Dans un contexte marqué par la crise sanitaire et l’incurie dont le gouvernement fait preuve pour la gérer, deux échéances électorales préoccupent les politiciens, à défaut d’intéresser les électeurs. Il y a d’abord les élections régionales, toujours prévues les 13 et 20 juin 2021 au moment où nous écrivons, déjà reportées une première fois et qui pourraient l’être de nouveau si l’épidémie n’est pas maîtrisée. Il y a surtout l’élection présidentielle, dans un an exactement, et pour laquelle les candidats, les partis et leurs dirigeants sont déjà en campagne.
Les élections régionales préoccupent d’abord les milliers de notables en concurrence pour gérer des conseils régionaux aux budgets conséquents, des centaines de millions d’euros à distribuer sous une forme ou sous une autre aux capitalistes implantés dans leur région. Dernières élections avant la présidentielle, ces élections sont une étape cruciale pour les partis et leurs chefs. Elles peuvent leur permettre de mesurer le rapport de force entre eux, de vérifier lesquels pourront capter la colère ou les déceptions engendrées par le quinquennat de Macron. Plusieurs présidents de région sortants lorgnent l’Élysée, dont les LR ou ex-LR Pécresse, Bertrand et Wauquiez. Ils espèrent transformer ces élections régionales en rampe de lancement pour leur campagne.
Mais, du côté des électeurs, la pandémie et surtout l’incertitude du lendemain accroissent le désintérêt pour les élections qui augmente au fil des scrutins, comme en attestent les chiffres de l’abstention. Selon une étude de l’Ifop, seules 13 % des personnes interrogées s’intéresseraient à ces élections pourtant programmées dans un peu plus de deux mois ! « Une campagne impossible », titrait Le Monde du 25 mars ; « Le Covid écrase tout, on ne peut pas faire campagne », déplorent les candidats interrogés, regrettant l’impossibilité actuelle d’organiser des réunions publiques. Dans ce contexte, les exécutifs sortants, presque tous de droite, disposent du poids et de la visibilité que leur confère leur poste, tandis que les partis qui disposent des plus grands réseaux militants, avec beaucoup de notables locaux, pourront se déployer davantage pour aller toucher leurs électeurs.
Quoi qu’il en soit, tout indique que le taux d’abstention va battre de nouveaux records, en particulier dans les villes et quartiers populaires où les soucis du quotidien, l’inquiétude pour l’emploi, l’avenir et la santé comptent infiniment plus que de savoir quelle équipe va gérer les transports ou les lycées pour les six prochaines années.
La crise du système démocratique bourgeois
Quatre ans après l’arrivée de Macron à l’Élysée, alors que les crises, politique, économique ou sanitaire, s’enchaînent, la scène politique française reste instable, la nouvelle alternance incertaine et la démocratie bourgeoise en crise.
L’élection présidentielle de 2017 avait vu la fin de l’alternance droite-gauche et l’apparition d’un nouveau parti, LREM, avec la perspective d’une nouvelle alternance, entre LREM et le FN (rebaptisé RN en 2018), entre Macron et Le Pen. Scrutin après scrutin, le poids électoral du RN a progressé, alors même qu’il reste écarté de toute alliance électorale par les autres partis. La possibilité et les conditions de son accession à la tête d’un exécutif régional, et surtout à la tête de l’appareil d’État, hantent tous les politiciens et sont l’un des enjeux des élections en vue. Un sondage Louis Harris, créditant Marine Le Pen de 48 % des voix au deuxième tour de la présidentielle face à Macron (elle avait obtenu 33,9 % en 2017), a donné du poids à cette hypothèse.
