CITATION La crise sociale en Bolivie relance le différend territorial avec le Chili
21/10/2003 - 17:38
LA PAZ, 21 oct (AFP) -
La crise sociale aigüe des derniers jours en Bolivie, dûe à l'origine à un projet d'exportation de gaz via le Chili, a ravivé le ressentiment séculaire des Boliviens à l'égard du Chili, motivé par la perte de leur façade maritime lors de la guerre du Pacifique (1879-1883).
Ce ressentiment, qui a toujours été très vif parmi les populations autochtones aymara et quechua, s'exprime aujourd'hui avec insistance sur le plan politique, tant du côté des autorités que de l'opposition bolivienne, qui revendiquent dans un même élan d'unanimité un accés aux côtes du Pacifique.
Le ministre des Affaires étrangères du nouveau président Carlos Mesa, Juan Ignacio Siles, entré en fonction lundi, a clairement indiqué que la récupération d'une partie de la façade maritime perdue lors de la guerre du Pacifique constituerait "un thème essentiel" de son action diplomatique.
"Toute future négociation sur le gaz ne devrait pas être étrangère à notre juste et légitime revendication d'un port libre et souverain sur l'océan Pacifique", a-t-il affirmé.
Le gouvernement chilien a réagi en déclarant qu'il excluait de céder la souveraineté sur l'un de ses ports à la Bolivie en échange d'une partie des fruits des exportations de gaz naturel provenant de la réserve de Tarija (sud-est de la Bolivie), la plus importante d'Amérique du sud.
Il a indiqué que le Chili était disposé à apporter toute l'aide possible à la Bolivie pour ses exportations de gaz "tant que la souveraineté du Chili sera maintenue et respectée".
La décision de l'ex-président Gonzalo Sanchez de Lozada d'exporter le gaz de Tarija vers les Etats-Unis et le Mexique, via un port chilien, a été le détonateur des manifestations massives des dernières semaines, dont la violente répression par l'armée a fait plus de 80 morts et des centaines de blessés.
Sans tenir compte du fort ressentiment des Boliviens contre le Chili, le gouvernement de Sanchez de Lozada, ayant démissionné vendredi, avait jugé le choix d'un port chilien plus favorable sur le plan technique et économique que le passage du gaz par un port péruvien.
L'un des principaux dirigeants de l'opposition bolivienne, Evo Morales, ex-candidat à la présidence pour le Mouvement Au Socialisme (MAS) et leader des producteurs de coca (matière de base de la cocaïne), a également réclamé au Chili qu'il cède certains des territoires perdus par la Bolivie.
"Si le Chili veut le gaz (bolivien), qu'il nous rende la mer tout d'abord!", a-t-il déclaré, soulignant que seul un règlement du différend territorial permettrait de normaliser les relations entre les deux pays.
Les relations diplomatiques entre le Chili et la Bolivie ont été rompues en 1978 par le régime militaire du général Hugo Banzer, excédé par le rejet systématique par Santiago des demandes réitérées de la Bolivie pour obtenir "un accés souverain à la mer", afin d'en finir avec sa situation de pays enclavé.
La polémique a été portée sur la scène internationale dimanche par le président vénézuélien Hugo Chavez qui a estimé que la Bolivie dispose d'"un droit légitime et historique" à un accés au Pacifique.
La guerre du Pacifique, provoquée par un conflit sur l'exploitation de riches gisements de guano et de salpêtre dans la région d'Antofagasta, a opposé le Chili à la Bolivie et au Pérou, unis par des traités d'assistance et de protection mutuelle.
Lors de cette guerre, le Chili s'est emparé de quelque 350 km de côtes appartenant au Pérou et à la Bolivie, privant ce pays de son accés à la mer.
La Bolivie a par la suite perdu près de 300.000 km2 lors d'un conflit armé contre le Brésil en 1903 et de la Guerre du Chaco contre le Paraguay entre 1932 et 1935.[/quote]
Il semblerait que le nouveau gouvernement s'appui sur ces revendications nationalistes pour tenter de détourner la classe ouvrière bolivienne de ses objectifs actuels.
(voir article ci-dessous.)
