Tchéchénie et comédie électorale

Dans le monde...

Message par pelon » 06 Oct 2003, 09:17

Je cite cet article pour ouvrir une éventuelle discussion sur la Tchéchénie. Par exemple, avez-vous remarqué comme les Etats impérialistes, par exemple la France et les EU, sont remarquablement discrets sur la Tchéchénie depuis un certain temps ? Evidemment cela ne peut surprendre que ceux qui croient aux mythes des "démocraties" défendant les droits de l'homme. Demander aux pires prédateurs de la planète de s'en prendre à la barbarie, nous laisserons cela aux BHL, Kouchner et Cie.

CITATION
Tchétchénie - Le pays, en guerre depuis quatre ans, a voté dimanche sous haute surveillance pour élire un président prorusse


Comédie électorale pour un fantoche

A Grozny, le coeur des électeurs est à la résignation, voire à la peur. Akhmad Kadyrov, l'homme de Moscou, est pratiquement assuré de la victoire.

REPORTAGE
BENJAMIN QUENELLE,

envoyé spécial à Grozny

Les façades défigurées. Des toits éventrés. Des immeubles vidés de leurs entrailles et de leurs habitants. Mais, au milieu de ces ruines, les photos et slogans omniprésents d'un seul homme rappellent que, ce dimanche 5 octobre, Grozny et l'ensemble de la Tchétchénie sont censés vivre une journée électorale historique.

L'abondance d'affiches et de portraits de Akhmad Kadyrov, candidat quasi unique de ce scrutin présidentiel, permet déjà d'anticiper l'ampleur de sa victoire: l'homme nommé par Moscou en l'an 2000 après le début de la seconde guerre dans la petite république du Caucase s'apprête à devenir son président élu, grâce aux manoeuvres du Kremlin pour éliminer des listes tout opposant sérieux.

Malgré les ruines. Malgré l'insécurité. Malgré la guérilla. Oui on vit dans la destruction. Mais on a quand même le droit d'avoir des élections, lance Halima, une jeune femme rencontrée dans un bureau de vote à Grozny. Dans la ville, la moitié des maisons sont encore détruites. Les contrôles dans les rues empêchent toujours la circulation. Le jour, Grozny est presque vivable. Mais la nuit, c'est différent : on ne sort pas parce qu'on n'est pas sûr de revenir vivant. Les gens disparaissent, sans laisser de traces. Au mieux, on les retrouve morts, poursuit Halima.

Des disparitions qui, à elles seules, rappellent que, malgré la « normalisation politique » voulue par le Kremlin, le cercle vicieux de la violence se poursuit en Tchétchénie.

Halima n'exclut pas que les hommes de la milice de Akhmad Kadyrov, l'une des forces pro russes sur le terrain, soient derrière ces enlèvements. Mais, paradoxalement, elle vient de voter pour lui. Parce que c'est le seul candidat capable de mettre de l'ordre dans la république. On espère qu'une fois élu, il permettra d'instaurer la paix pour toujours.

Une réponse répétée sous diverses formes par les électeurs, lors d'une tournée du bureau de vote organisée (et contrôlée...) par les autorités russes pour une quarantaine de journalistes, sous une étroite escorte militaire et policière. J'ai voté Kadyrov! parque c'est le seul digne d'être élu, affirme Skhaid, étudiant à Grozny. Parce qu'il a déjà commencé la reconstruction et qu'on peut lui faire confiance. Les écoles ont rouvert, les aides sociales sont versées aux retraités et aux familles avec enfants..., explique Issa, femme au foyer à Goudermès, la deuxième ville du pays. Parce qu'avec lui la fin de la guerre a déjà commencé, assure Soutan, conducteur à Tsentoroï. Tous affirment ne pas avoir été achetés ou avoir subi de pressions. Presque tous ignorent le nom des autres candidats, personnalités de faible poids dont les portraits, contrairement à l'omniprésence de Kadyrov, sont quasi absents le long des routes de Tchétchénie. Et la plupart semblent sincères, expliquant ne pas accorder d'importance au choix de l'homme, du moment qu'on leur donne un espoir de paix.

Aucune organisation internationale n'a accepté d'envoyer des observateurs, arguant qu'il ne s'agissait pas de vraies élections. D'aucuns au sein des ONG affirmaient avant même le scrutin que Kadyrov étant sans opposant, il n'aurait même pas besoin d'organiser des fraudes. Sur le terrain, les bureaux de votes offrent d'ailleurs toutes les apparences d'une élection normale: contrôle de passeport, listes électorales, bulletins de vote, isoloirs et urnes. Mais plusieurs détails surprennent comme la place donnée à Kadyrov et à sa biographie sur le bulletin de vote, légèrement plus grande et donc plus visible que pour les autres candidats.

Dans les bureaux de vote, les seuls observateurs sont des policiers et des soldats qui, armes en main, veillent sur le scrutin. Derrière une table, d'autres « observateurs » discutent avec les électeurs: la plupart sont des représentants de Kadyrov... Mais dans plusieurs bureaux de vote, la foule ne semble pas être au rendez-vous, laissant penser que le taux de participation est bien plus faible que les chiffres officiels. Le réel taux d'abstention serait sans doute le seul indicateur de l'opposition silencieuse à Kadyrov.

Dans les bureaux de vote, certains donnent des signes d'opposition, refusant de répondre aux questions ou affirmant avoir voté pour le « perdant ». Mais personne n'a osé dire ouvertement voter pour l'un des six autres candidats. Du haut de sa forteresse, à Tsentoroï, protégée par des hommes armés, Akhmad Kadyrov ne fait pas d'efforts pour maintenir le suspense de cette élection. Après ce vote, la Tchétchénie aura son président élu et on ne pourra plus dire que je suis la marionnette de Moscou, a insisté Kadyrov, anticipant ainsi les résultats qui, en principe, ne doivent être révélés que ce lundi. Lors d'une conférence de presse dans sa résidence, sorte d'oasis au milieu de la Tchétchénie, il a réitéré son intention de démasquer les bandits et de reconstruire le pays.

La reconstruction de Tsentoroï, avec son alignement de maisons de brique rouge, de toiles et de tôle ondulée, offre un curieux spectacle par rapport au reste de la Tchétchénie où les ruines font le paysage. La transformation de Tsentoroï en village modèle de la « normalisation » politique et économique de la nouvelle Tchétchénie réorganisée par Kadyrov et Poutine explique en grande partie la popularité de Kadyrov dans son fief. Lorsque quelques minutes avant sa conférence de presse, il est entré dans le bureau de vote de l'école de son village, entouré de deux petits-fils en costumes gris et d'une foule de gardes du corps, il avait des allures de prince saluant ses fidèles. Ici encore plus qu'ailleurs, son portrait est omniprésent: sur les murs, sur les vitrines de magasins, sur les poteaux électriques... et sur leurs tee-shirts, les enfants de Tsentoroï portent le portrait de Kadyrov avec, pour légende, « Notre président ».·
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pelon
 
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