En 2017, Macron s’était propulsé sur les ruines du PS après la présidence Hollande, siphonnant une partie de ses électeurs et de ses cadres et réussissant à l’affaiblir durablement. Il avait profité des déboires judiciaires de Fillon et des déchirements internes à la droite pour l’emporter. Dans le but de finir le travail de sape à sa droite, Macron a recruté chez LR ses deux Premiers ministres successifs et plusieurs autres ministres de poids, dont Bruno Le Maire à l’Économie et Gérald Darmanin à l’Intérieur. Et sur tous les sujets il mène la politique de la droite. Les élections européennes de juin 2019 ont confirmé l’affaiblissement de LR, ce parti passant de 21 % en 2014 (sous l’étiquette UMP) à 8,5 % en 2019.
Pour autant, les difficultés de Macron au pouvoir, le rejet de sa politique exprimé notamment par la crise des gilets jaunes, l’ont empêché d’écarter durablement LR en siphonnant une majorité de ses cadres et de ses notables. Les élections municipales ont montré que LR avait conservé des notables bien implantés dans de multiples villes petites ou moyennes. Tiraillés entre ceux qui envisagent de rallier Macron dès le premier tour de la présidentielle, comme Estrosi le maire de Nice, et ceux pour qui un tel choix serait un « suicide politique », selon les mots de Bellamy, eurodéputé LR, les ténors de la droite cherchent les moyens de revenir au pouvoir. C’est un enjeu crucial des élections régionales pour les notables de ce parti, écartés depuis 2012 et la défaite de Sarkozy, des salons dorés des ministères et surtout du pouvoir central de l’État bourgeois.
Quant à LREM, qui n’a ni implantation locale ni militants susceptibles de mener une campagne de terrain, et qui doit en outre porter le bilan de la politique de Macron, les élections régionales ne peuvent être pour lui qu’un sale moment à dépasser au plus vite pour se consacrer à la campagne présidentielle.
L’autre force politique qui tente de prospérer sur les décombres de la gauche, la droitisation de Macron, la déception engendrée par ses revirements sur le terrain de l’écologie et surtout sur l’inquiétude légitime engendrée par les menaces climatiques ou les catastrophes industrielles ou environnementales à répétition, est Europe écologie – Les Verts (EELV). Tout aussi arrivistes, cyniques et manœuvriers que les autres politiciens, leurs porte-paroles cherchent à profiter de leur bon résultat aux dernières européennes (13,5 % pour EELV et 17,4 % si on ajoute les diverses listes se plaçant sur le terrain de l’écologie) pour s’imposer. Cela conduit EELV à revendiquer partout la tête de liste aux régionales comme préalable à une alliance avec les partis de gauche. Ils l’ont obtenue dans les Hauts-de-France, où les partis de gauche s’étaient suicidés en 2015 en appelant à voter Xavier Bertrand sous prétexte d’écarter Marine Le Pen. Mais, presque partout ailleurs, ils se heurtent aux ambitions tout aussi aiguisées des personnalités du PS, de LFI ou du PCF. Cette rivalité entre EELV, PS, LFI, PCF s’exprime aussi à travers les annonces de candidature pour la présidentielle de Jadot, Mélenchon, Roussel, les ténors du PS attendant visiblement les élections régionales pour se positionner.
Si diverses personnalités de gauche déplorent ces divisions, qualifiées de suicidaires ou d’irresponsables, et appellent à l’unité, que ce soit pour les régionales ou la présidentielle, les travailleurs n’ont pas à s’en lamenter… pas plus qu’à s’en réjouir. Quelles que soient les combinaisons qui sortiront, région par région, de leurs tractations politiciennes, aucun de ces partis ne représente de près ou de loin leurs intérêts. Ils ont tous gouverné ensemble, à de multiples reprises. À ce titre, ils sont directement responsables de la démoralisation et de l’écœurement des classes populaires. En distillant le poison du protectionnisme et de l’intérêt national, en remplaçant les valeurs de la lutte de classe par celles de la République, ils ont fait perdre toute boussole et toute conscience de classe aux travailleurs, ouvrant un boulevard à l’extrême droite et aux divers communautarismes.