CITATION Les exportations de gaz, un sujet toujours aussi explosif pour le pouvoir
22/10/2003 - 17:39
LA PAZ, 22 oct (AFP) -
La question controversée des exportations de gaz, qui a entraîné la chute du président Gonzalo Sanchez de Lozada, empoisonne tout autant son successeur Carlos Mesa, confronté à une fronde de la population de la région productrice, favorable à ce projet contrairement au reste du pays.
Des milliers d'habitants de la région de Tarija (sud-est), qui concentre 85% des réserves de gaz naturel, ont manifesté mardi en faveur des exportations de gaz et ont menacé de s'engager dans une lutte pour l'autonomie régionale, s'ils n'obtiennent pas satisfaction.
L'ex-président Sanchez de Lozada a pour sa part estimé, dans une interview mardi à une radio colombienne donnée de Washington, que la polémique sur le gaz risquait d'entraîner une "désintégration" de la Bolivie.
Avec la polémique sur le gaz, "il existe un danger de désintégration nationale, de lutte fratricide de classes contre classes, d'ethnies contre ethnies, de régions contre régions", a-t-il averti.
Les habitants de Tarija exigent que le projet d'exportation de gaz de l'ex-président vers les Etats-Unis et le Mexique, via le Chili soit maintenu dans l'intérêt économique de la région de Tarija, peuplée de 400.000 personnes et située à 900 km au sud de La Paz, près de la frontière argentine.
La question des exportations de gaz via un port chilien a été le détonateur des manifestations massives des dernières semaines, dont la répression par l'armée a fait plus de 80 morts et des centaines de blessés.
Les organisations paysannes et les syndicats du reste du pays sont opposés à ce projet d'exportation parce qu'ils estiment que ses conditions financières favorisent plus les sociétés internationales impliquées que la Bolivie elle-même.
Ils réclament une renégociation des termes du contrat, plus favorables pour le pays, avec le consortium multinational comprenant l'Espagnol Repsol-YPF et le Britannique British Gas (37,5%) qui financera les investissements estimés à entre 6 et 7 milliards de dollars pour la construction du gazoduc.
Leur opposition reflète également le profond ressentiment séculaire des Boliviens à l'égard du Chili, motivé par la perte de la façade maritime du pays lors de la guerre du Pacifique (1879-1883).
Les habitants de Tarija se déclarent totalement opposés à l'organisation d'un référendum national sur les exportations de gaz, annoncé par Carlos Mesa, ayant succédé vendredi dernier à Sanchez de Lozada.
Ils ont donné un délai d'un mois au président, qui doit se rendre prochainement sur place, pour répondre à leurs revendications, et a nommé mardi un nouveau ministre des Mines et des Hydrocarbures, Alvaro Rios, chargé du dossier.
Le président du Comité civique de Tarija, Roberto Ruiz, estime que le projet d'exportation de gaz "est vital, non seulement pour la région, mais aussi pour tout le pays".
"Le port chilien n'a pas été choisi par les habitants de Tarija mais par la géographie et par les études de faisabilité technologique et économique", a-t-il ajouté, qualifiant de "campagne de désinformation" les manifestations organisées ailleurs dans le pays contre ce projet.
"Le projet se fera, nous vendrons le gaz et ce sera le levier pour sortir de la misère", a-t-il dit, qualifiant les opposants au projet d'"hypocrites" pour ignorer délibérement que du pétrole bolivien de la région de Cochabamba est exporté depuis 45 ans vers le Chili sans avoir soulevé le moindre problème.
La région de Tarija, qui compte la réserve de gaz naturel la plus importante d'Amérique du sud, attend des exportations des royalties estimées à 40 millions de dollars sur vingt ans.[/quote]
En tout cas Mesa ne renonce pas au projet de Lozada ( ou plutôt Repsol et British gaz ne renoncent pas a piller la Bolivie).
La menace régionaliste n'est qu'une ficelle de plus pour tenter de faire plier les travailleurs boliviens.
Je sais pas si les chiffres sont justes mais même si c'est 40millions de dollars par an ça ferait jamais que 100 dollars par habitant de la région/ans si ça c'est pas du vole pur et simple .