraites adoptée par le gouvernement de Silvio Berlusconi.
Ce mouvement est une réédition de celui qui avait abouti, il y neuf ans, au renversement du premier gouvernement dirigé par l'actuel président du Conseil.
Une centaine de manifestations étaient prévues pour paralyser la vie dans les agglomérations de l'ensemble de la Péninsule, et les voyageurs ont été comme prévu en première ligne, de nombreux trains ayant été supprimés dès le début de la matinée.
La compagnie nationale Alitalia a, elle-aussi, dû annuler plus de 150 vols prévus dans l'après-midi.
Les hôpitaux ont prévenu que seuls les services d'urgence seraient assurés tandis que les petits Italiens ont anticipé le week-end en restant chez eux tout la journée faute de professeurs dans les écoles.
Au désespoir des fans d'opéra, la Scala de Milan a annulé sa représentation de la soirée.
Les trois principaux syndicats avaient appelé leurs onze millions d'adhérents - salariés de l'Education nationale, des transports, de l'industrie, du tourisme ou encore du spectacle - à débrayer pendant une demi-journée.
"Une majorité de salariés italiens sont opposés (...) à cette soi-disant réforme. Bientôt, leur opposition sera visible de tous", avait lancé à la veille du mouvement Guglielmo Epifani, chef de file de la CGIL, première confédération syndicale de la Péninsule.
SIX ITALIENS SUR DIX
Silvio Berlusconi, dont le premier gouvernement avait succombé en 1994 à une précédente tentative de réforme du régime des retraites, se trouve ainsi aux prises avec sa troisième fronde sociale depuis son retour aux affaires, il y a deux ans.
L'Italie, qui occupe la présidence tournante de l'Union européenne, est entrée en récession et le moral des consommateurs, malmené par l'inflation et la progression du chômage, est au plus bas. Bruxelles a sommé Rome de se plier à l'orthodoxie communautaire en matière de déficit budgétaire.
Il y a trois semaines, à l'occasion d'une allocution télévisée, le chef du gouvernement s'était efforcé de convaincre ses concitoyens sceptiques du bien-fondé de cette réforme à ses yeux "nécessaire, juste et sage".
Le projet, adopté début octobre par l'exécutif, prévoit notamment de porter à compter de 2008 l'âge minimum de la retraite à 65 ans pour les hommes et 60 ans pour les femmes, à condition d'avoir cotisé 40 ans.
Jusqu'ici, les Italiens pouvaient mettre un terme à leur activité professionnelle dès l'âge de 57 ans, après 35 ans d'exercice.
Déterminés à faire obstacle au projet, les syndicats, qui avaient appelé en avril 2002 à une grève générale sans précédent depuis 20 ans, ont décidé de renouer avec l'action sociale de grande envergure.
A en croire un sondage publié vendredi par le quotidien de centre-gauche La Repubblica, six Italiens sur dix sont hostiles au relèvement de l'âge de la retraite.