Pour Macron, une fuite en avant réactionnaire
Depuis son arrivée au pouvoir, Macron a voulu faire du RN son principal opposant. « Vous n’avez qu’un opposant sur le terrain : c’est le Rassemblement national. Il faut confirmer cette opposition », avait lancé Macron aux parlementaires LREM en septembre 2019. C’était une façon de conforter la nouvelle alternance et de chercher à refaire le duo du deuxième tour de 2017 qui lui avait permis de l’emporter avec une grande marge. N’espérant pas gagner les voix ouvrières, estimant que l’épouvantail du RN lui permet de considérer comme acquises les voix des électeurs modérés de la petite bourgeoisie, ceux attachés à l’Union européenne, au libéralisme économique et à la mondialisation, il s’est attelé à gagner des électeurs à la droite de la droite, en faisant de la surenchère sur le terrain de la sécurité et de l’immigration.
Lois sécuritaires, loi sur le « séparatisme », campagne contre l’islamo-gauchisme, polémique sur le prétendu racisme antiblancs de l’Unef : tous les thèmes chers au RN ont été repris par Macron et ses ministres. Les attentats, dont l’assassinat de Samuel Paty à proximité du collège où il enseignait, ont été utilisés pour stigmatiser les musulmans en général et pour justifier le vote d’une nouvelle loi. Fidèle à son rôle de premier flic de France, Darmanin n’a raté aucune occasion pour dénoncer « l’ensauvagement de la société » et pour flatter les policiers, même quand ils étaient pris en flagrant délit de bavure, comme ceux qui ont passé à tabac à Paris le producteur noir Michel Zecler en novembre dernier. La loi sur la sécurité globale était d’abord destinée à empêcher la presse et la population de filmer et rendre publics les agissements de la police. Quant à Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, ou Frédérique Vidal, sa collègue à l’enseignement supérieur, ils sont partis en guerre contre les intellectuels, les chercheurs ou les syndicalistes étudiants qui dénoncent le racisme et les discriminations de toutes sortes. En les accusant d’islamo-gauchisme, une formule forgée de toutes pièces, ils les accusent de complaisance avec les terroristes. Blanquer et Le Pen ont eu presque les mêmes mots pour dénoncer Mélanie Luce, présidente de l’Unef, ou la socialiste Audrey Pulvar, expliquant pourquoi elles comprenaient que des personnes s’estimant victimes de discriminations racistes puissent organiser des réunions dites en non-mixité raciale, c’est-à-dire sans Blancs. Blanquer a parlé de « dérives fascistes » et Le Pen a dénoncé « l’escalade raciste de la part d’une partie de l’extrême gauche ». L’un et l’autre ont demandé, sans rire, que les deux femmes soient poursuivies « pour incitation à la haine raciale ».
Lors du débat du 11 février sur France 2, entre Darmanin et Le Pen, autour de la loi « séparatisme », la convergence entre le RN et les macronistes était frappante. Ce soir-là, Darmanin a même pu lancer à Le Pen qu’elle dénonçait l’islam avec trop de mollesse !
Le recentrage du RN
Il faut dire que, pendant que Macron droitise son langage pour draguer les électeurs du RN, Marine le Pen, elle, multiplie les gestes et les annonces pour recentrer le programme de son parti et le rendre acceptable à une large fraction de la petite bourgeoisie possédante. Sa posture de parti antisystème étant reconnue, les voix d’une fraction importante des classes populaires écœurées par les trahisons de la gauche et sa servilité devant le grand patronat lui semblant acquises, elle vise désormais les électeurs plus modérés de la droite traditionnelle, les cadres supérieurs et les professions libérales.
