 par Harpo » 03 Mars 2016, 23:46
par Harpo » 03 Mars 2016, 23:46 
			
			pour information, provenance SNES (école émancipée)
Réunions intersyndicales en deux temps aujourd’hui contre le projet de 
loi El Khomri. Dans la suite de ce qu’avait décidé l’intersyndicale 
interpro du 23 février dernier, la réunion du matin avait un double 
objectif : pointer les désaccords à l’encontre du projet partagés par 
tous et faire des propositions de nouveaux droits à conquérir en la 
matière. Cette réunion était plutôt considérée comme une réunion de 
travail pour que les forces syndicales soient à la fois force de 
contestation et de propositions. Conscients que les divergences entre 
toutes les organisations étaient cependant importantes sur bien des 
points, notamment dans l’appréciation globale du projet de loi et la 
stratégie syndicale à mettre en œuvre pour la contrer, et compte tenu 
que la CGT avait déjà mis dans le paysage une date de mobilisation 
contre le projet le 31, une seconde réunion était donc programmée avec 
certaines organisations autour de la question de l’action l’après-midi.
 
Le matin, l’arc syndical était large (CFTC, CGC, FO, CGT, FSU, CFDT, 
UNSA), seule Solidaires était absent. Les organisations de jeunesse 
étaient là aussi (UNEF, UNL, FIDL et FAGE). La discussion a très vite 
montré que quelques organisations, sous la houlette de la CFDT, 
s’étaient mises d’accord avant la réunion : étant dans une logique 
d’amendement du projet, le report de l’examen du texte et le temps 
dégagé par le gouvernement pour recevoir les organisations syndicales 
leur ouvraient un boulevard pour faire valoir leurs propositions et 
tenter de modifier le texte du gouvernement sur certains aspects.
Toujours sur pression de la CFDT, la nature de la réunion a donc peu à 
peu glissé et a cherché à pointer les lignes rouges du projet, dans une 
logique d’aménagement du texte. Tous les présents ont contribué à durcir 
au moins les points que tous, en commun, contestent. Mais au final, le 
texte, par sa nature et son objet, n’était pas signable par les 
organisations syndicales qui, comme FO, Solidaires, la CGT, la FSU et 
les orgas de jeunesse UNL, FIDL et UNEF contestent la logique globale et 
la philosophie du projet et en demandent le retrait.
La CDFT n’a pas d’ailleurs cherché à faire l’unité, loin s’en faut, sur 
ce texte, mais à agréger un certain nombre d’alliés (CGC, CFTC, UNSA et 
Fage) pour sortir une déclaration commune dès la fin de la réunion.
 
La division syndicale est dès lors totalement assumée devant les médias 
très nombreux à qui les 5 signataires expliquent qu’il y a les syndicats 
qui "cherchent à faire avancer le texte" et les autres, ceux qui 
refusent tout…
 
La FSU a alerté tout au long de la matinée sur les effets dévastateurs 
de cette division, alors que le gouvernement était affaibli, que la 
mobilisation sociale était palpable. Elle a plaidé en bout de course 
pour qu’il n’y ait pas de déclaration au sortir de cette réunion et que 
chaque orga porte ses propositions lors des bilatérales de la semaine 
prochaine. Sans succès. Au final, les points de désaccords affichés par 
la déclaration des 5 avec le projet sont nombreux, profonds, et 
partagés, au delà des  signataires, par tous les présents. Les 
conclusions tirées quant aux possibilités d'infléchir réellement la 
ligne gouvernementale et quant à l'axe de la mobilisation à construire 
sont la source réelle de la division actuelle. Le travail de 
"rapprochement" entre "club des 5" et gouvernement ne va pourtant pas 
être si facile que cela car le fossé est profond pour le moment...D'où 
d'ailleurs leur appel "supplémentaire" (après la déclaration du 
matin...) à des mobilisations le samedi 12 février pour "faire pression 
sur le gouvernement" à la veille d'une grande séance avec tous les 
"partenaires sociaux"...
 
N’empêche… Un texte à 5 le matin et un appel à rassemblements le 12, et 
un autre périmètre et une autre date l’après-midi, tout cela va quand 
même nécessiter un travail d'explication auprès des salarié-es (avec une 
bonne base de départ au vu du sondage des Echos...). Mais les choses ne 
sont pas complètement jouées au vu de l'orientation hyper libérale et 
pro patronale du gouvernement qui heurte les syndicats les plus 
conciliants. Gageons que le 9 mars contribue à éclaircir les choses en 
terme de rapport de forces dans la contestation et la rue avec notamment 
une mobilisation en devenir dans la jeunesse (les premiers échos 
semblent bons...).
 
L’après-midi, la réunion a réuni la CGT, FO, Solidaires, la FSU, et les 
organisations de jeunesse UNEF, UNL et FIDL. La discussion a été 
beaucoup plus simple, tous partageant la même appréciation du projet et 
en demandant le retrait avec l’affirmation claire de la construction de 
mobilisations fortes. Le communiqué commun a rappelé la nécessité 
d’investir le 9 et de mobiliser le 31 pour une grande journée 
interprofessionnelle unitaire. Les orgas n’ont pas exclu d’autres dates 
de mobilisation entre deux, et notamment l’UNEF qui indique que les AG 
d’étudiant-es vont sans doute proposer des actions durant les deux 
semaines qui séparent les deux dates. Elle pense proposer notamment 
d’investir la date du 22 (journée d'action et de grève FP sur les 
salaires) pour rejoindre les fonctionnaires dans la rue et alimenter la 
mobilisation.
 
Deux prochaines réunions sont prévues : le 18 mars au matin avec l’arc 
syndical très large pour voir s'il est possible de dégager des pistes 
pour de nouveaux droits pour les salariés (en fait surtout pour 
apprécier le nouveau texte gouvernemental...) ; l’après-midi avec l’arc 
plus restreint autour des modalités d’action après le 9.
 
Pour conclure, la période s’annonce bien remplie sur le plan social, ce 
qui ne s’est pas vu depuis longtemps : les dates de mobilisation (le 9 
mars, encadré par le 8 pour les droits des femmes, et le 10 avec les 
retraités, le 12 contre l’EU, le 22 dans la FP, d’autres dates de luttes 
sectorielles, et le 31) vont contribuer à exprimer la colère des 
salarié-es et de la population.
La FSU est partie prenante de toutes ces dates et de toutes ces 
mobilisations, ce qui est incontestablement un atout.
La question qui va être la clef du rapport de force social et politique 
sera la capacité du mouvement social à faire reculer significativement 
le gouvernement sur la loi Travail. Les choses vont aller crescendo 
maintenant, en lien avec la prise de connaissance des nouvelles 
propositions gouvernementales. Mais le sentiment est fort d'un rejet 
global justifié. C'est un bras de fer décisif qui commence.
La modalité d’action pour le 31 n’est pas encore arrêtée pour la 
fédération qui n’a pas de mandat ferme d’appel à la grève (le communiqué 
commun reprend la formule consacrée « se mobiliser par toutes les 
formes, y compris par la grève… » qui de toute façon sera lue par la 
presse comme un appel à la grève) mais elle a signé le communiqué commun 
et s’engage dans l’action, ce qui est l’essentiel. La suite devrait 
confirmer et approfondir cet engagement, dans toutes les réunions et 
instances syndicales et notamment lors du CDFN de la mi mars.
 
Véronique