Comme l’a formulé Philippe Olivier, beau-frère de Marine Le Pen et l’un des artisans de ce recentrage du RN : « Après la dédiabolisation, la présidentialisation ». Ce recentrage prend de multiples formes. À plusieurs reprises ces dernières semaines, Marine Le Pen a déclaré qu’elle était pour le remboursement de la dette, car « il faut éviter la perte de confiance dans la parole de la France » et « éviter une augmentation des taux d’intérêt »[1]. Reprenant l’adage (mensonger !) selon lequel « Qui paie ses dettes s’enrichit », elle cherche à rassurer la petite bourgeoisie, en particulier les retraités disposant d’une épargne et inquiets du risque d’inflation ou d’une instabilité monétaire. Elle veut leur prouver qu’elle gouvernera sagement sur le terrain économique.
Dans la même veine, elle a changé son fusil d’épaule à propos de l’Europe et de l’euro. Finie la sortie de l’euro que le RN promouvait encore en 2017. Comme le formule Jordan Bardella : « Nous avons effectué un certain nombre d’évolutions. En 2017, il s’agissait de manière franche, assumée, nette, de rompre avec l’Union européenne, de rompre avec l’euro. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. »[2] Même l’espace Schengen et la libre circulation en Europe ne seraient pas remis en cause si le RN accédait au pouvoir. Bardella veut simplement la limiter « aux nationaux des pays de l’Union européenne ». La libre circulation étant déjà largement virtuelle, suspendue unilatéralement dès qu’un pays décrète un état d’urgence pour cause de terrorisme ou de pandémie, les contrôles étant redevenus quasi systématiques, sinon aux frontières, du moins aux péages autoroutiers voisins, ce genre de déclaration n’engage même pas le RN.
Aux régionales, le RN a investi plusieurs têtes de liste qui ne sont pas adhérents. Des notables de droite, Thierry Mariani en région PACA, Jean-Paul Garraud en Occitanie, Hervé Juvin en Pays de la Loire, susceptibles d’entraîner des électeurs de LR, ont été souvent préférés à des jeunes cadres apparaissant trop marqués à l’extrême droite, comme Julien Sanchez, maire de Beaucaire. Des porte-parole médiatisés du RN seront également têtes de liste : Jordan Bardella, Sébastien Chenu ou Julien Odoul. Habitués des plateaux télés des chaînes d’infos en continu, ces représentants du RN y apparaissent souvent comme des modérés à côté de journalistes du style Éric Zemmour, Pascal Praud ou Élisabeth Lévy ! De la même façon, à côté de Trump qui vient de diriger les États-Unis pendant quatre ans, Marine Le Pen apparaît elle aussi très modérée.
Il serait oiseux de discuter pour savoir si ce recentrage n’est qu’une tactique démagogique, s’il sera durable et survivra à une éventuelle arrivée au pouvoir du RN. Tous les politiciens bourgeois sont des démagogues, sur un terrain ou sur un autre, pour appâter les électeurs et accéder à la mangeoire. Au pouvoir, ils mènent la politique exigée par la bourgeoisie. Ce serait le cas du RN comme cela l’a été du PS. Quant à la xénophobie et au racisme, il y a belle lurette qu’ils ne sont plus l’apanage du RN, toute la politique actuelle de Macron le prouve. Que cette démagogie réactionnaire soit portée au jour le jour par Le Pen, Darmanin, Blanquer ou Macron, elle fait déjà des dégâts. Sans que le RN soit au pouvoir, une fraction de la police se sent autorisée à tabasser des migrants, des Noirs et des Arabes ; des groupes d’extrême droite identitaire traquent les migrants dans les Alpes et attaquent des locaux ou des librairies militantes. Leur dissolution administrative ne change rien ni à leur progression ni à leurs capacités de nuisance, comme la dernière action de Génération identitaire l’a montré à Lyon.
Le recentrage du RN n’a pas que des partisans à l’intérieur de ce parti. Des cadres hostiles à cette évolution l’ont d’ailleurs quitté, à commencer par Marion Maréchal ou Florian Philippot, parti dès septembre 2017 et qui dénonce aujourd’hui « la soumission du RN sur tous les sujets : ils sont maintenant pour rester dans l’UE, dans l’euro, dans l’Otan ». Ces deux-là, et bien d’autres, aujourd’hui inconnus, misent sur une voie plus droitière et se préparent à rassembler les futurs déçus du lepénisme. Une victoire du RN en 2022 renforcerait leur mouvance et leur donnerait un nouvel espace politique. Mais c’est avant tout l’évolution de la situation sociale et économique, et les réactions qu’elle provoquera parmi les exploités, qui seront déterminantes pour enrayer cette évolution inquiétante.
Pas d’issue électoraliste pour les travailleurs dans ce marigot nauséabond
Face aux positions de plus en plus réactionnaires prises par Macron, et surtout devant le discrédit profond de celui-ci parmi les classes populaires, Mélenchon a déjà annoncé qu’il ne donnera aucune consigne de vote en cas de duel Macron-Le Pen en 2022. Certains s’émeuvent de la fin de ce front dit républicain pour « faire barrage à l’extrême droite ». Mais on a vu comment, depuis vingt ans, de front républicain en barrage à l’extrême droite, les idées défendues jadis par Jean-Marie Le Pen sont reprises aujourd’hui tous les jours par un large spectre des dirigeants politiques, jusqu’au sommet du pouvoir. Cette ficelle est aujourd’hui si usée qu’elle en devient contre-productive et qu’un Jean-Luc Mélenchon y renonce pour ne pas se fâcher avec ses électeurs.
Pour notre part, en particulier depuis 2002 et la dramatisation volontaire par la gauche de la présence au deuxième tour de Jean-Marie Le Pen, présence davantage due à l’effondrement de cette gauche alors au pouvoir qu’à la progression du FN, nous avons toujours refusé d’appeler les travailleurs à voter pour leurs ennemis sous prétexte de faire barrage à d’autres ennemis. Comme Nathalie Arthaud le formulait en 2017, au soir du premier tour : « Nous ne participerons à aucun front républicain réunissant des politiciens de la droite extrême filloniste avec le PS. […] L’essentiel est de prendre conscience que, quel que soit le résultat du vote, les exploités, les retraités, les chômeurs auront un ennemi à l’Élysée. Ils ne pourront se défendre face au grand patronat qui, avec l’aide du gouvernement, s’en prendra de plus en plus violemment à leurs conditions d’existence, qu’en se retrouvant ensemble, demain, dans l’explosion sociale que la rapacité patronale finira par susciter. »
En décembre 2015, après le premier tour des élections régionales où le FN avait obtenu 6 millions de voix et était arrivé en tête dans six régions sur treize, où la gauche se retirait carrément du deuxième tour dans plusieurs régions sous prétexte de « faire barrage au FN », nous écrivions : « Gauche gouvernementale, droite ou extrême droite, elles sont toutes prêtes à s’en prendre aux immigrés, aux associations, aux libertés publiques. Celles d’entre elles qui ont une parcelle de pouvoir le font déjà. Ce n’est pas aux travailleurs conscients de choisir laquelle des cliques bourgeoises prendra les mesures contre les classes populaires. »
Les travailleurs ne doivent ni arbitrer entre les partis qui rivalisent entre eux pour accéder à la direction des affaires de la bourgeoisie, ni se désintéresser de cette période électorale. Ils doivent utiliser leur bulletin de vote pour faire entendre leurs intérêts vitaux et affirmer leur conviction qu’ils sont les seuls capables de diriger la société dans l’intérêt collectif. La période actuelle, marquée par la pandémie, les réponses chaotiques qu’y apportent les gouvernements, montrent que la classe des travailleurs est celle qui fait fonctionner au quotidien la société.
31 mars 2021
[1] Dépêche AFP, 23 mars 2021.
[2] Cité par Le Monde, 26 février 2021.